Parmi les démolitions le long de la rue Maréchal Joffre et au débouché de la rue de Flore, deux commerces autrefois florissants seront démolis au grand regret des habitants du quartier. Il s’agit de la "Charcuterie du Rond-Point" tenue par Jean Delaunay, contiguë à la boulangerie pâtisserie, tenue par Jacques Eudes.
La charcuterie du Rond-Point avant sa démolition. Collection Michel Fouquet.
Les moyens mécaniques pour démolir un immeuble n’étaient pas les mêmes qu’actuellement. Sur les documents des archives municipales on peut voir les moyens utilisés à cette époque, où le tri des matériaux ne devait pas être simple.
Le début de la démolition. Notez que le rue n’est pas barrée, seuls les agents de la force publique et un ouvrier surveillent les opérations. AMH 71Fi300.
Le même endroit de nos jours. L'ancienne agence ALCOVER est représentée par le symbole du voilier sur la vitrine. © Dan.
Pour la partie la plus difficile et dangereuse de cette destruction, les grands moyens ont été employés avec ce bulldozer. AMH 71Fi299.
Les mêmes commerces sur le point de disparaitre complètement. AMH 71Fi297.
Le même endroit de nos jours. © Dan.
Une préoccupation pour tout le monde, le stationnement
La principale caractéristique de l’aménagement du Rond-Point aura été sa durée. Moderniser tout un secteur afin de satisfaire une partie des administrés, c’est à dire les automobilistes, ne va pas sans déplaire à l’autre partie, les habitants des lieux mêmes. C’est pourquoi les permis de démolir furent longs et difficiles à obtenir.
En attendant ces autorisations deux problèmes demeuraient : les embouteillages et le stationnement. La réalisation de la double voie allait supprimer des places de parking comme on peut le constater sur la photo ci-dessous :
Le Rond-Point en 1971. Entre les lignes rouges, les parkings qu’il faudra supprimés pour la réalisation de la double voie. © IGN.
Deux ans plus tard, en 1973, cette double voie est réalisée. Elle permet d’offrir des places de parking entre ses deux couloirs, mais insuffisantes au regard des besoins. De plus, elles ne peuvent profiter aux commerçants car trop éloignées de leurs boutiques. Une nouvelle phase de démolitions sera nécessaire pour trouver les places manquantes, ce que nous verrons plus loin.
Entre les deux nouvelles voies, les nouvelles places de parking. Coll Dan.
Une autre préoccupation, les embouteillages.
La circulation automobile ne cessant de croître, les édiles cherchèrent une solution pour résorber les embouteillages au Rond-Point. Dans cette perspective elle fait creuser un mini-souterrain permettant aux véhicules à faible gabarit, de rejoindre le tunnel Jenner depuis le cours de la République. Commencé en avril 1976, ce passage est ouvert à la circulation en août de la même année.
Le cours d la République et la descente du tunnel Jenner dans les années 1970, avant la réalisation du mini souterrain. La circulation est encore fluide. Coll Dan.
Le début du creusement du mini-souterrain. Archive Lia (colorisée).
La construction du mini souterrain avec des éléments préfabriqués. Photo presse havraise.
Le parking entre les deux voies après la construction du mini-souterrain. © JJ. Rosconval.
Dans le même contexte, il était question de construire un auto-pont qui devait permettre la liaison depuis le pont Jean-Jacques Rousseau jusqu’au tunnel Jenner. Cet ouvrage était destiné à atténuer la circulation dans ce secteur et canaliser le flux des véhicules venant des quartiers sud. Ce projet a été rejeté par le « Comité du Rond-Point » association de défense des commerçants du quartier, car il nécessitait, entre autres, d’importantes suppressions de commerces.
Un projet qui aurait supprimé beaucoup de commerces dans la rue Jean Jacques Rousseau, c’est pourquoi il fut refusé. © Havre-Presse 1976.
Les années 1980 allaient être décisives pour la réalisation du projet initié en 1949. Ce sera la décennie, tout du moins le croyait-on, où les dernières démolitions seront effectuées, les problèmes de circulation et de stationnement résolus. Ce qui restait à démolir est visible sur la photo de 1978 ci-dessous :
Les zones entourées en rouge seront celles des dernières démolitions. La zone en bleu concerne seulement un bâtiment dont la destruction n’interviendra qu’en 2010. © IGN.
Les deux secteurs mentionnés ci-dessus devaient offrir, après démolition, des places supplémentaires de stationnement. On remarquera la zone entourée en bleu dans laquelle se trouvait l’Ecole Nationale de Musique de Danse et d’Art Dramatique du Havre (l’E.N.M.D.A.D.), ainsi que les bureaux de la Sécurité Sociale du Rond-Point
C’est en 2010 que disparaitra ce magnifique bâtiment attaqué par la mérule, un champignon provoquant la pourriture du bois. © Dan.
Il restait donc deux pâtés de maisons à démolir avant d’arriver au terme de l’œuvre entreprise en 1949. Mais certaines réticences de la part des habitants et commerçants retarderont la fin des travaux. Dans le premier pâté de maison, l’opposition viendra de la coutellerie sise au 197 rue Maréchal Joffre. A tel point qu’on ne pourra pas complètement démolir l’immeuble abritant la bijouterie Lepage.
La bijouterie Lepage au 193-195 de la rue Maréchal Joffre. A ses côté la coutellerie sise au 197 de la même artère. Coll privée.
Le même endroit de nos jours. © Dan.
Comparaison des deux époques sur un même cliché. © Dan.
Dans le prochain article nous verrons comment ce pâté de maison a résisté jusqu’au dernier moment à la pioche des démolisseurs.
Sources : Havre-Libre – Havre Presse – Compte rendu des séances du conseil municipal 1960- 1989.
Crédit Photos : Archives municipales du Havre.
Collections photos : collection Michel Fouquet & Dan.
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Merci de votre visite. Suite dimanche 23 octobre. Dan.