L’histoire du quatrième sémaphore a été contée ici. Havrais-Dire la complète avec les photos inédites d'amis collectionneurs. De plus c’est l’occasion de raconter un fait divers dont le sémaphore a été le témoin. Ci-dessous un aperçu de sa construction dont la mise en chantier débute le 1er mai 1908 pour s’achever le 21 septembre 1909.

38 4e sémaphore 1909 ALG
La construction avec les échafaudages. Collection privée.

Construit en briques claires sur une grande esplanade lieu de promenade par excellence des Havrais.

Sémaphore N° 4 (MF) ALG 02Le 4ème sémaphore si l’on considère la tour François 1er comme étant le premier. © Michel Fouquet.

Ce sémaphore est très vite « adopté » par les habitants de la cité océane, posant fièrement en famille devant l’édifice flambant neuf.

Sémaphore MF (02) ALGOn pose devant le sémaphore en famille. © Michel Fouquet.

Ce quatrième sémaphore connaîtra les deux guerres mondiales. Lors du premier conflit il sert de poste d’observation pour repérer tout navire suspect dans la rade du Havre.
En 1941 il est recouvert d’une teinte sombre par les allemands. Ils construiront également un édicule sur la vigie dont on ignore l’utilité
.

Sémaphore ALG (FP)Le sémaphore en 1941 recouvert d’une peinture sombre. Encadré en rouge l’édicule rajouté. © François Pivert.

Les larges baies vitrées et le marémètre de la vigie sont remplacés par des parois métalliques ne laissant que de petites ouvertures pour l’observation, et une porte pour le passage des hommes.
En 1944 les allemands le dynamiteront mettant fin à ses 36 ans d’activité au service des marins et du port.

sémaphore dynamité ALGCerclé en rouge la baie vitrée remplacé par une paroi et une porte métallique. © Dan.

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Histoire d’un visiteur insolite devant le sémaphore !

Outre les nombreux havrais, l’esplanade verra l’arrivée d’un personnage atypique du nom de J.B. Doussineau (promoteur de la Confédération des Estropiés de France). Accompagné de sa chienne « Caffette », son histoire mérite d’être contée.

J B Doussineau ALGJ.B. Doussineau sur l’esplanade du sémaphore. © Dan.

Jean Baptiste Doussineau est né le 24 juin 1864 à Sougy (Loiret). Boulanger à Argenteuil, il est victime d’un grave accident de chemin de fer, à la suite de quoi il est amputé des deux jambes. Mais la Compagnie de Chemin de Fer de l’Ouest ne lui verse aucune indemnité, pas plus d’ailleurs que l’assistance publique.
Pour obtenir réparation il plaide sa cause auprès du public parisien. C’est juché sur un dromadaire qu’il harangue la foule. Il ira ensuite à la rencontre de ses confrères marseillais Rosin et Carlier, respectivement président et secrétaire général du syndicat des estropiés.
Depuis Marseille il fait un « tour de France » et se fait photographier sur son dromadaire partout où il passe, Vichy, Dieppe Bezons etc. Son périple le conduit au Havre où comme dans les autres villes il est représenté sur son camélidé. La vente des cartes postales lui permet de subsister.
Pour en savoir plus sur son périple à travers la France voir ici.

J.B. Doussineau quai des abeilles et devant l’hôtel Frascati, avec sa fidèle « Caffette ». © Dan.

Sur chaque carte postale, Boussineau explique son histoire et son opération de la laparotomie subie le 29 janvier 1911. Ce qu’il ne précise pas c’est que cet acte chirurgical consiste à ouvrir la cavité abdominale du bas en haut. Une manière d’attirer la bienveillance à son égard.

Sources :
Journal « Le Petit Parisien » du 1 août 1907.
Journal « le Matin » du 2 janvier 1910.
Centre de Recherche et d'Etude de la Boulangerie et de ses compagnonages.

« La Base Navale du Havre 1914-1918 » Albert Chatelle éditions Médicis 1949.
Crédit Photos :
Collection privée.
Collection Michel Fouquet.
Collection François Pivert.

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