L'Arsenal du Havre (2)
Le magasin général appelé plus couramment « Arsenal » connaît d’importants travaux de restauration de 1776 à 1780. C’est pendant leurs accomplissements qu’une nouvelle façade est édifiée. L’architecte qui la conçoit a également fait constuire la maison de l’armateur au Havre en 1790, Paul-Michel Thibaut (1735-1799).
A gauche : gravure accompagnant le rapport Boudin de 1787. Notez le mur d’enceinte donnant sur le quai Lamblardie sur la droite de l’image © S.H.D. A droite Le Bassin du Roi en pleine activité et le magasin de l’arsenal. © MAH.
La maison de l’Armateur conçue par Paul-Michel Thibaut, quai de l'Ile. © Dan.
Des ateliers dispersés dans la ville, un bassin insuffisamment profond, un espace de travail de plus en plus restreint, toutes ces contraintes font envisager le déménagement de l’arsenal sur Cherbourg ou Brest.
Mais la Révolution retarde ce projet. La Convention ordonne la construction de navires de guerre de toute urgence afin de faire face à la coalition européenne contre la France révolutionnaire. L’activité de l'arsenal prend alors un essor que les temps de paix ne pouvaient lui apporter.
Les guerres qui s’ensuivent et celles du 1er empire nécessitent que le Havre reste sous administration militaire. Cette situation perdure jusqu’à la restauration en 1823. Par la suite le port du Havre est progressivement démilitarisé au profit de ceux de Cherbourg et Brest.
Toutefois on conserve le magasin général avec ses bureaux et le logement du Commissaire général, pour l’administration maritime locale.
Le magasin de l’arsenal au début du XXème siècle. © Dan & Michel Fouquet.
Vu du ciel l’édifice a la forme d’un trapèze irrégulier sur les quatre côtés d’une cour centrale. Les bâtiments comprennent un rez-de-chaussée, un premier étage et des combles mansardés.
Le plan du premier étage de l’arsenal en 1826. © S.H.D.
La cour intérieure toujours en 1826. © S.H.D.
Cet édifice connaitra bien des vicissitudes. Ainsi en 1869 et 1870 il a fallu le restaurer presque entièrement à cause des graves détériorations qu’il présentait. Cette rénovation dépassera le budget initial en raison de l’ampleur des travaux non prévus à exécuter. Parmi ceux-ci on recensait la toiture en ardoise percée en plusieurs endroits elle a dû être entièrement refaite. (1)
Une vue peu courante de l’Arsenal, sa façade arrière à l'ouest donnant sur la rue Bazan. © S.H.D.
Autre rénovation, les solives, (poutres sur lesquelles s’appuient les planchers) supportant la galerie intérieure, étaient complètement pourries. Il a fallu user d’un évident savoir-faire pour les restaurer. (1)
La cour intérieure avec la galerie courant autour du 1er étage La flèche rouge désigne une des solives. © Musée Art et Histoire Le Havre.
Le campanile présentait lui aussi des signes de fatigue, ainsi trois des colonnes en chêne complètement pourries avaient perdu leur enveloppe de plomb, les autres ne valant guère mieux .(1)
Le campanile avec ses colonnes et son horloge. © MAH.
Le mécanisme de l’horloge. © MAH.
La toiture fuyant de partout, l’intérieur n’échappait pas à la vétusté. Les plafonds où il n’était prévu qu’un ragrément partiel, ont dû être entièrement repris. (1)
Le grand salon situé au 1er étage sur la gauche de l’édifice lorsqu’on regarde la façade. © MAH.
Détail de la pendule de la cheminée du grand salon. © MAH.
Malgré les difficultés rencontrées au cours des travaux de restauration, le bâtiment a pu garder son cachet initial. Mais une nouvelle épreuve l’attendait.
En 1934 le ministère de la marine de guerre et celui de la marine marchande envisagent de le réhausser de deux étages. Informé, Georges Priem écrit au maire Léon Meyer afin qu’il fasse le nécessaire pour le faire classer à l’inventaire des monuments historiques et ainsi préserver son unité.
C’est M. Hérubel, porte-parole de cette proposition, qui la soumettra à l’Académie de Marine. Celle-ci approuvera ce projet permettant ainsi de garder la totalité de l’arsenal, notamment de sa façade.
L’Arsenal © Musée Art & Histoire.
Mais ce remarquable édifice n’était pas au bout de ses peines et allait connaitre un destin tragique que nous verrons la semaine prochaine.
L’emplacement de l’arsenal dans le Havre d’aujourd’hui (rectangle rouge)
(1) rapport Charles Jeunner ou Jenner 1870.
Remerciements :
Madame Aline Lemonnier-Mercier pour sa contribution aux articles consacrés à l'arsenal.
Laurent Le-Boutilly.
Sources :
Aline Lemonnier-Mercier. Docteur en histoire de l'art.
Georges Priem : Notes sur l’ancien arsenal de marine et le bassin du Roi. (Recueil de l’Association des amis du Vieux Havre 1933).
Philippe Barrey. L’arsenal du Havre pendant la révolution. Recueil S.H.E.D 1908.
Pierre Frissard : histoire du port du Havre 1837.
* * *
Merci de votre visite et commentaire.