Les cinémas Havrais -11- L'Alhambra
L’Alhambra
Cinq mois suffiront pour construire le cinéma Alhambra. Conçu par l’architecte Edmond Guiné son œuvre arbore résolument un style Mauresque. L’ouverture a lieu le 2 octobre 1920, avec une grande soirée de gala pour fêter l’évènement le 15 du même mois. Situé au 76 de la rue du Président Wilson il jouxte la grande poste des Gobelins.
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La salle peut contenir 2000 personnes, son plancher est en pente assurant une parfaite visibilité à toutes les places. Tout autour un promenoir en demi-cercle permet aux spectateurs de circuler
pendant la séance. Trois bars séparés disposés sur vingt mètres complètent l’ensemble.
Un détail démontre que les risques d’incendie sont importants dans ces lieux publics, la cabine de projection est entièrement en ciment armé afin de l’isoler du public en cas d’incendie.
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Le directeur de l’Alhambra, Pascal Jacquaniello, met tout en œuvre pour la réussite de son cinéma, pour se démarquer de ses concurrents Havrais, il met à l’affiche des films de producteurs
indépendants.
Il fidélise sa clientèle avec des films à épisodes, les séries de l’époque.
Pour couronner le tout il s’adjoint les services d’un excellent orchestre dirigé par M. Voisin.
Apparu 1927 les films parlants sont tout d’abord américains. Le premier film sonore franco-Allemand, a pour titre : « Sous les toits de Paris ». Il est produit et diffusé en 1930 par la Société des Films Sonores Tobis. C’est aussi le premier film parlant projeté à l’Alhambra la même année.
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Le cinéma ouvre une fenêtre sur le monde, les actualités muettes font déjà partie des programmes des cinémas, mais commentées par un journaliste et sonorisées elles prennent une autre
dimension. Là aussi la concurrence est rude entre les sociétés de production européennes et
américaines. On retrouve entre autres, Pathé, Gaumont et la société américaine Fox Movietone.
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En mai 1940 l’Alhambra est soumis aux mêmes évènements tragiques que ses confrères et suspend ses projections pour ne les reprendre qu’en août de la même année.
En juin 1944, suite au débarquement, le préfet de la Seine Inférieure prend des mesures drastiques pour limiter la consommation d’électricité. Seuls sont autorisés à en consommer les artisans et
industries nécessaire au ravitaillement, boulangerie fabrique de pâtes etc, et seulement dans la
journée, ce qui créer des difficultés d’exploitation pour les cinémas.
Début septembre, une bombe touche l’Alhambra en plein cœur et lui inflige un coup mortel.
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On dégage les ruines du cinéma, mais il ne sera pas reconstruit à son emplacement d’origine. Le terrain ainsi déblayé sert à l’élargissement de rue du Président Wilson.
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La paix revenue, afin de percevoir les dommages de guerre, la propriétaire de l’Alhambra, madame Ulmann, demande à Henri Daigue d’établir un devis à l’identique de son bien comprenant le cinéma et son terrain.
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Les dommages de guerre obtenus, la construction du nouveau cinéma peut commencer au 99
avenue Foch. C'est Henri Daigue qui, une fois de plus, a mis tout son "savoir-faire" pour la
conception de ce cinéma.
Une fois terminé et avant son exploitation, il doit obtenir son certificat de conformité. C’est en mai 1956 qui l’obtient de la part de la coopérative François 1er du département et de la ville du Havre. Madame veuve Jacquaniello devient ainsi la directrice de cette nouvelle salle portant
toujours le nom de "Alhambra".
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À peine sa construction terminée, L’Alhambra connaît un grave problème. Son balcon doit être
reconstruit car la projection n’atteint pas l’écran. Ensuite après quelques mois d’exploitation la
rentabilité n’est pas au rendez-vous. Mais ces péripéties ne l'empêchent pas de passer des films en exclusivité. Parmi ceux-ci, « Laurence d’Arabie » de Sam Siegel et David Lean, dans le format
70 m/m.
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Deux ans seulement après la projection de ce film, l’Alhambra est en difficulté et doit fermer ses portes. En 1967 il est mis aux enchères pour 500.000 francs de l’époque. Mais personne n’enchérit. Faute de repreneur les propriétaires Jacquaniello et Lajam reprennent les séances de cinéma. Pour limiter les frais de gestion ils proposent des films en rediffusion et plus rarement en exclusivités.
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En 1976, tout en restant les propriétaires, Jacquaniello et Lajam vendent le fonds de commerce à Charles Chassin. Ce dernier modernise de fond en comble l’Alhambra avec au rez-de-chaussée trois salles, deux de 99 places et une de 300 places et au premier étage une quatrième salle de 280 places. Sols et murs sont revêtus pour les premiers de moquettes les seconds de tissus, le tout dans une matière ininflammables.
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En 1977 nouveau changement, l’Alhambra est débaptisé pour se nommer « Les Clubs » avec une salle en plus. Mais ce cinéma est voué aux perpétuels changements, à la fois de nom et de
propriétaires.
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En 1988 c’est un certain monsieur Voyard qui prend la direction de « Les Clubs » en même temps que celle du Colisée.
En 1995, Le cinéma n’est pas au bout de ses peines, on démoli tout à l’intérieur pour créer trois salles supplémentaires. Pour ce faire on creuse le rez-de-chaussée et on ajoute un étage de plus augmentant ainsi le volume général du bâtiment permettant la création de 3 salles additionnelles.
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La suite de l’histoire de ce cinéma est un véritable casse-tête en raison des différents directeurs, propriétaires et sociétés de productions qui se succèdent. Son nom même change à plusieurs
reprises puisque de « Les Clubs » on passe à « UGC » puis « UGC les Clubs », pour en revenir à « Les Clubs ». Le nombre de salles varie aussi au gré de leur rénovation et des exploitants. De la salle unique de l’Alhambra du début, on passera à 4 salles puis à 5 pour en revenir à 4.
Avec l’enseigne « Les Clubs » il y en aura jusqu’à 7, puis repassera 5 en fin de parcours.
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N’étant pas rentable il ferme ses portes après 2006. Mais avant d’être livré à la pioche des
démolisseurs, le cinéma donnera ses dernières représentations sous le nom de "Sirius". En effet Stéphane Foulogne fait construire son nouveau cinéma d’art et essais rue Duguesclin. Mais en
attendant qu’il soit terminé, il s’installe provisoirement dans l’ex « Les Clubs » de 2014 à 2016.
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La démolition du cinéma a permis de voir sa charpente interne. Certaines parties devaient être conservées, comme les piliers en vue d’un projet immobilier. Mais tout a été démoli, aujourd’hui il n’en reste plus rien. Un autre projet immobilier le remplacera, mais sans cinéma, l’Alhambra aura
vécu…
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En ce début 2025 les travaux de la nouvelle construction ont commencé. Aujourd’hui à la place de la carcasse de l’Alhambra on peut voir ceci :
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Remerciements : Laurent Comar pour sa participation active à cette série sur les cinémas du Havre.
Sources :
Le Petit Havre Gallica.
La cinématographie Française.
Havre Libre et Havre Presse.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos :
Pasacal Alinand.
Gérad Deshayes.
Lanterne Magique MGB.
Nicéphore.
Fornallaz
Gallica.
Dan.
Merci de votre visite. Pour cette saga des cinémas du Havre,
exceptionnellement Havrais-Dire Paraîtra tous les dimanches matin jusqu’à la fin de cette série. La semaine Prochaine : L’Excelsior de Sanvic