Les cinémas Havrais -5- Le Bon cinéma et Les Ormeaux
Cette semaine deux cinémas : Le Bon Cinéma et Les Ormeaux
Le Bon Cinéma
Pourquoi un tel nom ? C’est une histoire un peu particulière. Avant d’être une salle obscure c’est un cabaret du nom de « la Scala » situé au rez-de-chaussée 19 rue Faidherbe. Comme tout cabaret digne de ce nom un pianiste interprétait des airs à la mode de l’époque.
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Au-dessus du cabaret c’est l’hôtel Saint Louis abritant les œuvres sociales en faveur des pauvres du père Arson.
En 1913 le cabaret est en vente, le curé de Saint François aimerait s’agrandir en l’achetant mais il est sans le sou. Un groupe de catholiques vient à son secours ainsi que le conseiller municipal pour lui apporter un appui pécuniaire. L’affaire est conclue la même année et c’est ainsi que naît « Le bon cinéma » un établissement destiné surtout aux jeunes.
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Si son enseigne indique « Bon Cinéma » c’est aussi en raison du contrôle que le père Arson aurait exercé sur les programmations. Pas question pour lui de montrer n’importe quel film comportant des scènes osées, les embrassades y sont proscrites.
Si une séquence ne peut pas être coupée le père Arson veille à ce que le projectionniste (ou lui-même) mette la main devant le projecteur pour que l’image ne soit pas visible du jeune public. Légende ou réalité, cette anecdote traduit assez bien la personnalité du Père Arson.
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Pas de photo de ce Bon cinéma, par contre la Scala a fait l’objet de cartes postales qui permettent de voir l’entrée de l’établissement et donc du futur « Bon Cinéma ».
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Ce cinéma perdure jusqu’en 1936, il n’aura duré qu’une vingtaine d’années. Quant au père Arson il meurt en 1948.
* * * * * *
Le cinéma Les Ormeaux
Créé en 1875 rue des Ormeaux, l’actuelle rue Louis Delamare, le patronage Saint Thomas d’Aquin a pour mission d’occuper la jeunesse avec différentes activités sportives manuelles ou intellectuelles. En 1913 une nouvelle animation leur est proposée, le cinéma. C’est ainsi que le 15 mars de la même année a lieu la première projection avec un film muet.
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Le succès aidant et les spectateurs nombreux, le cinéma s’équipe petit à petit pour devenir une
véritable salle de projection. C’est ainsi qu’en 1933 elle est dotée du matériel nécessaire pour les films parlants quatre ans seulement après les salles commerciales. En 1940 il interrompt ses
projections et ne les reprend qu’en 1946.
Les journaux font alors la promotion des films sous le nom de Saint Thomas d’Aquin.
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À cette époque la plupart des cinémas du centre-ville sont sinistrés ce qui draine aux Ormeaux une clientèle plus large que celle des habitués. Cette affluence providentielle permet de financer les transformations de la salle en 1947. Après travaux la fréquentation et les programmes sont à l’image d’un cinéma commercial. Il est inauguré en 1948 et figure dans les annonces du journal Havre-Eclair avec le patronyme : Les Ormeaux.
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Les films sont souvent suivis d’un débat à propos de celui-ci avec un invité touchant de près le
milieu cinématographique. Ces débats confèrent au cinéma une réputation qui au fil du temps
devient nationale. C’est ainsi qu’en octobre 1950 y est organisé « La Grande Quinzaine du Cinéma ». Les thèmes abordés sont multiples : conférences, débats, films historiques, comment faire un film, la musique de film etc. La presse s’en fait l’écho sur plusieurs jours.
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D’autres améliorations sont apportées en 1956 avec de nouveaux projecteurs et un écran pour le
cinémascope. Mais la reconstruction des salles du centre-ville, combiné à l’arrivée de la télévision dans les foyers, entraînent une baisse de fréquentation. A partir de 1964 les journaux ne
mentionnent plus les programmes du cinéma, cependant les projections continuent jusque dans les années 1970 pour ceux de Saint Thomas, mais comme tous ses confères le cinéma « les Ormeaux » doit clore ses séances faute de moyens.
Remerciements :
Aline Lemonnier-Mercier.
Françoise Lefort.
Sources :
Annuaires Micaux de différentes années.
Le journal « Le Petit Havre » et « Havre Eclair »
Max Bengtsson : Saint François un port d’attache 2002.
Gilbert Betton : De Danton aux Ormeaux.1994.
Crédit photos :
Aline Lemonnier-Mercier.
Dan.
INFORMATION
Concernant la zone « ajouter un commentaire ». Malgré mes appels réitérés à
l’hébergeur pour rendre visible ce cartouche ils n’ont pas été en mesure de la rendre plus apparent ? Aussi afin de guider ceux qui voudraient trouver cette zone et commenter mes articles voici une photo qui indique où elle est située, c’est à dire au-dessus du dernier commentaire. Les quatre flèches indiquent l’endroit précis où il faut cliquer. Je suis désolé mais je n’ai pas pu faire mieux pour faciliter la visibilité de ce cartouche.
Dan.
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Merci de votre visite.
Pour cette saga des cinémas du Havre, exceptionnellement Havrais-Dire paraîtra tous les dimanches jusqu’à la fin de cette série.
La semaine Prochaine l’Empire.