La Thébaïde Païenne, quésaco ?
Le mot « Thébaïde » désigne un lieu isolé pour vivre en ermite et retiré des fracas du monde. Et « Païenne » se réfère aux croyances antiques. Mais ces deux mots associés que signifient-t-ils ? Deux cartes postales ont été éditées avec cette appellation, mais elles n’en donnent pas la raison.
La carte postale avec l’immeuble dénommé "Thébaïde Païenne". © Michel Fouquet.
Le même lieu de nos jours. L’encadrement bleu correspond au format de la carte postale. © Dan.
Aucun annuaire du Havre n’indique la raison sociale de cet immeuble : maison de retraite ? Pension de famille ? Hôtel ? Au demeurant les mots « Thébaïde Païenne » n’y figurent pas. De plus la numérotation a changé depuis les cartes postales puisque les 12 et 14 d’hier correspondent aux 28 et 30 d’aujourd’hui, mais rien concernant la « Thébaïde » !
Difficulté supplémentaire, aucune date de construction ne figure sur la façade. Mais à l’aide d’une photo où la construction de la digue nord est visible, G. Saillard a permis de l’établir entre 1900 et 1905. Le renfoncement indiqué par la flèche indique l’emplacement où sera construit l’immeuble « Thébaïde Païenne ». Les bâtiments surlignés en couleurs existent toujours.
Le Havre au tout début du XXème siècle avec la construction de la digue nord. A Gauche gros plan sur l’emplacement de la « Thébaïdes Païenne » désignés par la flèche rouge. © G Saillard.
Sous son aspect architectural rien ne le distingue de ses voisins. D'après la vue de la carte postale seule la vérranda en fer forgé a disparu de l’entrée principale.
Une autre vue plus de l'immeuble "Thébaïde Païenne". © Michel Fouquet.
Le même endroit de nos jours, avec la flèche rouge indiquant la "Thébaïde Païenne". © Dan.
Alors pourquoi « Thébaïde Païenne » ? Le mystère reste entier…
L’emplacement de l’immeuble « Thébaïde Païenne » dans Le Havre.
La page Goé ou la libre expression d’un caricaturiste doublé d'un enquêteur .
A la recherche de la thébaïde païenne ou l’hypothèse Goé.
La thébaïde païenne se trouve au croisement de la rue des brindes ou bringues et de la rue de Sainte-Adresse.
Le double terme de brinde/bringue désignait à l'époque révolutionnaire le fait de boire ensemble de façon joyeuse et festive (Dictionnaire historique des rues du Havre).
Les habitants de Sainte-Adresse s'appellent les Dyonisiens qui vient de son église Saint-Denis.
Denis est issu du grec Διονύσιος (Dionysos) via le latin Dionysius. Ce prénom vient de Dionusios ou Dionysos, le dieu de la vigne, du vin et du délire extatique dans la mythologie grecque, nommé Bacchus chez les Romains.
Le Bacchus juvénile ou thébain : cette forme presque féminine le représente sous les traits de la jeunesse et de la beauté dans tout son éclat. Sa tête est couronnée de grappes de raisins et de lierre. Il tient d'une main le thyrse, et de l'autre des raisins ou une coupe.
Il me semble que nous ayons affaire à un joyeux luron aimant le vin et les bacchanales dans un lieu retiré et tranquille plutôt dédié à Bacchus qu'au Dieu chrétien.
Sources :
Dictionnaire historique des rues du Havre
Sainte-Adresse par Fernand Poupel
Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine. Larousse.
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