Les cinémas Havrais -16- Le Grillon

Le Grillon I & II

Après avoir conçu le « Carillon » en 1931 pour Armand Chassin, celui-ci fait de nouveau appel à Henri Daigue pour concevoir son nouveau cinéma baptisé « Grillon ».S’appuyant sur ce qu’il avait déjà réalisé pour lui, l’architecte dessine une façade toujours dans le style « Art-Déco ». Le projet est présenté tel qu’il est dessiné ci-dessous, mais le fronton du cinéma ne sera pas tout à fait réalisé ainsi comme nous le verrons plus loin.

C’est le 30 novembre 1935 que le premier film est projeté dans ce cinéma avec un film de Richard Pottier : « Fanfare d’Amour ». Un film musical qui inspirera d’ailleurs Billy Wilder en 1959, pour son film « Certains l'aiment chaud ». 

Le Grillon était une petite salle si l’on en juge par sa publicité. Son slogan précise : « Le petit cinéma porte bonheur » et plus loin « le plus intime le plus confortable ».
Le Grillon est le premier cinéma dit « permanent », c’est-à-dire que le spectateur pouvait venir à n’importe quel moment du film. S’il avait raté le début il lui suffisait de rester assis et d’attendre la seconde projection. 

Mais cette « permanence » ne fait pas que des heureux, il arrive qu’on refuse du monde à la caisse les jours de mauvais temps. En effet une bonne partie de spectateurs sans doute enchanté du
spectacle et du confort du cinéma, préfèrent l’atmosphère de la salle au vent froid de l’extérieur, c’est ainsi que certains d’entre eux ont pu revoir le film trois fois de suite…

Situé 43 rue E. Combes, ce secteur devient un champ de ruines en septembre 1944. Parmi les
décombres apparaît la façade du cinéma avec son fronton et ses lettres géantes à la place du Grillon initialement prévu. Photo collection MGB.

L’après guerre

En raison du remembrement et malgré les modifications de la trame des rues, Armand Chassin peut reconstruire le Grillon approximativement au même endroit qu’en 1935. Son financement étant
assuré par les dommages de guerre. L’architecte Pierre Gas étant le maître d’œuvre, c’est le 8
novembre 1961 qu’il est inauguré avec le film « La belle américaine » de Robert Dhéry.

Charles Chassin succède à son père à la direction du cinéma en 1962.  En 1964 il sera le premier cinéma à proposer un festival « Art & Essai » qui sera reconduit les années suivantes.

Rénové en 1971 par l’architecte Christian Firmin, le Grillon n’échappera pas à la crise du cinéma des années 1980. Plusieurs directeurs s’y succèderont, le dernier en date étant Claude Champmont. En 1981 on y programme des films «X » à l’image de ce qui se faisait déjà au « Rio » ou au « Palace ». Mais cela n’aura qu’un temps face à la concurrence des cassettes vidéo alors très en vogue. En 1984 la messe est dite, le Grillon n’accueillera plus de spectateurs et le local est mis en vente.

La salle servira de discothèque laquelle à son tour cessera toute activité. Par la suite les locaux
seront utilisés par diverses entreprises ou commerces.
Bien placé en centre-ville, la salle fait l’objet d’un projet de réhabilitation en appartements.
Le programme se concrétise à la fin des années 1990. Mais avant, tout doit être déconstruit, seuls les murs de la structure extérieur sont conservés restant ainsi aux normes du classement UNESCO. L’entrée des logements se faisant côté nord.

Remerciement à Patrick Bertrand.
Sources :
La Lanterne Magique.
Le Petit Havre via Gallica.
Havre Libre et Havre Presse.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos affiche :
Lanterne Magique MGB.
Sens-Critique.
Dan.

Merci de votre visite. Pour cette saga des cinémas du Havre,
exceptionnellement Havrais-Dire Paraîtra tous les dimanches matin jusqu’à la fin de cette série. La semaine Prochaine : Le Capitole.

Comments

[FAH]

Bonjour Dan,
Je me souviens avoir vu dans ce cinéma "l'Ile nue", film japonais, quasiment muet, mais poignant. Et aussi peut être Ben Hur ...
L'Alcazar n'était-t-il pas à cet endroit ?
A bientôt !
FAH

[havrais-dire]

Bonsoir Françoise,
J’ai entendu parler de ce film japonais, je crois même avoir vu la bande-annonce lors des séances précédentes, mais j’avoue que cela ne m’a pas tenté du tout, j’ai sans doute eu tort.
L’Alcazar était effectivement un peu plus bas par rapport au Grillon, mais avec tous les changements qui se sont produits dans ce secteur, difficile d’indiquer l’endroit précisément.
Bonne soirée Françoise.

[Papy Scham]

Bonsoir Dan
Encore une très belle série sur tous ces cinémas du Havre qui furent effectivement très nombreux. Je retrouve même des noms de salles qui ont existé près de chez moi: Rio, Palace, etc. Je me rappelle aussi d'un petit cinéma permanent, près de la Gare, le Ciné Train, projection non stop, idéal par mauvais temps et surtout qu'on arrivait à visionner entièrement au cas où. Et que dire des salles réservées aux films érotiques ou porno (quel titre accrocheur Les monteuses --) ) mais les cassettes vidéo ont vite pris le relais et surtout qu'on pouvait se projeter ces films en toute intimité. Je m'égare, mais c'est ce que l'on a tous vécu. Bravo encore pour ce excellent et passionnant reportage bien illustré. Je te souhaite à toi et Marie Jo une belle soirée et une excellente semaines. Grosses bises à vous deux. Amicalement: papy Scham

[havrais-dire]

Bonsoir Pay Scham,
On ne peut pas dire que les propriétaires de cinémas ont fait preuve d’imagination en baptisant leur établissement, on retrouve les mêmes noms un peu partout presque, en France, preuve avec toi. Je n’ai jamais vraiment apprécié le cinéma permanent je trouvais que ça rompait le charme des séances programmées où non seulement on allait voir un film, mais aussi prendre un « bain » social en se mélant au public. Quant aux films pornos on en avait fait vite le tour, ils n’avaient aucun un intérêt « scénaristique ».
Merci pour le travail fourni, travail qui est loin d’être terminé, mais quand on commence à traverser la rivière à la nage on est bien obligé d’aller jusqu’à la rive opposée !
Bonne soirée Papy Scham.

[elisabeth]

Très bien expliqué et documenté, ce qui fait que la note est très intéressante. On se rend compte qu'il y avait beaucoup de cinémas au Havre. Et certains films comme La belle Américaine, nous laissent de bons souvenirs. Merci pour les images Google qui nous permettent de voir les lieux de nos jours. Bonne soirée.

[havrais-dire]

Bonsoir Élisabeth,
J’ai craint un moment que ce procédé ne fonctionne pas partout, mais non, tout marche à merveille. De plus Google Maps étant mis à jour régulièrement je n’ai pas à m’en préoccuper. Quant au nombre de cinémas, oui effectivement il y en beaucoup et comme leur recensement n’a jamais vraiment été effectué jusqu’au bout auparavant je vais tenter d’y parvenir et avec les encouragements des lecteurs je devrai y parvenir. Bonne fin de soirée Élisabeth.

[LAINE]

... nous laissant un arrière gout de regret et de nostalgie. Merci Daniel pour cette nouvelle page de notre histoire.

[havrais-dire]

Bonjour Didier,
Le Grillon n’avait pas à souffrir de la concurrence des autres cinémas, il avait une programmation tout à fait digne d’intérêt et c’était une salle où on se sentait bien.
De rien Didier, j’espère que je ne lasse pas trop les lecteurs avec ces histoires de cinémas, mais ayant commencer ce sera dommage de m’arrêter en cours de route.
Bonne soirée ainsi qu’à Michèle.

[LAINE]

Petit cinéma de quartier, le Grillon avait une bonne réputation et ily avait une bonne ambiance. La mode des cinémas permanents a disparu, et les cinémas aussi nous laissant un aont disparus

[havrais-dire]

...comme on dit "oups"...

[Goe LH]

Salut, Dommage qu'ils n'aient pas conserver la facade art déco ! Je me souviens aussi de Barry Lindon assez soporifique.

[havrais-dire]

Bonjour Goé,
Cela aurait été difficile de conserver cette façade tout le secteur ayant été remembré après-guerre de plus elle n’était pas dans l’angle du nouveau Grillon l’ancienne aurait été de travers dans la nouvelle configuration des rues.
Le film Barry Lindon aurait sans doute gagné à être raccourci, moi de ce que j’en ai retenu c’est la musique arrangée par Leonard Rosenman. Bonne journée Goé.

[E.C.]

Ce "numéro" 16 sur Le Grillon , est aussi intéressant ,cher Dan : Ce cinéma "permanent" pouvait être vu 3 fois de suite ! Puis on voit les ruines de 1944 . C'est sympa de cliquer sur les images que tu signales , avec cette rue ,bien centrale du Havre :Edouard Herriot . Encore merci et bien amicalement à toi et Marie Jo . E.C.

[havrais-dire]

Bonjour Étienne,
Oui, si on entrait dans un cinéma permanent on pouvait y passer tout l’après-midi et même la soirée, je n’ai connu ça qu’au Rio lorsqu’il passait des films américains, westerns ou films de guerre.
Tu es le premier à me parler des vues supplémentaires qu’on a en cliquant sur certaines images, j’ai eu la crainte un moment que ce système ne fonctionne pas mais j’avais tort.
Bon dimanche à toi et Odile.

[Agnes Coursault]

Bonjour Dan,

Ce cinéma, je l'ai pas mal fréquenté et je l'aimais bien.

Je me souviens m'y être endormie à la projection de "Barry Lyndon" !

Je précise que ce n'était pas à l'époque de "Délires porno" et je ne savais pas qu'il avait fini avec une si mauvaise programmation !

Passe un bon dimanche Dan et à la semaine prochaine !

[havrais-dire]

je vouais dire "notament le film 1900 avec Robert de Niro"

[havrais-dire]

Bonjour Agnès,
Peut-être étions nous à la même séance car j’ai moi aussi vu ce film ay Grillon ? J’ai vu pas mal de film dans ce cinéma notamment mais jamais de porno, il n’y a qu’au Rio que j’en ai vu un et ça ma suffit. Beaucoup de cinémas, dont le Grillon, cherchaient des solutions pour les rentabiliser peut-on le reprocher aux dirigeants ?
Bon dimanche Agnès.

[GERARD DESHAYES]

Bonjour Dan,
Les scénarios se suivent et se ressemblent. Toujours la même triste fin. Par contre, là j'arrive doucement en pays connu. J'ai fréquenté le Grillon (pas souvent) et j'ai vu "La belle américaine", mais pas au Grillon (de mémoire au Kursaal où étaient projetés des "rediffusions"
Bon dimanche à toi et Marie Jo

[havrais-dire]

Bonjour Gérard,
Eh oui c’est ça qui est un peu désespérant pour raconter cette saga des cinémas au Havre, comme tu dis c’est toujours le même scénario, mais comment faire autrement ? Le Kursaal était réputé pour diffuser deux films par séance, un film ancien et une nouveauté, alors c’est fort probable que tu l’aies vu dans cette salle.
Bon dimanche à toi et Michèle.

[CetB]

Autant de cinémas au Havre ? Surprenant pour un non cinéphile !
Bon dimanche. C&B

[havrais-dire]

Bonjour Christine et Bernard,
Eh oui il y avait beaucoup de cinéma au Havre et pour le moment je n’évoque que ceux de l’avant-guerre que je n’ai pas encore tous passé en revue d’ailleurs. Ensuite il y aura ceux créés dans l’après-guerre alors autant aller jusqu’au bout de cette saga.
Bon dimanche les amis.