Les "monteux d'sable" et ramasseurs de galets
Ramasseurs de galets ou monteurs de sable étaient des métiers pratiqués par les riverains du quartier Saint-Vincent. Ils fournissaient du travail à plusieurs familles jusque dans les années 1930. Pourquoi étaient-ils appelés « monteurs de sable » ? Tout simplement du fait qu’ils passaient le sable au crible et que celui-ci s’amoncelait en tas comme illustré par la photo ancienne.
Ces matières premières étaient principalement destinées au bâtiment et travaux publics et exploitées par l'entreprise Maridor avec l'accord des ponts et chaussées. Le contrôle des opérations étant assuré par un surveillant du port et par un agent de l'octroi pour ce qui concerne la redevance.
Le difficile travail du criblage du sable, ici fait sans doute par la femme d'un ramasseur de galets. Collection DAN.
Le sable était ramassé selon la marée, criblé puis stocké en dehors de la ligne de marée toujours changeante. Une goulotte était creusée autour du tas de sable afin qu'il perde son eau. Il était ensuite chargé à dos d'homme dans une hotte pouvant peser jusqu'à 100 kg.
Les galets étaient aussi ramassés à dos d’homme puis hissés sur le rivage avec des charrettes pouvant peser plusieurs tonnes, tractées parfois par huit chevaux.
Le travail non moins difficile des chevaux sur les galets. Collection DAN.
Le même point de vue aujourd'hui, avec le cap de la Hève en toile de fond. Photo DAN.
La préparation des chevaux ici boulevard Albert 1er. L'église saint Vincent découpe son clocher au fond de l'image. Collection F. Vaudour.
Le même endroit aujourd'hui. Photo DAN.
La rudesse du métier et les intempéries brisent les femmes et les hommes, les entorses, rhumatismes lumbagos et scolioses étaient fréquents dans ces professions.
Le chargement à dos d'homme, des paniers contenant les galets. Photo collection Marc Georges.
Fin de journée et de labeur pour les ramasseurs de galets, laissant leur matériel sur place. Collection DAN.
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Après la deuxième guerre mondiale, les américains prélèveront une très importante quantité de galets, concassés, afin de faire un «plancher» pour les camps cigarettes, comme le camp Philip Morris à Gonfreville l’Orcher.
Cette photo aériene de 1945-46, montre bien l'étendue du camp Philip Morris autour de Gonfreville l'Orcher et Harfleur. On imagine la quantité de galets qu'il a fallu pour tapisser le sol d'origine. Sans oublier qu'il y avait d'autres camps construits dans la région havraise et qui ont nécessité eux-aussi des galets pour leur sol.
Photo IGN tous droits réservés.
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Aujourd'hui les galets continuent leur inéluctable progression vers le musoir de la digue nord, freinée quelque peu chaque année par leur enlèvement en début de saison. Reste à savoir qui sera le plus rapide dans cette «course vers la Seine», l’homme ou les galets ?
Trois photos illustrent cette progression sur la plage le long de la digue nord - 1910 – 1970 – et aujourd’hui. Toutes sont prises du même point de vue.
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