Les cinémas Havrais -22- Le Marny et le Lido

Comparable à l’« Excelsior » en 1916 ou au « Splendide » en 1926, le « Marny » en 1956 viendra
combler l’absence de cinéma dans les quartiers du haut Sanvic et Mare au Clerc.

C’est sur l’emplacement d’un café restaurant champêtre « La Chaumière » que le Marny est construit, au point de convergence des rues de Saint-Quentin, Jules Guesde, Belfort et Du Vornier. Si l’on regarde l’emplacement du Marny Autrefois il se situait à la limite de Graville Sainte Honorine et Sanvic.

L’origine du Marny.

En 1953, le directeur du Vox et du Royal, Jean Germond, souhaite construire un nouveau cinéma à cet emplacement. Mais l’état de la voirie est déplorable, sans trottoir, ni ruisseau, les eaux usées s’écoulent à même le sol sur la terre battue. Il n’y a pas de « tout-à-l’égout » car celui-ci s’arrête rue de l’Artois en amont du futur cinéma.

Aussi en octobre 1953, Il demande au maire de Sanvic Louis Siefridt, de prolonger ce réseau afin d’en faire bénéficier sa nouvelle construction. Le Marny devait en effet répondre aux règles de
l’hygiène publique pour obtenir le permis de construire.

Les travaux sont effectués en 1954, et le 14 avril de la même année le permis de construire est
obtenu.

Le Marny est conçu par les architectes Louvel et Dechenaud, la salle se compose de 820 sièges dont 114 en mezzanine.

Le 25 janvier 1956 c’est la première séance du Marny avec le film « La Madelon ».

Ironie de l’histoire, la même année, 1956, est inauguré le relais de télévision de Caucriauville dont les signaux sont envoyés depuis le Mont Pinçon à Caen, cela aura des conséquences défavorables pour les salles de cinéma.

En effet, désormais les Havrais peuvent regarder la télévision dans de bonnes conditions bien que les heures de programmes soient encore retreintes, jugez plutôt :

De 12 h 30 à 14 h puis, 19 h 30 à 22 heures. L’horaire des soirées contribuera un peu plus à la
désertion des salles obscures.

Le dimanche 6 mars 1983 a lieu la dernière séance au Marny avec le film « ANNIE ».

Le cinéma est toujours la propriété de Jean Germond, mais dirigé depuis 1969 par Noël Roëlandt qui avait également en charge le Normandy.

Aujourd’hui le Marny n’existe plus, le bâtiment est reconverti en superette, tout d’abord avec la marque « Shopi » et de nos jours avec « Carrefour Contact ». La nourriture corporelle a remplacé la nourriture spirituelle…

*  *  *  *  *

Le LIDO

C’est en 1959 qu’ouvre le cinéma « Lido ». Situé 257 rue Irène Joliot-Curie il permet aux habitants de Bléville et Sanvic de visionner des films sans descendre « en ville ». Son dirigeant est monsieur Gélindo Braidotti.

Sa particularité est d’avoir des sièges couleur bleu roi, ce qui n’est pas courant dans les cinémas où le rouge domine. Malheureusement ce cinéma arrive trop tard. En 1961, suite sans doute au décès de Gélindo Braidotti, le cinéma est mis en faillite.

Il est repris l’année suivante. Mais le sort s’acharne sur ce cinéma, en 1966 il ferme définitivement ses portes n’ayant pu trouver son public. Le bâtiment qui l’abrite sera conservé tel quel ou presque. Après un pharmacien c’est aujourd’hui une entreprise d’ambulances qui occupe les lieux.

Ce faisant n’ayant finalement besoin que de l’espace pour garer leurs véhicules, seule une
ouverture est pratiquée dans la salle côté sud.
Par conséquent les traces du Lido sont toujours visibles, en voici deux exemples : Le 1^er montre le plafond du cinéma tel qu’il était à l’époque.

Sur le second exemple on aperçoit très nettement les ouvertures des projeteurs et les fenêtres du projectionniste.

Le Lido a eu une très courte vie, il avait pourtant tous les atouts pour réussir sauf un, celui d’être né à la mauvaise époque.

Mes remerciements Laurent Comar pour sa documentation.
Sources :
La Cinématographie Française.
Le Film Français.
Presse Havraise : Havre Libre - Havre Presse.
Blog « Voyage au bout de la ville… » de Laurent Durel.
Annuaires Micaux de différentes années.
Crédit photos :
Presse Havraise.
Pierre Rosconval.
Dan.

Merci de votre visite. Pour cette saga des cinémas du Havre,
exceptionnellement Havrais-Dire Paraîtra tous les dimanches matin jusqu’à la fin de cette série. La semaine Prochaine :  Le Cinétréfil et Le Saint Michel.

Comments

[Pierre NOËL]

Bonsoir Dan, c'est un coin de la ville que je connais très peu. J'y suis allé une fois seul. J'aurais aimer le visiter avec toi.

[havrais-dire]

Bonsoir Pierre,
Très heureux de te retrouver sur mon blog, nous avons visiter ensemble pas mal de coin au Havre notamment le port avec l’ami Phyll. Il ne tient qu’à toi de revenir pour visiter d’autres lieux, notamment celui-ci. Je peux te joindre par mail si tu le souhaites et là nous pourrons continuer cette conversation et pourquoi pas, prendre un rendez-vous pour une nouvelle rencontre. Mais je suppose que ton travail te tient éloigner du Havre, en tout cas, quel que soit ta décision et tes disponibilités je serai toujours là pour répondre à tes désidératas.
Bonne fin de soirée Pierre.

[François]

Oui surtout que j'y suis allé avec Agnès quand nous habitions à Clécy, Il est situé à l'ouest de la Suisse normande à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Caen et les combats y ont été particulièrement féroce, donc forcément cela m'intéresse et comme nous étions à coté...

[havrais-dire]

... en effet tu connais bien l'endoit. Tu peux voir que l'erreur est corrigée. A la revoyure François et la bise à Agnès !

[François]

Salut Daniel,
Es-tu sur pour le relais de télévision à caucri dénommé le Mont Pinçon ?? car pour moi le Mont Pinçon se situe dans le calvados, les Allemands y installent un poste de radioguidage à ondes courtes Knickebein pour le guidage des avions de la Luftwaffe, ainsi qu'une tour d'observation, c'est le théâtre des furieux combats en aout 1944 par les soldats britanniques des 13/18 Royal Hussards pour prendre ce lieu stratégique dénommé côte 365 et permettre ainsi l'avancée des alliés vers la poche de Falaise, après guerre un pylône de 200 mètres de haut pour la télévision y est installé, Jamais entendu ce nom concernant Le Havre.
Bonne soirée & à bientôt, François.

[havrais-dire]

Bonsoir François,
J’étais justement en train de corriger cette erreur venant de la légende du journal. Tu verras la correction dans quelques minutes.
Effectivement le Mont Pinçon est à Caen et non à Caucriauville, le relais ne faisait que retransmettre les signaux venant de Caen. Et je constate une fois de plus que tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale ne t’est pas étranger, bravo pour ton savoir.
Bonne fin de journée François !

[elisabeth]

Quand j'ai eu la télévision en 1958, j'avais 6 ans, j'ai déjà pu constater les programmes restreints. Dans les années 60 progressivement, les programmes se sont un peu développés. C'est pour les dépanneurs de télévisions que la mire prenait le relais en dehors des programmes afin qu'ils puissent faire les réglages de lumières et autres. L'affiche de La Madelon en 1956 avec Line Renaud, toujours en vie, nous fait faire un bon dans le passé avec des acteurs connus mais tous décédés. Le Marny est devenu en effet une supérette. Triste souvenir. Pas de chance non plus pour le Lido. Merci pour cette note qui m'apprend beaucoup, comme les précédentes. Bonne fin de dimanche.

[havrais-dire]

Bonsoir Élisabeth,
J’ai connu un technicien dépanneur de télévision, et en effet, il m’avait expliqué à quoi servait la mire, c’est exactement ce que vous dites. J’admire beaucoup Line Renaud, sa carrière est tout à fait exceptionnelle, de chanteuse à comédienne en passant par meneuse de revue, voilà une femme qui aura marqué son siècle.
Quant au Marny devenu supérette, je pense que l’on n’aurait pas pu le reconvertir autrement. Pour le Lido ma foi, il s’en tire pas trop mal, car son architecture est conservée pour l’essentiel.
Bonne fin de journée Élisabeth.

[Goe LH]

Salut Dan, pour moi la photo avec le cycliste date de 1983. Je pensais même que ca pouvait être moi

[havrais-dire]

... effectivement dans ce cas ça pourrait -être toi !

[Goe LH]

J'y passai tous les jours aller et retour entre Saint-Jo et Fontaine la mallet

[havrais-dire]

Bonjour Goé,
C’est possible mais rien ne l’indique malheureusement, ma légende aurait pu être : « Le Marny tel qu’il était en 1956 », car entre ces deux dates il n’avait pas changé. Quant au cycliste ma foi pourquoi pas ?

[LAINE]

Etant un "gars du centre ville" je n'ai pas fréquenté ces cinémas. Il ne me reste que le souvenir, ravivé par Daniel, des extérieurs de ces salles qui faisaient partie de notre patrimoine culturel désormais réduit. Merci Daniel pour ce nouvel épisode qui nous cultive.

[B.O.]

Une constante de vos reportages, c'est l'évolution des lieux et les traces du passé.
Et ces traces sont mises en valeur par votre travail (exemple dernière photo de la publication). Bravo.
Un bonheur de suivre notre "Indiana Jones" de l'histoire du Havre.

[E.C.]

Encore merci ,cher Dan ,pour ce numéro 22 du "cinéma" , avec le Marny et le Lido ,à Bléville ...Encore de belles photos ,et cette grande connaissance ,qui nous font, en effet , connaitre cette historique , Bravo et bisous à toi et Marie Jo . E.C.

[havrais-dire]

Bonjour Étienne,
Merci cher Étienne, tu es un visiteur fidèle de mon blog et c’est toujours avec un grand plaisir de te retrouver chaque dimanche. Je ferai une conférence à la SHED sur les cinémas Havrais, j’espère t’y voir comme je t’ai vu vendredi dernier pour une autre conférence. Alors bon dimanche Étienne ainsi qu’à Odile

[Agnes Coursault]

Bonjour Dan,

Un cinéma qui me parle bien, le Marny.

Nous y allions régulièrement avec les parents le samedi soir, la télé n'étant entrée dans le foyer qu'en 1965 !

C'était bien car ça obligeait à sortir (à pied) au lieu de rester devant le petit écran à la maison, j'ai souvent regretté nos sorties du samedi soir.

Le Marny n'était pas un chef-d'oeuvre architectural mais le Lido (que je découvre) avait une forme très recherchée et c'est chouette qu'il "existe" toujours. J'aime bien qu'il reste des traces du passé et l'intérieur d'aujourd'hui permet de se "projeter" dans ce qu'il fut. (tu as remarqué ce jeu de mot !)

Tu cites "voyage au bout de la ville" et c'est touchant...

Bon dimanche à toi Dan.

[havrais-dire]

Bonjour Agnès,
Attention de ne pas trop te « projeter » ça fait mal à l’arrivée (rire). Sinon tout comme toi nous avons eu la « télé » qu’en 1965, jute à temps pour voir Belphégor ! Aller au cinéma à pied faisait partie du plaisir, plus j’approchais du Marny plus mon émotion s’amplifiait « aurons-nous une place » ? « Y a-t-il la queue » ? Et quand enfin, on s’asseyait dans les fauteuils (de préférences dans la mezzanine) on pouvait se relâcher et apprécier le spectacle.
Ç'eut été dommage de démolir le bâtiment, son architecture n’est pas déplaisante, en tout cas, je la préfère à celle du Marny plus austère.
Bon dimanche Agnès.

[GERARD DESHAYES]

Bonjour Dan,
Le Marny, je connais de l'extérieur, mais je ne suis jamais rentré, que ce soit en tant que cinéma ou bien d'épicerie.
Quant au Lido, jamais entendu parler, ou alors je ne m'en souviens pas. Par contre, je passe souvent devant la société d'ambulance sans soupçonner que ce bâtiment fût autrefois un cinéma..
Mais c'est aussi à ça que sert ton blog !
Bon dimanche à toi et Marie Jo

[havrais-dire]

Bonjour Gérard,
Le Marny était une grande salle un peu froide, car c’était du carrelage au sol et les fauteuils étaient recouverts de moleskine rouge brique, sauf dans la mezzanine où les sièges étaient recouverts de velours rouge. Quant au Lido, c’était vraiment une très jolie salle dont les sièges étaient tous en velours d’un beau bleu-roi, c’est ce qui m’avait frappé lorsque j’y suis allé la première fois. Les films projetés étaient le plus souvent des séries « B » genre péplum ou western, mais ça faisait passer un bon après-midi.
Maintenant, quand tu passeras devant, tu auras une vue différente de l’endroit, tu imagineras un cinéma et non plus un ambulancier, c’est ça Havrais-Dire.
Bon dimanche à toi et Michèle.

[FAH]

Bonjour Daniel,
J'ai habité pas loin de 40 ans pas loin de cet édifice et me suis toujours demandé pourquoi il a cette forme et à quoi il pouvait bien servir . Théoriquement à ce niveau il y avait, a encore ? une mesure d'alignement de la rue, J'espère qu'elle a été abandonnée.
Merci à toi pour avoir répondu à ma question et bon dimanche.
FAH

[havrais-dire]

Bonjour Françoise,
Effectivement, le bâtiment situé au nord de l’ancien Lido aurait dû être démoli pour aligner la rue entre l’actuel ambulancier et le carrefour avec la rue Hannes Montlairy, cela n’a pas été fait, mais rien n’indique que cela ne sera jamais réalisé, les services de voirie ont tout leur temps, ils ne sont jamais pressés, alors abandonnée, je ne saurais le dire, mais quoi qu’il en soit si cela devait arriver le bâtiment ayant abrité le Lido n’a rien à craindre du fait qu’on a déjà tenu compte de cet alignement pour le construire.
Bon dimanche Françoise.

[LEFORT FRANCOISE]

Bonjour mon cher Daniel, il n'y eut sans doute pas de courts métrages ou si peu, projetés dans ces deux salles mais leur destin, lui, fut bien court. Encore est-il heureux que l'architecture, en particulier celle du Lido, ait été sauvegardée. Même transformé aujourd'hui en garage principalement, il a belle et fière allure.
Bon dimanche !

[havrais-dire]

Bonjour Françoise,
Il est possible qu’il y eu des projections de courts métrages dans ces deux cinémas, ne serait-ce qu’en première partie du programme, mais difficile de connaître ces premières parties, car elles n’étaient jamais indiquées dans les journaux. Sinon j’aime bien moi aussi cette architecture de l’ancien Lido, tout bâtiment construit avec des courbes sont, à mes yeux, plus esthétiques, mais ce n’est qu’un point de vue, chacun jugeant selon sa propre sensibilité.
Bon dimanche Françoise.