Le prix Pollock.
Antony Pollock, richissime américain, mourut dans le naufrage de « La Bourgogne » le 4 Juillet 1898. Ses héritiers instituèrent un concours récompensant, pour une somme de 100.000 francs, toutes inventions permettant la survie des victimes de naufrage.
Le premier concours eut lieu en 1900, mais devant les « inventions » plus ou moins loufoques le prix ne fut pas attribué. Ils organisèrent un deuxième concours « Pollock » avec de nouvelles règles où il était question cette fois de sauvetage collectif des naufragés et non plus individuel.
Mais ce prix ne fut jamais décerné en raison de la prolifération des inventions.
Un journaliste de l’époque, Rodolphe Gersac, décrivait bien les raisons de cet échec, pour lui : « aucune invention n’avait les faveurs du jury du fait des conditions imposées qui sont d’une précision tellement draconienne que ce prix risque de n’être jamais distribué ».
Le naufrage de « La Bourgogne » vu dans le journal « Le Parisien » en 1898. Coll Dan.
Cela ne découragea pas les inventeurs qui continuèrent à proposer leurs créations.
L’invention du capitaine Donvig.
Le port du Havre a vu passer toutes sortes d’embarcations ayant pour vocation le sauvetage des victimes de naufrages. Parmi ces réalisations commençons par celle du capitaine Norvégien Donvig avec sa sphère flottante.
C’est dans le bassin de la Citadelle qu’il effectue les essais de son invention.
Le capitaine Donvig sortant de sa sphère. Revue l’Illustration novembre 1902. Coll Dan.
L’appareil de Donvig se présente sous la forme d'une boule métallique creuse de 2,65 mètres de diamètre pourvue d’une cheminée d’aération à fermeture automatique. La sphère est équipée d’un bourrelet en liège autour de sa circonférence pour la protéger des chocs.
À l’intérieur un banc circulaire permet à 16 hommes de s’asseoir. Sous leurs pieds se trouvent quatre réservoirs d’eau douce avec un système de pompe pour leur consommation. Des caisses de vivres devaient permettre d’alimenter les naufragés pendant 6 semaines au moins.
Embarquement dans l’appareil de sauvetage du capitaine Donvig désigné par une croix par le journaliste de l’époque. Coll Dan.
Une fois l’eau douce consommée dans un des réservoirs elle est remplacée par de l’eau de mer pour rétablir l’équilibre. On trouve également à bord un mât de fortune et des voiles pour naviguer si les conditions le permettent.
Les essais sont effectués avec des personnalités à bord, tel le journaliste de « La vie Illustrée », Mme Fyen femme d’avocat ou encore M. Bryn de la maison Christiania.
La sphère remontant à la surface après avoir été précipitée dans l’eau. Coll Dan.
Le journaliste raconte : " Ce fut une impression de chute effroyable, puis une brusque remontée, et moins d’une minute après le retour à la surface du bassin, l’un des « trous d’homme » ayant été ouvert, les voyageurs un à un sortirent de la sphère".
Les principes étudiés par le capitaine Donvig ont été mis à profit par la suite, car ils sont toujours appliqués de nos jours, à l’exemple des capsules de survie des plate-formes pétrolières.
Photo © Keller Williams. Houston.
Robert Diamond Mayo.
L'invention de l'américain Mayo avait déjà retenu l’attention du Président Théodore Roosevelt. Il se présente néanmoins au concours Pollock organisé au Havre.
Avec ses fils William et Robert, il rêvaient d'un nouveau type de canot de sauvetage qui aiderait les marins des Grands Lacs à survivre. Ils cherchent et perfectionnent pendant des années un bateau qui remporte la médaille d’or à l’exposition de Panama de 1901.
Le « Mayo Life Boat » dans le bassin du commerce. Coll Dan.
Son bateau en forme de cigare fait 6,08 mètres de long, pour un diamètre de 2,13 mètres. Il possède une coque en acier qui tourne autour de la coque intérieure. Il peut contenir 50 personnes avec eau et vivres pour un mois. L’équipement est complété par une ancre, un mât amovible avec voiles et des rames en cas de besoin.
Le capitaine Robert Diamond Mayo a investi entre 75 000 et 100 000 dollars dans une usine de Tolède (USA) pour fabriquer son canot de sauvetage breveté en 1908.
Mais la Première Guerre mondiale met un terme à ses recherches. Les progrès scientifiques modifient considérablement la technologie maritime et la conception des canots de sauvetage. Celui du capitaine Mayo devient obsolète et le contraint à fermer son usine.
Néanmoins c’était un innovateur et un pionnier, car bon nombre de ses inventions se perpétuent de nos jours dans la technologie des sous-marins actuels.
Sources :
La vie illustrée 1902.
« Le Petit journal » du 26 juillet 1902 ».
« Le petit Parisien » du dimanche 17 juillet 1898.
Stilgoe John : Canot de sauvetage, université de Virginie Press 2003.
BiblioLif 2008.
Crédit Photos :
La vie illustrée 1902.
BiblioLif 2008.
Keller Williams. Houston.
Merci de votre visite.
Un concours dont le règlement est si pointu qu'on ne peut le gagner?? J'ai un instant, pensé à certaines de nos démarches administratives actuelles
Qu'il est chouette cet article sur l'évolution des moyens de sauvetage maritime. Intéressant de voir que ce principe, a déjà traversé plus d'un siècle.16 personnes et 6 semaines de vivres dans une boule si petite, ça devait être un enfer à vivre.
Si ce procédé à conservé la forme d'une sphère pour les plateformes offshore, il existe aussi sur les navires. Regardez bien, situé à l’arrière de nombreux cargos, cet étrange canot , toujours orange. Le fameux canot "free fall" (chute libre).
En voici un en démonstration
https://youtu.be/DFkqPSPjhKk
Et pour les tests extrêmes, une chute de 60 mètres:
https://youtu.be/Ly05OF6OAWc
Il existe des vidéos où l-on voit ce qui se passe à l'intérieur au moment de la chute. C'est pas exactement Disney Land
Bon dimanche mon ami, et encore merci pour ce passage par le monde maritime
Amitiés
JM