Les cinémas Havrais -20- Le Paris

Après septembre 1944, Armand Chassin fait le triste bilan de ses cinémas, trois d’entre-eux ont disparu du fait des bombardements, le Carillon, l’Apollo et le Grillon, seul le REX est encore
exploitable. 

Aussi en 1951 voulant reconstituer son capital, et avant de reconstruire l’Apollo, il
demande aux architectes Pierre Gas et Henri Daigue de concevoir un nouveau cinéma qu’il baptise « Le Paris ». Il est aménagé au 93 la rue Thiers, aujourd’hui avenue René Coty. 

Étant baptisé « Le Paris » son symbole est en analogie avec le blason de la capitale dont il emprunte l’image de la caravelle. Ce symbole est bien visible à l’extérieur sur la façade du cinéma.

On le retrouve également avec l’éclairage de la salle, ici comparé avec le blason de la ville de Paris.

Lors de l’inauguration du cinéma, en octobre 1954, Armand Chassin reçoit le diplôme des « plus de 30 ans » de la part de la Fédération Nationale du Cinéma. Cette distinction est une reconnaissance de sa longue carrière en tant que dirigeant indépendant. Armand Chassin méritait amplement cette distinction. Ci-dessous l’entrée où s’est déroulée cette remise du diplôme.

C’est donc en 1954 que Le Paris ouvre ses portes au public. D’une capacité de 800 places et doté d’un balcon. La salle a fait l’objet de toute l'attention des architectes décorateurs avec des coloris gris et grenat. 

Son acoustique a été particulièrement soignée avec la diffusion du son au moyen de trois groupes de haut-parleurs stéréophoniques.

La cabine de projection n’est pas oubliée, elle est dotée d’un matériel des plus récent et
perfectionné. Les projecteurs sont des Philips de luxe FP7 fonctionnant avec lecteurs magnétiques.

Le premier film projeté est « Désert Vivant » de Walt Disney.

La recette étant bonne, Chassin exprime sa satisfaction en envoyant un télégramme à la CINÉDIS (1) à Paris.
(1) Cinédis était une société française de distribution de films. Elle a existé des années 1930 jusqu’aux années 1960.

Armand et Charles Chassin mettront souvent leur cinéma à la disposition de diverses associations. C’est ainsi qu’en 1955 la salle projette un film « Les Évadés « au profit de « l’Association des Combattants Prisonniers de Guerre » (A.C.P.G).

Tout au long de son existence, Le Paris proposera de nombreux chefs-d’œuvre du 7^ème art au
public. C’est aussi une salle d’exclusivité Gaumont. Lors de la première de « Astérix le Gaulois », la salle est mise à la disposition du journal « Havre Libre ». Le quotidien avait en effet invité 500
enfants pour une séance spéciale leur étant uniquement réservée.

Malheureusement, à peine deux ans plus tard, la crise du cinéma touche « Le Paris » comme elle
affecte le cinéma en général. L’annonce dans le journal local ne laisse aucun doute. Le Paris ajoute son nom à la liste des cinémas disparus au Havre.

Quinze ans seulement auront suffi pour transformer un beau rêve en amère réalité.

Mes remerciements Laurent Comar pour sa documentation.
Sources :
La Cinématographie Française.
Le Petit Havre via Gallica.
Presse Havraise : Havre Libre - Havre Presse.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos :
La Lanterne Magique MGB.
Dan.

Merci de votre visite. Exceptionnellement pas d’article la semaine prochaine, prochain rendez-vous le dimanche 20 avril.

Comments

[Agnes Coursault]

Bo,jour Dan,

Contrairement à Didier, je n'ai aucun souvenir de ce cinéma.

Il avait l'air bien agréable et confortable mais peut-être pas assez grand pour concurencer les grandes salles.

C'est fou le nombre de cinémas qu'il pouvait y avoir et maintenant c'est le grand vide en ville.

De retour, je vais rattraper mon retard et lire les numéros manquant car c'est passionnant !

je te souhaite un bon dimanche Dan.

[havrais-dire]

Bonjour Agnès,
Comme tu peux le constater, on peut commenter comme bon nous semble ici sur Havrais-Dire. En ce qui concerne le « Paris » c’était vraiment à l’époque un beau cinéma, si je devais le comparer à d’autres cinémas construits à la même époque tel le « Marny » que j’évoquerai bientôt, le Paris était d’une gamme supérieure au cinéma de Sanvic.
En ce qui concerne le nombre de salles, il faut bien reconnaitre qu’avec la télévision et l’offre numérique actuelle au sujet des films, il serait impossible de rentabiliser plusieurs salles de cinéma, c’était donc inéluctable qu’elles disparaissent.
Bon dimanche Agnès.

[Berny]

Votre blog est une vraie source de culture Dan, il faut que je le suivre plus régulièrement. Un très bel article !
Je vous souhaite une agréable fin de journée.
Amitiés.
Bernadette.

[havrais-dire]

Bonsoir Bernadette,
Je connais votre blog avec ses photos toujours de qualité. Quant à suivre le mien pas de souci on peut le regarder librement à n’importe quel moment et s’il y a des questions j’y réponds toujours.
Bonne continuation Bernadette.

[B.O.]

Encore une histoire parfaitement relatée et illustrée.
En route pour un film et qui sait, le cinéma.
Meilleures salutations
BO

[havrais-dire]

Bonjour Olivier,
Ce n’est toujours évident de trouver des illustrations au sujet des cinémas, de même pour les renseignements plutôt rares, mais j’ai voulu quand même raconter cette histoire des salles Havraises, ne serait-ce que parce que personne ne l’avait écrite auparavant. Alors installe-toi dans ton fauteuil la suite va bientôt venir, mais il y aura un petit entracte entre temps.
Bonne journée Olivier ainsi qu’à toute ta grande tribu.

[LAINE]

Bonjour Daniel, tu me replonges dans mes souvenirs de jeunesse, je suis né et j'ai été élevé à quelques centaines de mètres du Paris que j'ai évidemment visité régulièrement. C'était un beau et confortable ciné. Cosy dirait on maintenant. Merci Daniel.

[havrais-dire]

Bonjour Didier,
Ce cinéma si j’en juge par les commentaires, était moins connu que les autres du centre-ville. Pourtant, comme tu le soulignes, il était très confortable et « cosy » comme tu dis. De plus les films proposés étaient du meilleur niveau, mais les lois économiques sont plus fortes que les lois culturelles, on sait ce que cela engendre.
Bonne journée didier ainsi qu’à Michèle.

[elisabeth]

Je me souviens de l'acteur Pierre Fresnay vu dans plusieurs films, pendant mon enfance, mais je ne sais plus lesquels. Dommage pour LE PARIS, il était très beau aussi bien en extérieur qu'à l'intérieur d'après vos photos. J'ai noté que la prochaine publication sur votre blog sera dans 15 jours. Bon dimanche et merci.

[havrais-dire]

Bonsoir Élisabeth,
Pierre Fresnay a tourné dans une trentaine de films dont certains ont marqué des générations et l’un des plus connu est « La Grande illusion » de 1937, ou « L’assassin habite au 21 » un film tourné sous l’occupation ou encore « Monsieur Vincent » de 1947. Sa filmographie est très riche.
Quant à mon prochain rendez-vous en effet ce sera dans 15 jours en raison des difficultés que j’ai à trouver les bonnes sources et les bons renseignements sur le prochain cinéma que je dois traiter, c’est-à-dire du RIO, peu d’archives le concernent alors je peine à trouver de quoi alimenter mon article, j’espère trouver bientôt.
Bonne fin de journée Élisabeth.

[FAH]

Bonjour Dan,
Y suis-je allée ? je ne me souviens pas, bien que j'aie vu le Désert vivant - magnifique - mais où?
Voilà encore une particularité du Havre : le changement, l'évolution. Rien n'y est intangible. Beaucoup de jeunes ne savent peut être même pas ce qui est arrivé à la ville en 1944 ...
Bon dimanche !
FAH

[havrais-dire]

Bonjour Françoise
J’espère quand même que la nouvelle génération sait qu’il y a eu des bombardements en 1944 au Havre, car ceux-ci ont généré la reconstruction, et comme ils vivent dans ce Havre reconstruit comment pourraient-ils ignorer cette page de l’histoire ? En tout cas je fais mon possible pour les en informer à travers le blog et les livres.
Bon dimanche Françoise.

[E.C.]

Encore ,cher Dan, un beau cinéma historique :"Le Paris" ,rue René Coty ,de Armand Chassin :quelle historique ! Bravo et l'on te revoit donc dans 14 jours .Bonne journée ensoleillée et bisous à toi et Marie Jo. E.C..

[havrais-dire]

Bonjour Étienne,
Le Paris é a été une des salles les plus luxueuse construite après-guerre, Chassin aimait bien ce genre d’architecture, tous les cinémas qu’il a fait construire sont de la même veine.
À dans 15 jours Étienne et bonne semaine ainsi qu’à Odile.

[JACQUES]

Salut frangin
Je me souviens de ce cinéma. J'y suis allé mais impossible de me rappeler quand et quel film j'ai pu y voir. J'y suis peut-être allé avec toi comme dans d'autres cinémas que j'ai pratiquement tous fréquentés. Merci pour cette série d'articles sur les cinémas qui réveillent de vieux souvenirs d'enfance. Bon dimanche et bonjour à Marie-Jo.

[havrais-dire]

Salut Frangin,
Je reçois des messages comme quoi certaines personnes ignoraient l’existence de ce cinéma, mais je me suis rendu compte qu’ils étaient d’une génération plus récente, donc c’est normal qu’ils ne s’en souviennent pas.
Quant au film qu’on a vu ensemble ma foi je ne m’en rappelle pas. Si pour d’autres cinémas j’ai un souvenir de film vue dans la salle en question, pour le Paris je ne m’en souviens que d’un seul qui a pour titre « Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? » de 1962, donc ça ne pouvait pas être avec toi.
Bon dimanche à toi et Claudine.

[LEFORT FRANCOISE]

Bonjour mon ami
Comme GOE, à priori ce cinéma me laissait perplexe et puis....dans mon souvenir qui date à deux ans près des mêmes années que lui, je pense me souvenir de ce qui devait être le magasin CNC et qui aurait pris sa place ?
Avec sa large entrée et sa profondeur , j'ai bien l'impression que ça devait être le cas. Tu peux confirmer?
Bon dimanche
Françoise

[havrais-dire]

Bonjour Françoise,
C’est en effet le magasin de meubles C.N.C qui s’est installé à la place du Cinéma, confirmation m’en est donnée par le Micaux, c’est bien utile ces annuaires n’est-ce pas ? Bon dimanche Françoise.

[CetB]

Que de documents et de cinémas !
Formidable pour les cinéphiles !
Bon dimanche. C&B

[havrais-dire]

Bonjour Christine et Bernard,
Je suis sûr que le premier film projeté au Paris vous aurait plu si toutefois vous ne l’avez pas vue, ça évoque un voyage dans la nature, ça devrait vous dire quelque chose…(rire)
Bon dimanche les amis.

[Gerard Friboulet]

Bonjour Dan.
Je me souviens bien de ce cinéma moderne et agréable, mais dont je découvre que les murs étaient recouverts de tissus d'amiante comme indiqué dans l'article de presse.
Les temps ont bien changé, et pas toujours en mal !
A bientôt pour, je n'en doute pas, d'autres découvertes.

[havrais-dire]

Bonjour Gérard,
Bien de cinémas, pour ne pas dire tous, avaient des tentures composées d’amiante. Dans certains articles de la revue « cinématographie Française » ils précisent même que ces toiles étaient teintées de couleurs différentes. Aujourd’hui t’imagines si on s’apercevait qu’il y a de l’amiante dans les matériaux de décoration ? Le cinéma pourrait fermer plus personne n’y viendrait.
Comme tu dis les temps ont bien changé et notre époque malgré ses travers, a quand même du bon.
Bon dimanche Gérard.

[Goe LH]

Salut Dan, Jamais entendu parlé de ce cinéma... même par mes parents.

[havrais-dire]

Oui 6 ans en effet ce n'est pas vieux et on ne se souvient pas de tout à cet âge là !

[Goe LH]

En fin ca ne me dit rien mais j'ai peut être oublié et en 69 j'avais 6 ans

[havrais-dire]

Bonjour GOÉ,
Tu me surprends, il a fermé en 1969 ce n’est pas si loin. Mais j’ai tendance à oublier mon âge et je ne réalise pas toujours que ce que j’ai connu commence à s’éloigner dans le temps. Alors forcément je pense que tout le monde connait mais je commets là une grande erreur c’est pas beau de vieillir…(rire)
Bonne nuit Goé