La clinique des Ormeaux. Le Havre
Raconter l’histoire de cette clinique c’est comme raconter l’histoire de l’urbanisme au Havre.
Ouverte en 1905, elle s’est d’abord appelée « Maison de Santé ». Elle n’aura de cesse de s’agrandir, un peu à l’image de la ville du Havre qui s’est développée en dehors de ses remparts.
Cet établissement situé rue des Ormeaux fut fondé par M. Delarue et par MM les
docteurs Guillot, De Boissière et Ternet. Elle était d’une taille bien modeste au début, avec
seulement 15 lits.
Très rapidement la « Maison de santé » devint trop petite et ne put accueillir tous les patients. Aussi, en 1908, ses dirigeants firent l’acquisition d’une propriété au 2 impasse De Gaule (1) située au sud de la maison de santé. Ce ne sera pas le premier achat ni le premier agrandissement de cette Maison de santé. D’année en année elle s’est agrandie jusqu’à englober tout le secteur compris entre la rue des Ormeaux et la rue Guillaume le Conquérant.
Comme tous les hôpitaux et cliniques à cette époque ce sont des religieuses qui soignaient les
malades. On fit appel à la communauté d’Ernemont de Rouen laquelle envoya six sœurs le 9 octobre 1905 pour prendre leur fonction dans ce nouvel établissement.
En 1906 la première supérieure fut nommée, il s’agissait de Mère Marie-Bernadette qui prit la
direction matérielle et morale de la Maison de Santé.
(1) Cartographe du 17-18 ème siècle. Impasse aujourd’hui disparue.
En 1954 la raison sociale de la « Maison de santé des Ormeaux », devint « Clinique des Ormeaux ».
Au cours des années de 1908 à 1957, on compta jusqu’à 12 remaniements majeurs de l’établissement, entre démolition, constructions, agrandissements et surélévations. Sur le plan cadastral ci-dessous la « Maison de Santé » est figurée en rouge. Toutes les zones colorisées représentent les différentes acquisitions de 1908 à 1957. Le domaine à partir de cette année-là ne pourra plus s’agrandir. Ce ne sera qu’aménagements agrandissements constructions etc, mais dans la limite de la propriété même.
- 1 La Maison de Santé.
- 2 Le pavillon « Besançon » du nom du propriétaire.
- 3 le 18 rue des Ormeaux.
- 4 la propriété de M. Schadegg.
Bien entendu tous ces travaux n’avaient qu’un seul objectif, offrir de meilleures
conditions d’hébergement et de soins aux malades...
…mais également permettre d’accueillir de nouvelles disciplines thérapeutiques avec leurs
médecins spécialisés.
Ces travaux changeront complètement l’apparence extérieure de la clinique. Tout n’ayant pas été photographié, Havrais-Dire vous présente celles disponibles sur ce thème.
Rue des Ormeaux.
Deux cartes postales illustrent bien les premiers changements de la Maison de santé. Ce sont des vues prises de la rue des Ormeaux concernant le bâtiment au 18 et 20 de cette artère. La photo ci-dessous est prise après 1912. Le point rouge représente le 18 acheté cette année-là, le point bleu le 20, propriété qui sera loué à la famille Besançon en 1922.
En 1927, les travaux d’extension du pavillon situé au18 portera la capacité d’accueil à 60 lits.
Ci-dessous le 18 avec son extension en hauteur et en largeur. Le point bleu étant
toujours le pavillon Besançon.
Bien évidement si l’on se place au même endroit de nos jours on ne reconnait plus rien, la clinique ayant été remplacée par un groupe d’immeubles baptisé « Le Charme ». Même la numérotation a changé, le 18 a disparu, seuls restent les 20 et 24, photo ci-dessous.
Dans le périmètre de la clinique, même constat, les photographes d’antan ont fixés sur pellicules les bâtiments tels qu’ils étaient à leur époque. Ci-dessous la façade sud du 18 rue des Ormeaux après 1912 (flèche rouge). A droite la propriété des « Besançon » au 20 de cette même artère (flèche bleue).
Comme abordé plus haut, en 1927, nouvel agrandissement du pavillon au 18 de la rue des Ormeaux. C’est sa partie orientale où sera construit un immeuble d’une capacité d’accueil de 60 lits. Photo ci-dessous.
De nos jours plus rien n’est reconnaissable, seule la position géographique du pavillon au 18,
visible sur les photos I.G.N, permettent de localiser son emplacement
aujourd’hui.
Ci-dessous deux photos du même lieu à 100 ans d’écart. On constate tout de suite qu’il est illusoire de vouloir se placer exactement au même endroit que le photographe d’antan. Seuls quelques
repères permettent d’avoir une vision approximative de son emplacement.
Ici par exemple, la flèche rouge indique l’angle nord-Est au carrefour des rues Louis Delamare et Guillaume le Conquérant.
Ci-dessous, dans la mesure du possible, le même endroit de nos jours, avec la position
géographique du carrefour indiquée par la flèche rouge.
Le rôle de la clinique pendant les deux conflits mondiaux.
1914-1918.
Pendant la première guerre mondiale la clinique faisait fonction « d’ambulance », c’est-à-dire un
hôpital militaire accueillant les blessés de guerre. Ce service fut confié aux Docteurs Lemonnier et De Boissière. Néanmoins le dernier étage de la clinique était réservé aux civils.
1939-1945
Pendant la deuxième guerre mondiale une partie de la clinique fut transférée dans le château d’Auberville-La-Renault en Seine-Inférieure (Seine-Maritime aujourd’hui). Cependant une équipe
médicale restait au Havre pour soigner les victimes des bombardements.
Le conflit terminé, la clinique continua de s’agrandir, le 18 rue Louis Delamare fut surélevé offrant 25 nouvelles chambres et un bloc opératoire ultra-moderne. Avec ces travaux, le bâtiment d’origine
disparut complètement. Mais le plus important fut l’achat de la propriété de M. Schadegg à l’encoignure des rues Guillaume le Conquérant et Louis Delamare. Le pavillon d’origine succombait lui aussi avec les nouvelles constructions. Tous les bâtiments situés sur la rue Louis Delamare
devinrent un gigantesque bloc de plusieurs étages comme on peut le voir sur la photo ci-dessous : (encadré en bleu)
Ne pouvant plus acquérir de nouveau terrain, c’est dans le périmètre même de leur domaine que de nouveaux immeubles furent construits.
Dans l’intervalle, en 1985, les dernières sœurs quittèrent la clinique. Parmi elles, sœurs Saint Jean arrivée en 1919 quitta la clinique en 1985 après 66 années de bons et loyaux services. Une
longévité assez rare pour être signalée.
Bien entendu tous ces agrandissements, surélévations, constructions, sont en rapport d’une part avec le nombre de patients toujours en augmentation, mais aussi avec les progrès des équipements médicaux réclamant davantage de superficie.
Autre nécessité, le service des urgences, il fut installé dans un bâtiment construit au début des
années 1970, à l’encoignure des rues Guillaume le Conquérant et Louis Delamare.
Peu avant 2005 la situation se présentait ainsi :
La clinique était de toute évidence trop encaissée, trop à l’étroit dans ses murs, pour envisager un développement harmonieux. Au demeurant l’accueil et les soins des patients risquaient de se
dégrader si l’on ne faisait rien.
C’est pourquoi dès le début des années 2000 un projet de délocalisation est à l’étude. Il se
concrétisera à l’été 2005. La clinique déménagera dans le quartier aujourd’hui appelé « Vauban » mais qui porta le nom de « raffinerie » en raison des raffineries de sucre dans ce secteur.
Leur nouveau domaine, d’une superficie notablement plus grande, permit la construction de différents pavillons. Ainsi l’accueil et le confort des patients s’en trouva améliorés. De plus, le quartier comprend plusieurs parkings proches pour les visiteurs, sans oublier celui de la clinique. Dans ces conditions il n’y eut aucun regret à quitter le quartier des Ormeaux.
La fin des Ormeaux d’origine
Les photos de monsieur Martial Ségur sur la démolition de la clinique des Ormeaux, permettent d’avoir un regard différent sur celle-ci. Elles nous donnent à voir des bâtiments n’ayant pas fait
l’objet de photos particulières.
La première de celle-ci symbolise deux époques, avec les anciens bâtiments construits en briques jaunes et rouges et en premier plan le bâtiment plus récent en béton armé.
Les deux photos suivantes démontrent bien l’exiguïté dans laquelle les derniers bâtiments furent construits.
Le bâtiment récent que l’on aperçoit ci-dessus derrière l’arbre en pointe, se prolongeait jusqu’à la
limite de la propriété. Il était proche des habitations comme on peut le constater sur la photo ci-dessous :
Aujourd’hui la clinique des Ormeaux continue son activité en dehors de son berceau natal, mais
ceci est une autre histoire.
...à Martial Ségur
PS : Havrais-Dire étant un blog où ses amis peuvent intervenir, voici de la part de Gérard Deshayes trois photos supplémentaires de la démolition de la clinique des Ormeaux. Avec ses clichés on voit bien l’environnement de la clinique et la manière dont elle a été démolie.
Merci Gérard.
Remerciements :
Martial Ségur pour ses photos.
Benoit Wieczak.
Sources :
Madame Thérèse Wieczak du Comité d’entreprise « Clinique des Ormeaux historique de la clinique jusqu’en 2005 ».
Site des ormeaux https://www.ormeaux.com/historique.html
Gilbert Betton : De Danton aux Ormeaux 1994 ISBN 2-867432-17-0
Sources iconographiques :
Martial Ségur.
Gérard Deshayes.
Nicéphore.
Archives Départementales Seine Maritime.
I.G.N.
Google Earth.
Dan.
MERCI DE VOTRE VISITE.