L’institution Saint Joseph. 1-2
L’origine de l’institution Saint Joseph du Havre.
En 1872 le supérieur de l’institution ecclésiastique d’Yvetot M. Couillard, décide de créer une filiale au Havre. C'est depuis 1864 que l’idée de cette création germe dans l’esprit des parents d’élèves Havrais. Ils considéraient que leurs enfants en études à Yvetot , étaient trop éloignés de leur famille.
Dans un premier temps il ne s’agissait que de concevoir une classe enfantine.
En 1871, sur l’initiative de monseigneur de Bonnechose, le chanoine Robert et le supérieur Couillard se rendent au Havre pour étudier la possibilité d’aménager cette filiale Havraise.
Ne trouvant pas de local approprié ils décident de faire une construction neuve. C’est le chanoine Robert qui dessine les plans de l’externat. Commencé le 26 février 1872, c’est le 7 octobre de la même année qu’il ouvre ses portes avec comme directeur, l’abbé Varin. Il est secondé par trois professeurs pour 27 élèves.
Le périmètre initial de l’institution est donc très restreint. Mais ses directeurs successifs l’agrandiront en achetant les terrains alentours. En 1920 il est compris entre les rues : de Fécamp, du boulevard François 1er, Gustave Cazavan et Victor Hugo.
Ci-dessous un plan montrant cet emplacement dans le Havre de l'entre-deux-guerre.
Ci-dessous le même lieu en photo datant de 1925, avec (1) l’Institution Saint Joseph, et sa chapelle (2). L’église Saint Joseph (3). Les chantiers Augustin Normand (4). La caisse d’épargne alors encore implantée sur ce qui deviendra l’avenue Foch (5). © I.G.N.
L’institution, comme la plupart des écoles à cette époque, est d’un style simple et quelque peu austère. C’est sous la conduite de l’abbé Eugène Julien en 1901, et avec le concours de l’architecte William Cargill que cette apparence est modifiée.
Le maître d’œuvre conçoit un long bâtiment confortable, aéré, lumineux et plus accueillant. Les photographies de l’époque en témoignent.
Ce même architecte conçoit une chapelle dans un style dit néobyzantin. Inaugurée en 1903, elle enclot la cour de récréation du côté sud.
Du côté opposé, c’est-à-dire vers le nord, la photo offre un point de vue sur la cour de récréation, mais également sur le bâtiment de la direction. Ce dernier a son entrée sur la rue d’Orléans, devenue Victor Hugo en 1884. Sur la droite on aperçoit l’abside de l’église Saint Joseph.
Par bonheur cette institution a été beaucoup photographiée au début du XXème siècle, ce qui nous permet aujourd’hui de voir non seulement ces édifices disparus, mais également la rue de Fécamp, qui n’a pas été reprise lors de la reconstruction d’après-guerre. Voici deux vues présentant cette artère aujourd'hui oubliée :
Le rue de Fécamp vue sous l’angle nord-ouest sud-Est :
L’institution de l’intérieur :
Les premiers directeurs de l’institution du Havre sont nommés par celui de la maison d’Yvetot M. Couillard. Ce dernier vient chaque mois au Havre vérifier que tout fonctionne bien. Il s’occupe lui-même de la distribution des prix ou du bon déroulement de la rentrée des classes.
S’ensuivront d’autres dirigeants, notamment Eugène Jomard. Sous sa direction de 1886 à 1893, l’externat du Havre s’affranchit doucement mais sûrement de celui d’Yvetot. C’est l’abbé Julien qui fera de Saint Joseph un établissement secondaire de premier ordre. L’institution cesse d’avoir l’allure et les méthodes d’une garderie d’enfants pour s’assimiler à celui d’un lycée. Ses successeurs suivront son exemple en enrichissant l'enseignement donné avec de nouvelles matières. Ces dernières impliquaient la création de nouvelles classes qui seront constituées dans la foulée.
En 1908, suite à la loi de séparation de l’église et de l’État de 1905, l’institution ecclésiastique d’Yvetot ferme ses portes n'ayant pu s'adapter à cette nouvelle loi .
Désormais c’est au Havre que tout se passe
La chapelle
Bien entendu ce qui caractérise cet institution du point de vue architectural c’est surtout sa chapelle. Il existait bien un oratoire du temps d’Eugène Jomard, mais il n’était que provisoire et trop petit. C’est avec l’abbé Ernest Julien à partir de1901, que l’institution acquiert son style définitif avec la façade du bâtiment principal et la chapelle, toutes deux conçues par W. Cargill.
Dans le sens inverse la chapelle domine de toute sa blancheur la rue Gustave Cazavan.
Si on se replace au même endroit que le photographe d’antan et que l’on adopte le même angle de vue, la surprise est complète. Voici le résultat avec l’endroit de nos jours et la superposition des deux époques :
L'intérieur est à l'image de l'extérieur avec son style dit « néobyzantin ». Cet art architectural est une hybridation entre « l’art nouveau » très en vogue à la fin du XIXème siècle et l’art byzantin hérité de la lointaine Byzance.
La guerre 1914-1918
Pendant le premier conflit mondial l’institution devient un hôpital temporaire comme bon nombre d’écoles ou édifices publics au Havre. Il porte le numéro 15 selon la nomenclature établie pendant cette période. Les soldats en convalescence aiment à s’y faire photographier en groupe afin d’envoyer à leur famille la carte où ils figurent. Ce fut le cas pour un des soldats, Albert Guérard, en convalescence dans cet établissement.
En 1925, devant le nombre toujours croissant de jeunes élèves, le supérieur de l’institution, à cette époque Auguste Vignal, fait construire un bâtiment à l’angle du boulevard François 1er et rue Cazavan afin de les accueillir.
Fin de la première partie, suite le 14 avril avec la destruction de l’institution pendant la seconde guerre mondiale, et le nouveau St Jo.
Sources :
Edward Montier L’institution Saint Joseph du Havre.
Bulletin des anciens élèves de l’Institution Saint Joseph. Février et mars 1946.
Petite histoire de Saint Joseph. Jacques David 1995
Max Bengtsson & Gilbert Betton : Centre historique du Havre. Quartiers Notre-Dame et Saint Joseph. 2005.
Crédit photos :
CHRH.
I.G.N.
Dan.
Remerciements à Patrick Bertrand.
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