Les Cinémas Havrais. -4- Du Kursaal au Kursaal en passant par le Montgeon
De la brasserie au cinéma il n’y a qu’un pas.
La Brasserie Nationale, fera mieux que ses concurrentes, qui, rappelons-nous, offraient des séances de cinéma en supplément de leurs prestations ordinaires.
Ici son propriétaire-directeur G. Dubois, abandonne complètement son métier de
brasseur. Il demande au maire Pierre François Morgand, l’autorisation d’effectuer les travaux de la façade avant d’entamer les travaux à l’intérieur. L’accord obtenu G. Dubois fait appel à Auguste Boeswillwald pour transformer entièrement son
établissement et en faire une véritable salle de cinéma, le Kursaal.
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Portrait d’Auguste Boeswillwald, architecte des bâtiments départementaux de l’arrondissement du Havre et concepteur du kursaal.
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Ci-dessous l'annonce de l’ouverture du Kursall dans le journal « Le Petit Havre » du samedi 30 novembre 1912.
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Si l’on n’a pas de photo de la salle elle-même le journaliste du « Petit Havre » du samedi 30
novembre 1912, nous la décrit en détail, extrait :
La salle présente maintenant un aspect charmant, sous ses claires tonalités et ses jolis motifs de décoration.
Le balcon en saillie de la galerie supporte dans ses courbes élégantes des guirlandes d’un fin relief. Tout autour de la base court un cordon de tulipes en staf dans chacune desquelles s’épanouit une ampoule électrique.
Près de trois cent lampes éclairent la salle, garnie d’élégants et confortables fauteuils, et dont le chauffage par la vapeur, ainsi que l’aération, ont été merveilleusement combinés. Trois escaliers
accèdent à la galerie en gradins... etc.
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Comme tous ses confrères Le Kursaal ferme à la déclaration de la guerre en août 1914. C’est le
samedi 26 juin 1915 qu’il accueille de nouveau des spectateurs.
Ce cinéma n’est pas tributaire des sociétés Gaumont ou Pathé, son indépendance lui permet d’avoir un choix de films diversifié.
En 1929, pour la première fois au Havre, il projette un film parlant et sonore. Cette nouvelle
technique mettra fin aux pianistes ou orchestres dans les cinémas.
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Il est également l’un des premiers à avoir un rideau réclame. Déployé lors des entractes. Havrais-Dire reviendra sur la fabrication de ces rideaux réalisés au Havre.
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Pendant l’occupation, le cinéma étant situé dans une zone dite côtière, (1) seules les activités
nécessaires aux allemands ou au ravitaillement sont autorisés à travailler. Le Kursaal se voit contraint de fermer ses portes pour la durée du conflit. Il servira probablement aux allemands mais pour quel usage ?
À noter sur la photo ci-dessous, la marquise a disparu au profit d'un caisson enveloppant.
(1) Ces zones sont sans rapport direct avec les zones totalement interdites en 1942 comme le quartier Saint François.
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En septembre 1944, étant situé dans le secteur des bombardements intensifs, le Kursaal subit d’énormes dégâts. À la libération le centre-ville est inhabitable, en conséquence il est illusoire
d’envisager un retour à la vie normale et à plus forte raison à la reconstruction du cinéma dans
l’immédiat.
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L’exploitation au Havre n’étant plus possible, et en attendant mieux, les propriétaires, les époux Cartier, décident de le recréer dans l’ancien camp américain Herbert Tareyton situé dans la forêt de Montgeon. Ils fixent leur choix sur l’ancienne salle des fêtes américaine qu’ils aménagent en cinéma de 600 places. Le nom vient de lui-même ce sera « Le Montgeon ».
L’ancienne fosse d’orchestre est détournée de sa fonction initiale pour devenir un garage pour vélos les mettant ainsi à l’abri des vols à l’extérieur.
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Le Montgeon fait le bonheur des gamins de la cité provisoire, Pierre Chassain (1)
l’historien des cinémas Havrais aimait à raconter cette histoire à propos du Montgeon :
« Le jeudi après-midi les gamins tournaient devant la caisse, n’ayant pas de quoi payer l’entrée. Madame Cartier, aussitôt les actualités passées, leur lançait : dépêchez-vous d’entrer, je verrai ça avec vos parents.
Mais les enfants savaient que les parents n’en sauraient jamais rien ».
(1) Ne pas confondre avec Charles Chassin. le directeur du cinéma Rex.
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Avec la reconstruction Le Kursaal retrouve le quartier Notre Dame et la rue de Paris. Sa spécialité est de présenter deux films par séance. Les cinémas en général présentent un documentaire ou un court métrage en première partie. Avant l’entracte sont diffusées les actualités ensuite la publicité puis, après une courte pause, le film lui-même.
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Mais comme tous les cinémas il doit faire face à la crise des années 1970. La taxe professionnelle n’arrange pas les choses. Comme ses concurrents il créé un complexe de 3 salles, mais cela ne suffit pas, sa fréquentation décroît lentement mais surement, aussi en 1978 il est contraint à baisser son rideau définitivement.
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Comme bien d’autres cinéma, le Kursaal est transformé non pas en habitation, les locaux ne s’y prêtent pas, mais en magasin d’alimentation.
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Par contre, le Montgeon lui connaît une nouvelle vie, il a été démonté en 1961 puis remonté devant l’église du Sacré Cœur où il sert de local pour la paroisse de la Pentecôte. Rénové en 2006 on peut encore le voir de nos jours.
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Remerciements : Aline Lemonnier-Mercier pour l’aide apportée sous forme de documents divers, et plusieurs photos de cet article.
Sources :
Le Petit Havre de 1985 à 1944.
Le Havre Presse et Le Havre Libre pour l’après seconde guerre mondiale.
Le journal « Cité » recueil.
La fantastique histoire des cinémas du Havre. Pierre Chassin & Richard Recher. Non publié.
Jean-Paul et Jean-Claude Dubosq : Le Havre 1940 1944. Cinq années d’occupation. 1998.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos :
AMH Fonds Melissent
Cédric Conseil
Google Earth.
Dan.
Merci de votre visite. Pour cette saga des cinémas du Havre, exceptionnellement Havrais-Dire paraîtra tous les dimanches jusqu’à la fin de cette série. La semaine Prochaine l’Histoire du Gaumont - Comont.