L'Hôpital Flaubert 1
Le premier hôpital au Havre n’a laissé aucune trace, construit dans ce que l’on nommait « le quartier des barres ». Ses vestiges disparurent complètement lors de la construction de la première citadelle en 1570.
C’est en 1575 qu’est créé le second hôpital appelé « Hôtel Dieu ». Ce nouvel établissement situé à l’angle nord-est du quartier Saint-François, se charge des malades ainsi que des indigents et des mendiants.
En 1591 le gouverneur du Havre attribue aux moines capucins la propriété de l’Hôtel Dieu, avec ses dépendances et son église. C’est ainsi que l’hospice est transféré à proximité du bassin du Roi. Il y reste jusqu’en 1669 où de nouveau il est obligé d’évacuer les lieux au profit du futur Arsenal de la marine cette fois.
Plans de 1657. Le second et troisième hôpital au Havre. Le second est à gauche sur l’actuel emplacement de l’école Dauphine. Le troisième à droite proche du quai de l’Arsenal actuel. © Dan.
L’Arsenal au début du XXème siècle, sur l’emplacement du deuxième Hôtel Dieu. © Dan.
En plus de la construction de l’Arsenal, ce second déplacement de l’Hôtel Dieu avait été demandé par les havrais appuyés par les négociants et armateurs. Ceux-ci étaient convaincus que la présence de ces nécessiteux, et ivrognes, avait une influence néfaste sur leurs commerces.
A gauche le bassin du Roi en 1749, la flèche rouge indique l’Arsenal après avoir été l’emplacement de l’hôtel Dieu. A droite le même endroit de nos jours © Michel Fouquet & Dan.
A la fin du 17ème et début 18ème siècle la misère et les conditions d’hygiène au Havre sont catastrophiques. Plusieurs raisons à cela : l’entassement des habitants, l’absence de latrines, les deux cimetières. Pour enterrer un nouveau corps on ressort celui récemment inhumé. De plus de nombreux mendiants parcourent la ville aggravant cet état sanitaire. Aussi les Havrais veulent les chasser hors de la ville, à l’exemple de ce qu’avait fait le gouverneur du Havre, Georges Brancas de Villars en 1626. Il avait refoulé les « pestiférés et les lépreux » en leur offrant un logis dans un endroit isolé appelé « le pré de santé » qui n’est autre que notre actuel square Saint Roch. Une chapelle pour le service religieux complétait cet asile.
La chapelle et l'intérieur de celle-ci, dans le « pré de santé », notre actuel square Saint Roch. © Dan. & AMH 7Fi121.
Toutes ces raisons conduisent les autorités royales, municipales et religieuses à créer l’hôpital général de la charité Saint Jean Baptiste. Il regroupera tous les malades et mendiants du Havre et d’Ingouville ainsi que les lépreux du « pré de santé ».
Sa mise en chantier débute en 1669. Le « pré de santé » délaissé devient alors le cimetière Saint Roch avec sa chapelle qui ne sera démolie qu'en 1861.
L’hôpital construit sur la commune d’Ingouville en 1712. Croquis d’après un dessin de Martin Foache. Pour plus de facilité de lecture, les noms de rues sont ceux actuellement utilisés. © Dan.
Au 19ème siècle ce n’est plus le seul établissement à traiter les malades ou héberger les vieillards.
Raconter l’histoire complète de l’hygiène et des soins au Havre est impossible ici même. La ville se dotera au cours des années de bien d’autres établissements hospitaliers, privés ou publics, tels les dispensaires, les hospices, ou les cliniques.
L’hôpital Général désigné par la flèche rouge en 1858. Vue prise depuis l’ancien Hôtel de Ville. © Grégory Saillard.
L’hôpital public lui-même sera partagé en trois secteurs distincts avec la maternité (1884) l’hôpital Pasteur avec la psychiatrie (1885), et plus récemment l’hôpital Jacques Monod (1987).
Havrais-Dire va s’attacher à raconter par l’image quelques transformations que l’hôpital Flaubert, cette « ville dans la ville » a connu aux cours des années. L’enceinte de l’hôpital comprenait beaucoup de bâtiments ayant chacun une fonction bien précise.
1947-2019. L’hôpital Flaubert à 72 ans d’intervalles. © IGN & Google Earth .
La semaine prochaine nous entrerons dans le périmètre de l’hôpital.
Sources :
Georges Priem Recueil S.H.E.D. 1969.
Philippe Manneville : Quatre siècles de vie Hospitalière au Havre.
Jean Legoy : Le peuple du Havre et son histoire des origines à 1800.
Crédits photos et cartes :
Michel Fouquet.
Grégory Saillard.
Archives Municipales du Havre.
Google Earth.
I.G.N.
Quand un prêtre donne sa bénédiction, le diable n'est pas bien loin...(Julien Green)
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