Les cinémas Havrais -13- Le Splendide.
Attention annonce spéciale en fin d’article
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LE SPLENDIDE
Tout d’abord orthographié : « Splendid’ Cinéma » c’est le vendredi 17 décembre 1926 qu’il propose ses premières projections publiques. Dirigé par Camille Simenel ce cinéma est situé au 175-177 rue de la cavée verte, cette artère étant la limite entre Sanvic et Le Havre.
Sur la photo ci-dessous l’encadré rouge représente l’emplacement où sera construit le Splendide, avec l’octroi Begouen sur la gauche.
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Ouvert au public en décembre 1926, le « Splendid’cinéma » présente en ouverture un film de Ruper Julian « Le fantôme de l’opéra ». Annoncé comme film en couleur, mais en fait il ne comporte que deux scènes tournées en technicolor, tout le reste du film étant légèrement colorisé avec des filtres monochromes.
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Mais son directeur Camille Simenel est un mauvais gestionnaire, il oublie de payer ses fournisseurs,
résultat le cinéma est mis en liquidation judiciaire l’année suivante le jeudi 31 mars 1927.
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Le Splendide est repris par Maxime Daydé, un entrepreneur en matériaux de construction.
Qui mieux que lui pouvait rénover le Splendide ? Longtemps en travaux ceux-ci éveillèrent la curiosité des habitants du quartier.
En 1929 le journaliste du Petit Havre put la satisfaire en visitant la nouvelle salle sur l’invitation de Maxime Daydé lui-même. Sa description permet d’imaginer ce cinéma qui par ailleurs a très peu été photographié hormis une carte postale des années 1930.
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Suivons maintenant la description du journaliste :
[…] Doucement en pente, la salle aligne les rangées impeccables de ses confortables fauteuils - confortables à tous les prix.
Les murs, argentés et joliment ondulés, sont « argent » jusqu’à mi-hauteur. La seconde moitié est tapissée d’un papier seyant, rouge à fleurs noires et or. Le plafond attire votre regard. Il est blanc, carrelé noir, dans le style « Art décoratif ». Le centre est uniquement composé de grilles finement ajourées, de couleur or.
De nombreux arceaux portent 1.200 ampoules électriques, blanches et tango (1) qui diffusent une douce lumière.
[…] L’escalier menant au balcon a des parois en bois délicatement ciselé. Jetons au passage un coup d’œil discret sur les lavabos et W-C. Impeccablement blancs et prenons place au balcon, sur de larges fauteuils rembourrés.
Le regard embrasse toute la salle jusqu’à la scène or et argent. L’orchestre de huit musiciens se tient dans une fosse large et profonde. Un magnifique rideau grenat cache l’écran […] Vous voulez des chiffres ? En voici : la salle est large de 11 m 70, longue de 35 mètres. La scène à 6 mètres sur 7, l’écran mesure 4 mètres sur cinq. […]
(1) Rouge orangé très vif. NDLR.
Le premier film projeté dans le Splendide rénové est « L’inconnue » un film d’Alfred Abel dont il est l’un des interprètes.
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Comme beaucoup de ses confrères, le directeur du Splendide cherche à occuper ses fauteuils au maximum et fidéliser sa clientèle. C’est dans cette intention qu’il propose un billet à tarif réduit pour les séances du lundi, jour de moindre affluence.
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En octobre 1936 du fait de la longue maladie du directeur de l’Excelsior, Jules Demay, (il décèdera l’année suivante), la direction de son cinéma devient commune avec celle le Splendide.
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En 1940 comme tous les autres cinémas du Havre ces deux salles sont obligées de se plier au règlement institué par les troupes d’occupation notamment en ce qui concerne les heures de fermeture.
LA FIN
Le mot fin s’est inscrit sur l’écran du Splendide le 11 septembre 1944. Ce jour-là les bombardiers
recommencent à pilonner la ville haute depuis le nord-Est en se dirigeant vers le sud Est. Mais les troupes alliées ayant progressé dans le Havre, les soldats au sol indiquent leur position à l’aide de fusées éclairantes. Les bombardements cessent aussitôt et les Lancaster font demi-tour. Cependant certains d’entre-eux ont eu le temps de larguer leurs bombes et c’est ainsi que la dernière tombe sur le Splendide.
Il ne restera du cinéma que sa façade, tandis que la salle est entièrement détruite. Une photo IGN de 1949 nous permet de découvrir ce qui reste du Splendide.
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Le filet rouge représente les contours du cinéma On distingue bien le bâtiment comprenant la
façade encore debout sur la gauche. L’arrière n’est plus qu’un terrain vague après l’enlèvement des gravats. Ci-dessous la vue Google Earth prise dans le même angle, permet la comparaison entre les deux époques.
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On retrouve les mêmes repères sur cette vue, l’emplacement du cinéma est figuré par une étoile bleue. C’est un des rares cinémas à ne pas réouvrir après la guerre. À sa place de nos jours c’est le prolongement de la rue Roger Salengro, était-elle prévue depuis longtemps... ? Cliquez sur la photo pour voir l’endroit aujourd’hui.
remerciements à Laurent Comar.
Sources :
Le Petit Havre Gallica.
La cinématographie Française.
Lanterne Magique MGB.
Le Havre 1940-1944 tome I et II Jean-Claude et Jean-Paul Dubosc. Edition 2006.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos :
I.G.N.
Allociné.
Google Earth.
Dan.
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