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HAVRAIS-DIRE Le blog de Dan et ses amis.
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HAVRAIS-DIRE Le blog de Dan et ses amis.
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13 décembre 2020

La rotonde de Graville 2 (suite et fin)

Devenue inutile la rotonde est délaissée. Cependant l’eau de la source est toujours utilisée par les Gravillais.
En 1864 on déplace le lavoir et la fontaine afin de construire la nouvelle mairie. La rotonde quant à elle est simplement recouverte.

A gauche, la mairie au début du XXème siècle. La flèche rouge indique le lavoir et la fontaine. A droite le même point de vue de nos jours. © Dan.

Quelque temps plus tard le lavoir disparaît afin de construire le service municipal des pompes funèbres, une concession tenue D. Delaunay. Remarquez sur cette photo, la mairie s’est dotée d’une belle marquise au-dessus de la porte d’entrée.

Graville mairie (JPF) ALG 2Le point rouge désigne l’établissement des pompes funèbres de la ville de Graville. Collection JP. François.

Puis surviennent la guerre et les bombardements. Après le centre-ville le 5 septembre, c’est au tour de Graville le 6 de recevoir une averse de bombes. On dénombrait de nombreuses victimes. Habitations, monuments, édifices publics, rien n’y échappe, à l’image de l’abbaye de Graville, ou de la mairie.

Abbaye de Graville Compilation (3) ALGL’abbaye de Graville en 1944 dont le chevet est sévèrement touché. Le même lieu nos jours avec le chevet restauré. © Dan.

La mairie annexe détruite en 1944 et reconstruite en 1957 par l’architecte Jean Le Soudier. © Fornallaz Dan.

Un peu partout les Havrais cherchent un abri pouvant résister aux bombes. Les Gravillais voient en la rotonde un refuge possible. Jusqu’au 6 septembre rien ne vient démentir cette impression de sécurité.

Rotonde ORI ALG (7)Plan de la rotonde par Jean-Paul Dubosq, d’après le document de monsieur Desnos. En pointillé et en bleu la mairie annexe actuelle superposée à l’ancienne mairie de 1864 (toit hachuré).

Mais le 6 septembre la rotonde est touchée faisant plusieurs victimes et provoquant d’énormes dégâts. Un des rescapés, Maurice Desnos, raconte (en voici quelques extraits) :
«
Un grondement de moteurs nous parvient de la mer, tous les yeux se tournent vers cette direction, une bombe de marquage tombe à moins de 50 mètres de notre abri. Nous n’en attendons pas davantage et tout le monde se précipite à l’intérieur de la rotonde (…) Tout tremble, vacille, tangue. Le sol se soulève, et nous avec, assis sur nos chaises. Les déflagrations se multiplient à un rythme effarant. Les lampes s’éteignent et se rallument suivant la cadence des explosions. Les murs sont secoués de spasmes, les ondes de choc se répercutent sur les parois de notre caserne, nous coupant le souffle et nous percutant les oreilles. Et toujours cette âcre odeur de soufre qui nous prend à la gorge et nous fait tousser. Le sol de terre battue vibre sous nos pieds. (…) L’intensité du bruit est telle que nous n’entendons pratiquement plus rien (…) Par gestes, je parviens à faire comprendre à Denise, qui est très près de moi, qu’il faut absolument qu’elle mette quelque chose de dur entre ses dents pour éviter l’éclatement des poumons (…) A peine a-t-elle terminée qu’une violente déflagration ébranle les murs de notre abri, nous projetant les uns sur les autres. Une poussière pulvérulente nous envahit et nous étouffe. Des cris, des hurlements, des appels, des pleurs. (…) Et puis les lumières s’éteignent c’est le noir absolu. La panique alors atteint son paroxysme. Sans transition, on pourrait dire presque sans bruit, le plafond de la voûte que nous venons de quitter s’écroule. Une vague de terre m’ensevelit à demi. Les cris, hurlements plutôt, sont atroces à entendre. Peu à peu, la mort fait son œuvre… ».
Ces quelques lignes sont explicites, et reflètent ce que furent ces bombardements dans cet abri qu'ils croyaient solide. Ces extraits de textes sont tirés de l’ouvrage de Jean-Paul Dubosq : « Le HAVRE 1939-1944. Les abris sanitaires civils et allemands ».

La rotonde aujourd’hui est visitée chaque année lors des journées du patrimoine. En voici quelques photos que nous devons à Jean-Paul Dubosq, et Laurent Bréart.

Rotonde JPD ALG (1)Photo Jean-Paul Dubosq.

Photos Laurent Bréart.

Laurent Bréart rotonde (2) ALG

 Photo Laurent Bréart. L’inscription n’est pas d’époque.

 

De nos jours seule une plaque commémorative rappelle le drame qui s’est déroulé ici en1944. Difficile dans ce contexte d’imaginer l’histoire de ce « monument » pas tout à fait comme les autres.

Mairie Graville + Plaque ALGLa mairie annexe de Graville, 161 rue de Verdun. © Dan.

Défense Passive (impasse de) 29-11-2020 (9) ALGC’est sous cette végétation derrière la mairie annexe, qu’est située la rotonde. © Dan.

Sources :
Le Havre 1939-1944, Les abris sanitaires civils et allemands Jean-Paul Dubosq 1992.

Remerciements :
Jean-Paul Dubosq.
Aline Lemonnier Mercier pour les photos de Laurent Bréard.
Jean-Paul François pour le prêt de sa carte postale.

* * *
Merci de votre visite et commentaire.

Commentaires
T
Salut Dan,<br /> <br /> La mairie de Graville, ancienne génération était bien plus élégante que celle qui lui a succédée. Y a pas photo !<br /> <br /> Bonne soirée.
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N
Des abris qui semblaient solides et qui ne le sont pas. Maintenant une promenade les jours du Patrimoine et pourtant...Quelle force, quelle intensité dans ce récit ou on ressent la peur, le stress ,la panique ,la mort, ce que ces gens ont vécu pendant ces bombardements.<br /> <br /> Ces récits sont bouleversants et me font penser à mon Grand Père ,qui lui a connu la première guerre et qui n'en parlait jamais.Sans doute les souvenirs étaient trop effroyables.<br /> <br /> Alors quel que soit le conflit, les Civils sont souvent les victimes sans l'avoir demandé.<br /> <br /> Merci pour ces deux reportages qui permettent d'éviter l'oubli.
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L
Encore chapeau<br /> <br /> Article très intéressant et très complet<br /> <br /> Bonnes Fêtes
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M
Bonjour Dan,<br /> <br /> Je ne sais pas si tu parles trop des bombardements, mais en tout état de cause, le sujet a fait chauffer les claviers... Personnellement, j'estime que c'est un passage souvent obligé quand on raconte l'histoire récente d'une ville qui a pratiquement disparu en quelques heures. <br /> <br /> Je ne reviendrais pas sur les causes supposées du cataclysme des 5 et 6 septembre. Même Andrew Knapp, cador en la matière, n'a pas vraiment de position arrêtée sur le sujet (cf. son livre avec Barzman et Bouillot paru chez PURH). D'après ce que j'ai cru comprendre, les dernières archives britanniques dans ce domaine s'ouvriront en 2044. J'aurai... 96 ans si les petits cochons ne me mangent pas d'ici là. Donc, on en reparlera à cette date !<br /> <br /> Toute plaisanterie mise à part, je n'ai pas été averti dimanche de la sortie de cet article Graville 2 et n'ai pu le lire qu'à l'instant lundi 16h30. La caricature n'apparaît pas non plus. D'après ce que j'ai lu, tu es au courant....<br /> <br /> A mon sens, Canalblog a dû attraper la Covid !<br /> <br /> Bonne semaine à tous les commentateurs et à toi, bien entendu.<br /> <br /> Marc
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E
Comme c'est atroce, se croire à l'abri dans cette rotonde et périr ainsi. Les bombes sont faites pour tuer, et même dans les caves elles font trembler la terre à côté. Merci pour ce récit glaçant... on relativise en ce moment, nous sommes à l'abri dans notre maison, restons prudent malgré tout avec le covid qui est un ennemi invisible. Bonne semaine.
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P
Bonsoir Dan<br /> <br /> Un article intéressant et poignant quand on lit les extraits de M. Maurice Desnos. Décidément cette guerre et les bombardements ont semé terreur et désolation. Une bien sombre histoire de cette époque. Merci pour ce partage qui nous a fait frissonner. Je te souhaite une belle soirée et une excellente semaine. Bises à MJ. Amicalement: papy Scham
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F
Je ne cautionne pas du tout cette hypothèse de dire que le bombardement du 5 a été fait pour empêcher tout mouvement de troupes allemandes vers le nord est de la ville qui soit dit en passant concernerait vu la direction le plateau de Caucriauville et l'entrée d'Harfleur, fortement fortifié(dotée de nombreuses batteries, cloches blindées …) avec la lézarde en contre bas qui avait inondée la vallée formant un obstacle non négligeable!! surtout si aucunes archives ne vient étayer ce fait, c'est pour moi, minimiser le bombardement, cette bavure du 5 septembre, de plus cette absurdité est faite par des anglo-américains donc sujet à caution mais cela n'engage que moi.<br /> <br /> Voila j'arrête, bonne soirée, François.
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F
J'analyse (à mon niveau)la guerre dans son ensemble, l'opération Bagration déclenchée a l'été par les Russes empêchera les allemands d'envoyer nombres de divisions pour le front normand, le front italien quant à lui n'aura rien a envier si je puis dire a l'enfer normand, je ne me focalise pas que sur le cas du "Havre" mais celui ci a été vécu par toute une parti de ma famille maternelle donc... <br /> <br /> François.
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F
Villes allemandes...
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F
Les objectifs des bombardements sont connus, Graville a été dévasté car sur l'axe des bombardiers, les batteries du plateau sont justes au dessus, par contre l'ouverture des archives nous dirons pourquoi le bombardement du 5 septembre, c'est différent, le bombardement du 6 est militaire celui du 5 est un bombardement de terreur comme sur certaines ville allemande même si cette hypothèse ne fait pas plaisir a certains "historiens" horsain, voila.<br /> <br /> François.
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F
Oui c'est un désastre et tout a été fait pour se débarrasser de cette menace que constituait la RBB du Havre, la festung etait une menace sensiblement identique. Un peu plus haut tu me dis "qu’aurions-nous fait ?? *, moi je ne suis pas militaire, j'analyse a mon niveau, cette période tu le sais m'intéresse fortement, mais le bombardement du 5 septembre dépourvu d'objectifs militaires laisse songeur quant aux motivations des anglais, la libération du Havre et de la France n'a pour moi pas le même sens que bon nombre de mes concitoyens, les alliés s'en foutaient pas mal des petits français de De Gaulle et compagnie, leur grande peur n'étaient elles pas Staline et le communisme?<br /> <br /> A bientôt de visu j'espère, François.
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F
Les alliés n'ont pas voulu que Le Havre soit comme le siège de Brest, très long et très couteux en hommes. L'urgence en matériels et en hommes (deux divisions d'infanterie et le 30ème corps blindé pour la prise du Havre) pour la suite de la guerre, Le Havre se retrouve début septembre dans le dos des anglo-américains, Bruxelles est libéré le 4 septembre, Le Havre sera englouti sous les bombes pour vite envoyer ces divisions pour la suite et se débarrasser définitivement de cette menace, l'opération market-garden du 17 septembre 1944 se prépare, les américains piétinent par manque d'approvisionnements, les alliés ont besoin d' un port en eau profonde, Anvers n'est pas encore libérée. <br /> <br /> François.
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F
Oui Daniel on peut se poser la question quant au tonnage hallucinant de bombes utilisé par les "alliés" pour anéantir une batterie, une position défensive sans se soucier des dommages collatéraux, à vrai dire, les "alliés" avaient une peur bleue de cette forteresse que représentait Le Havre à cette époque, j'en veux pour preuve le énième bombardement de la batterie de la Corvée ( le dernier, le 11 septembre 1944) déjà bombardée au printemps 1944 et de nombreuses fois encore jusqu'en septembre et la bavure du 5 septembre. De plus, nombres de positions fortifiées bombardées par air l'ont été par mer et par l'artillerie divisionnaire anglaise ainsi que le centre ville du Havre qui continuera à recevoir nombres d'obus bien après le 5 septembre. Quant à tes lecteurs qui trouvent que tu parles un peu trop des bombardements subis par notre cité, ne pas en parler ferait que ton blog serait bancal car malheureusement comme tu le dis "on passe obligatoirement par la case 1944 où tout a changé brutalement" et définitivement. <br /> <br /> François.
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L
salut mon pote,<br /> <br /> voici de nouveau une page intéressante de l'Histoire de notre cité que je vais ranger bien précieusement dans ma boîte à neurones !!<br /> <br /> l'évocation du témoignage de M. Desnos est très poignant et l'on ressent bien la peur et " l'obligation " de subir ces atrocités !!!... les tourments qui nous préoccupent en ce moments sont vraiment minimes par rapport à tout cela !...<br /> <br /> et vu les photos, cette rotonde est plus volumineuse que je l'imaginais !<br /> <br /> bonne fin de journée DAN et bises à MJ !! :o
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J
Pourquoi le centre de Graville a-t-il été bombardé ? La même question peut s'appliquer au centre du Havre. Le centre de Graville est l'axe routier principal d'entrée sortie de la festung et sur la ligne ferroviaire Paris-LH, proche du plateau de Caucriauville alors couvert de bunkers (site de jeu de notre enfance dans les années 50's), proche aussi de la gare de triage, du plateau de Frileuse-Aplemont (complètement dévasté lui aussi) qui fait le pont entre Graville et Rouelles. Même le stade municipal Deschaseaux à été touché. Et puis la technique du carpet bombing ne donne pas dans le détail. Bonne fin de soirée.
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F
Bonjour Daniel,<br /> <br /> Le bombardement du 6 septembre 1944 avait pour but de neutraliser la batterie d'artillerie de 150 mm sous casemates situées à Aplemont (ancienne briqueterie/ fort du Mont-Joly) et la batterie du château de Montgeon entre autre... Le bombardement du 10 septembre mettra à mal une fois de plus Aplemont, Graville, Caucriauville et beaucoup d'autres quartiers limitrophes.<br /> <br /> A bientôt, François.
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G
Bonjour Dan,<br /> <br /> Cette histoire de Graville est pour moi une découverte. Après la guerre, ce quartier était aux antipodes de notre logement et nous n'avions pas de moyen de transport (ma mère était malade dans les bus et nous ne prenions jamais les transports en commun). J'ignorais l'existence de cette rotonde et à fortiori le drame qui s'y était déroulé. Même à l'occasion des journées du patrimoine, je ne l'ai pas repérée sur la liste des lieux à visiter. L'année prochaine, je serais vigilant et j'irais probablement y faire un tour.<br /> <br /> Bon dimanche
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E
Bonjour Dan ,grâce à cette rotonde ,que l'on visiterait volontiers , on en apprend encore sur cette jolie historique de la belle Mairie ,du lavoir , des pompes funèbres ,de l'Abbaye de Graville ,si détruite, en partie , et si bien reconstruite ! La lecture de Maurice Desnos est ,en effet, émouvante . Ces malheureux bombardements Anglais , aussi , resteront bien gravés chez tous les Havrais , quelqu'en soit le quartier .Merci à toi ,J.P.Dubosc ,Alice Lemonnier ,J.P. François . Bonne soirée à Marie Jo et toi .
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J
Emouvant comme souvent, passionnant comme d'habitude
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G
Dan, sait-on pourquoi le centre ville de Graville a été bombardé ? Est-ce une erreur par rapport au chemin de fer ?
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G
Salut Dan, sait-on pourquoi le centre ville de Graville a été bombardé ? Ils on raté les voies de chemin de fer ?
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M
Encore un grand merci à vous et à toutes les personnes qui contribuent à nous apporter un peu plus de l'histoire de notre ville, et que de soouvenirs pour moi la bibliothèque de Graville que j'ai fréquenté assidument .. Merci et joyeuses fêtes à tous.
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J
Passionnant comme d' habitude et émouvant comme souvent !
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A
Bonjour Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> De l'émotion en lisant le témoignage de Maurice Desnos...<br /> <br /> Et bien sur, quand on voit la mairie annexe de nos jours on ne peut que regretter ce qu'elle était avant. La rotonde existe donc toujours enfouie sous le végétation...Elle sera peut-être, dans le futur, redécouverte par des travaux ?<br /> <br /> <br /> <br /> Passe un bon dimanche Dan. J'ai eu un mal fou à ouvrir ton blog aujourd'hui, il y avait un problème "Service Unavailable" ...Bon j'ai réussi quand même mais je n'ai pas le dessin de Goé.
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G
Voilà encore une des conséquences funestes des bombardements touchant, comme au tunnel Jenner, ceux qui pensaient y être à l'abri. Heureusement, quelques rescapés ont pu témoigner sur ce drame et c'est très bien que tu ais publié ce récit. J'irais peut-être y faire une visite si c'est ouvert aux journées du patrimoine.<br /> <br /> Ce matin, Canal blog était encore inaccessible.
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O
Vraiment bien inopportune la caricature finale !
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J
Salut Daniel<br /> <br /> Voilà une page d'histoire de la ville peu connue car on parle toujours du centre ville détruit et reconstruit par Auguste Perret mais rarement de Graville. Je ne savais même pas que cette partie de la ville avait été aussi touchée. La mairie avait plus de cachet que l'actuelle mais il fallait certainement reconstruire vite. Merci de nous faire connaitre toutes ces pages d'histoire de notre ville. Bon dimanche à toi et à Marie-Jo.
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