Le XXème siècle a vu le développement de l’automobile. Cette croissance exigeait des infrastructures toujours plus efficaces et nombreuses. C’est pourquoi nos cités subiront des transformations radicales. Mais créer ou élargir des rues pouvait demander du courage politique aussi bien que sociétal. Cela n’a pas toujours été chose simple de prendre cette décision laquelle impliquait parfois l’expropriation des habitants et des commerçants.
Le Rond-Point et la descente du tunnel Jenner en sont un parfait exemple.
Si depuis 1933 le projet de relier par la route la ville haute à la ville basse est établi, la construction par elle-même ne débutera qu’en 1942. La sortie sud du tunnel ne sera vraiment aménagée qu’à partir des années 1960.
Illustration d’un des projets des années 1930. On remarquera que le tunnel est dans l’exact prolongement du cours de la République. © Dan.
C’est à la séance du conseil municipal du 16 mai 1960, conduit par M. Lentaigne, adjoint au maire, et sur la demande du Préfet et du ministre de l’intérieur, qu'on pris la décision d’aménager la descente du tunnel routier. Cette résolution entrait dans le cadre du plan septennal du fonds routier. Ce nouvel organisme d'Etat finançait les ouvrages importants utiles à l’amélioration de la circulation des grandes villes.
Mais avant d’examiner en détail ce projet, revenons sur l'histoire de ce lieu emblématique havrais, qui fut après la guerre le cœur commercial de la ville dévastée.
L’histoire du Rond-Point commence en 1830 par l’inauguration du cours de la République qui, à cette époque portait le nom de « route neuve ». Nous sommes encore sur la commune de Graville, ce quartier ne devenant havrais qu’en 1852.
Le plan de 1842 peu après l’ouverture de la « route neuve ». Le secteur n’est pas encore fortement urbanisé.
Le même secteur dans les années 1920. La ligne verte représente le futur prolongement du cours de la République et la sortie du tunnel Jenner dont il sera question dans ces articles. Coll dan.
Les commerces s’établissent tout autour du Rond-Point et le long de la rive nord de la rue de Normandie, rebaptisée « Maréchal Joffre » en 1931. L’endroit étant prisé par les photographes, leurs clichés nous permettent aujourd'hui d'avoir un aperçu assez précis du lieu au début du XXème siècle.
Le Rond-Point au début du XXème siècle. Coll Dan.
Sensiblement le même point de vue aujourd’hui. © Dan.
Parmi ces commerces, les inévitables cafés, bistrots et bars en tout genre. Avec notamment le café des trois cadrans au 187 de la rue de Normandie. Son enseigne est en rapport avec les trois pendules implantées au milieu du carrefour.
Le café des trois cadrans au 187 de la rue de Normandie. Coll Dan.
Le café des 3 cadrans est désigné par la flèche rouge avec en face, les pendules bien visibles. Coll Dan.
A propos des trois cadrans, c’est en 1884, sur l’impulsion de Jules Siegfried et Louis Brindeau son adjoint, que sont implantées ces trois horloges trônant au milieu du carrefour. Elles seront remplacées en 1936 par quatre cadrans. De ce fait, le café a dû changer d’enseigne pour se nommer « Aux 4 cadrans ».
A gauche les premier cadrans, à droite les second et dernier. Coll Dan.
Le démontage des 3 cadrans vu par Goé . © Goé.
Aux 4 cadrans désigné par la flèche rouge, dans les années 1960. Coll Dan.
Le même lieu aujourd’hui, le café se situerait à l'emplacement de la fleur rouge. © Dan.
Lieu de convergence de tout un quartier, le Rond-Point et une partie du cours de la République encouragent les maraîchers, poissonniers et autres commerçants, à créer un marché qui deviendra un des plus connus au Havre. Le Rond-Point devient alors un lieu très animé que n’ont pas manqué de fixer sur pellicules les photographes.
Au début du XXème siècle ce sont surtout les charrettes à bras qui transportaient les marchandises. L’homme utilise les rails du tramway pour soulager son effort. Coll Dan.
Les charrettes vidées de leur contenu sur le marché. Coll Dan.
LA GUERRE
Pendant la guerre et notamment en septembre 1944, le rond-Point ne connaîtra pas de destructions massives comme dans le centre-ville. A la libération après le passage des chars alliés au Rond-Point, les Havrais arracheront les panneaux indicateurs allemands. Ces derniers serviront de bois de chauffage, bien venu en ces temps de pénurie de charbon.
Les Havrais hissent le drapeau Français, tandis que d’autres retirent les panneaux en bois. © V Sanault.
Le 8 mai 1945 le défilé de la victoire passe par le Rond-Point. Les Havrais y assistent nombreux pour contempler les troupes américaines, les hommes de la Défense Passive, les pompiers et autres sauveteurs qui, pendant cinq ans, ont mis leur vie en danger pour secourir leurs semblables.
Défilé des troupes américaines. Coll Dan.
Cortège des hommes de la Défense Passive, des infirmières et des résistants.Coll Dan.
Les travaux de reconstruction entravent le commerce au centre-ville. Le cœur vivant de la cité se déplace vers l’Est, vers des quartiers moins touchés par les bombardements notamment vers le Rond-Point. Les consommateurs se dirigeront tout naturellement vers ce secteur d’autant plus qu’il est bien desservi par les transports en commun.
Cet attrait pour le Rond-Point va mettre en évidence les problèmes de circulation. A cette époque seules les rues Clovis et Pasteur proches permettaient le déplacement entre ville basse et haute. De plus les voitures particulières se faisaient de plus en plus nombreuses engendrant des embouteillages aux heures de pointe.
Deux exemples de la circulation vers le Rond-Point pendant la période de reconstruction :
Le Rond-Point vue depuis le Cours de la République. Coll Dan.
Le Rond-Point en direction du cours de la République. Coll Dan.
Source : Havre-Libre – Havre Presse – Bernard Poupel - Compte rendu des séances du conseil municipal de mai 1960.
Crédit Photos : Collection : Vincent Senault & Dan.
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Merci de votre visite. Suite la semaine prochaine dimanche 9 octobre. Dan.
Cela fait plaisir de pouvoir échanger à nouveau... D'après mes souvenirs, un peu en avance par rapport à ce qui était prévu à l'origine, mais qui s'en plaindrait !
A bientôt, mon ami.