Le 6 mai 1949 Paris Normandie titrait : « La jonction de la ville basse et de la ville haute par le tunnel routier va amener de profondes modifications dans l’aspect du Rond-Point ». Dans son article Bernard Esdras-Gosse détaille l’état des lieux au-delà de la sortie sud du tunnel Jenner.
D'emblée une constatation s’impose, de nombreuses expropriations seront nécessaires pour réaliser ce programme. D'autant plus qu'à cette époque la crise du logement n'en était qu'à ses débuts. (1949).
Havrais-Dire reviendra plus en détail sur le débouché nord, toutefois deux photos (1939 et 2018) permettent de se rendre compte de l’ampleur du travail accompli dans ce secteur.
Le carré rouge sur les deux photos (ici 1939) représente le bâtiment des bains douches devenu depuis le théâtre des bains douches © IGN.
Le même point de vue en 2018 © Google Earth.
Pour le débouché sud, ce sont les sœurs du couvent des carmélites qui, en premier, quitteront leur domaine. Ce dernier se trouvait exactement au-dessus de la sortie sud du tunnel. Les deux photos ci-dessous illustrent mieux qu’une longue description l’état des lieux avant et après leur déménagement.
Encadré en rouge le couvent des carmélites en 1949. La flèche jaune indique la rue Pasteur. La flèche rouge le 27 de la rue de Trigauville et entouré en bleu le 10 de la rue Pasteur. Ces deux habitations étant toujours présentes de nos jours. Entre les deux le couvent des Carmélites © IGN.
La situation aujourd’hui avec les mêmes indices. Flèche jaune la rue Pasteur. Flèche rouge le 27 de la rue de Trigauville. Entouré en bleu le 10 de la rue Pasteur © Google Earth.
En 1946 la municipalité définit un projet, sur lequel figure la future artère avec les propriétés frappées d’alignement. Il est bien certain que tout ne pouvait pas être réalisé rapidement, aussi les élus chercheront une solution intermédiaire afin de faciliter la circulation dans ce secteur en utilisant le tunnel Jenner.
A noter que celui-ci sera inauguré en 1956, mais emprunté par les piétons dès 1949.
Le passage des premiers piétons vu par Goé. © Goé.
Cette solution ils la trouveront sous la forme d’une rue nouvelle mais provisoire, à la jonction des rues Clovis, Pasteur et Trigauville et la sortie du tunnel inauguré en 1956. Elle termine sa course sur la rue Montesquieu, elle-même débouchant sur le Rond-Point. Ce choix n’a pas nécessité d’importantes démolitions, la plus significative étant celle au carrefour avec la rue Montesquieu. Elle est figurée en rouge sur le plan de droite ci-dessous.
A gauche le plan établi par la ville du Havre en 1968 reprenant le projet de 1946. A droite plan de 1962 avec le tracé de la liaison provisoire entre le tunnel et la rue Montesquieu. Le carré rouge représente la principale démolition pour accéder à la rue Montesquieu. © VDH.
Les photos IGN de 1955 et 1962 permettent de visualiser les travaux accomplis pour construire cette descente provisoire. La rue de Trigauville sera la première artère coupée par la sortie du tunnel Jenner.
Le secteur Rond-Point en 1945 © IGN.
Le même secteur en 1962 avec la descente provisoire, (en orange) débouchant sur la rue Montesquieu. (En violet). Notez l'immeuble colorié en rouge, nous le retrouverons sur les photos suivantes. © IGN.
Pour mieux apprécié la situation, mais au sol cette fois, voici deux photos de la presse havraise où ce débouché sur la rue Montesquieu est photographié du nord vers le sud et inversement.
La descente vers le sud en 1962. Tous les bâtiments face au photographe seront démolis sauf celui désigné par le point rouge. © Presse havraise.
Le même point de vue de nos jours avec l’immeuble préservé désigné par le point rouge. © Dan.
1962, le photographe regarde vers le nord. La descente provisoire permet aux automobiles venant du tunnel Jenner de gagner directement le Rond-Point sans passer par la rue Clovis. L'immeuble préservé est désigné là aussi par un point rouge. A noter l'installation des lignes d'alimentation électrique des trolleybus desservant la ligne 8 © Presse havraise.
Le même endroit de nos jours, avec la voie montante pour le tramway. Notez le bâtiment préservé désigné par le point rouge, aujourd’hui il a perdu son commerce. © Dan.
A partir de 1962 la voie montante allant du Rond-Point, ou plus exactement de la rue Maréchal Joffre, au tunnel Jenner, passe par la rue Clovis. La voie descendante raccordée à la rue Montesquieu par le nouveau tronçon. Le carrefour entre les rues Pasteur, Clovis, Tourneville et sortie du tunnel, devient un casse-tête pour les urbanistes et les automobilistes, car il engendre de nouveaux bouchons. Voici la situation telle qu’elle se présentait à l’époque :
La photo © IGN de 1964.
La photo ci-dessus de 1964, atteste bien de la complexité de la circulation dans ce secteur. En vert la descente du tunnel Jenner empruntant la nouvelle voie raccordée à la rue Montesquieu en violet. En jaune la rue Clovis desservant la rue Pasteur en rouge, et la montée dans le tunnel Jenner. En rouge la Rue Pasteur avec trois directions possibles, soit la rue Tourneville en bleu, soit la nouvelle voie en vert, soit rejoindre la montée au tunnel en jaune, en croisant le flux descendant en vert et le flux montant de la rue Clovis. Le chiffre 1 représente la rue de Trigauville condamnée dès l949. © IGN.
La situation ne pouvait pas se maintenir ainsi, dès lors en 1964 le schéma paru dans la presse fait état de ce qu’il adviendra dans le secteur avec une descente à deux voies mais qui ne débouchera pas encore directement sur le Rond-Point. La rue Clovis (en jaune) ne communiquera plus avec la rue Pasteur. Cette dernière (en rouge) sera détournée sur la rue de Tourneville, (en bleu clair). Quant à la rue Montesquieu en violet dans le carré rouge, elle sera scindée en deux avec une voie d’insertion sur la partie descendante au nord, et une voie d’entrée pour la voie montante au sud.
Le projet tel que la presse de l’époque l’avait présenté. (Sans la colorisation).
Un obstacle de taille était encore à franchir pour le débouché direct sur le Rond-Point : les commerces établis le long de la rue Maréchal Joffre. La municipalité devra argumenter et dialoguer avec les commerçants pour les convaincre de baisser leur rideau définitivement.
A la délibération N°38 du 22 janvier 1968 le conseil municipal désigne les premiers commerces qui devront être démolis. Il s’agit du pâté de maisons compris entre les rues Reine Mathilde et Flore, c’est-à-dire au centre même du Rond-Point. Les élus demandèrent au conseil municipal de bien vouloir autoriser à entreprendre les acquisitions par voie amiable ou d’expropriation afin de poursuivre ce programme.
Plan cadastral désignant les commerces qui disparaîtront sous la pioche des démolisseurs. © VDH.
La destruction de ces commerces a sans doute été la phase la plus spectaculaire de l’aménagement du Rond-Point. La presse n’a pas manqué d’en rendre compte dans leurs colonnes. Mais tout ceci ne s’est pas fait en un jour, puisque les dernières démolitions interviendront dans les années 2000.
Encadré en rouge dans la zone bleutée, les premiers commerces à être démolis le long de la rue Maréchal Joffre. © AURH.
Les premiers commerces démolis parmi lesquels se trouve la Grande Pharmacie du Rond-Point. Les 4 cadrans et la boutique de chaussures Eve. Le 1 représente la rue Fore, le 2 la rue Reine Berthe.
Le même endroit quelques années plus tôt avec les mêmes rues 1 é 2. Coll P. Alinand.
Le même lieu de nos jours © Dan.
Source : Havre-Libre – Havre Presse – Compte rendu des séances du conseil municipal 1960- 1989.
Crédit Photos : Archives municipales du Havre.
Photos collections : Pascal Alinand & Dan.
Merci de votre visite. La suite de cet article sera diffusé le dimanche 16 octobre prochain.
Dan.
