Ces merveilleux fous voguant sur leurs drôles de machines (2-2)
Après sa vente à Caudebec en Caux, une nouvelle aventure allait commencer pour l’aéro-glisseur R-34 d’Adrien Rémy. Acheté par le capitaine Georges Dial, ce mécanicien né à Graville, n’avait pas l’ambition de traverser l’Atlantique avec cet appareil, mais simplement, si l’on peut dire, d’effectuer des traversées entre Le Havre et Trouville en été.
Il aménagea son bateau en conséquence. Pour rentabiliser son affaire, il se proposait aussi de transporter des touristes sur la côte d’Azur l’hiver.
Le Génial, ici devant le bassin Vauban, en 1935 (en médaillon G. Dial). Collection Dan.
C’est à Trouville qu’il modifiera le catamaran pour en faire un bateau plus puissant pouvant embarquer davantage de passagers. Il réaménagea la cabine en véritable salon flottant avec fauteuils « pullman ». La cuisine et les toilettes sont conservées pour le confort des passagers. C’est ainsi que le « R-34 » s’estompait peu à peu pour faire place au « Génial ».
Muni d’un moteur de 100 chevaux, « Le Génial » pouvait transporter 75 passagers à 22 nœuds de vitesse, soit un peu plus de 40 km/h.
La presse nationale s’est faite l’écho de ce nouveau moyen de transport, comme l’Intransigeant ou Paris-soir avec photo à l’appui.
Le Génial sur le terre-plein du bassin Vauban. © Gallica. Bnf.
Nulle trace de la carrière de ce bateau dans les archives aussi bien nationales que régionales. Par contre la fin de vie de ce bateau nous est contée dans une archive du calvados. C’est une lettre des ponts et chaussées du département, adressée aux autorités maritimes du port de Trouville. Ci-dessous extrait de l’archive AD14-série M/14658 que monsieur Jean Moisy (1) m’a aimablement communiqué :
RAPPORT DE L’INGENIEUR DES T.P.E. SUBDIVISIONNAIRE
Nous avions dressé le 29 juillet dernier, un procès –verbal de contravention de grande voirie, contre M. Dial, propriétaire de l’hydroglisseur « Génial » échoué en travers la Touques, en aval du pont de Trouville-Deauville.
Le 16 septembre 1941, M. le Maire de Trouville informe M. Le préfet que M. Dial est parti pour une destination inconnue et qu’il a été impossible de notifier le procès-verbal.
Les autorités allemandes ont fait enlever l’épave qui, actuellement, est en partie découpée sur les berges et le travail doit prochainement être achevé. L’entreprise qui a traité pour l’enlèvement de l’épave doit poursuivre le découpage et récupérer les matériaux.
Dans ces conditions, il semble que le procès (verbal du 29 juillet ne comporte plus aucune suite.
Trouville, le 25 octobre 1941.
Le subdivisionnaire.
(Signature)
Transmis à L. le Préfet (3° div..
Avec avis conforme, Caen, le 29 octobre 1941
L’ingénieur en chef.
Le document original © AD14-série M/14658. (Communiqué par Jean Moisy)
Le contenu de cette lettre est on ne peut plus explicite et mettait fin à l’histoire de cet engin vraiment pas comme les autres.
Merci à MM Jean Moisy (1) et Valéry Lebigot pour leur aide précieuse.
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(1) Jean Moisy est l’auteur de beaucoup d’ouvrages notamment ceux évoquant Le Havre : « La Baie de Seine » aux éditions Sutton, ou, « Les bateaux du Havre à Trouville » aux éditions « Cahiers du temps ».
Merci de votre visite.