Le franchissement de la Seine. Première partie
Les traversées de la Seine depuis les bateaux de l’hospice jusqu’au au pont de Normandie en passant par celui de Tancarville et le bac du Hode.
Havrais-Dire va s’intéresser aux traversées de la Seine et aux moyens qui ont permis de franchir le fleuve. Cela va des barques jusqu’à la construction du pont de Normandie.
Mais je n’entrerai pas de manière trop détaillée dans cette histoire très complexe. Je me
contenterais de rappeler, documents à l’appui, que ce franchissement bien qu’en dehors du Havre a joué un rôle important pour les Havrais.
Le franchissement de la Seine
À la fondation du Havre il était difficile de franchir la Seine autrement qu’en bateau. Aucun pont ne reliait les deux rives entre Rouen et la mer.
Au Havre, les premières traversées régulières de la baie de Seine sont effectuées par les quatre
bateaux appartenant aux hospices du Havre et d’Honfleur. C’était une concession qu’on leur avait accordée en 1686. Cela leur permettait de subvenir à leurs besoins pour héberger et soigner les
indigents. Ils conserveront ce monopole jusqu’à la révolution.
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Ces bateaux pouvaient aussi transporter des marchandises et les animaux de la ferme. À Honfleur, le peintre Auguste-Xavier Leprince a fixé sur une de ses toiles la scène d’embarquement du bétail destiné au marché du Havre.
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En 1820, tout commence à changer avec le « Triton » construit en 1818, c’est le premier bateau à vapeur à traverser la Seine en 1 heure 20, les voiliers mettaient 4 à 6 heures pour le même trajet.
Les hospices auront aussi de tels bateaux, le premier baptisé « Notre-Dame-de-Grâce » suivi du « Notre-Dame des Flots ». Tous deux construits par Nillus au Havre.
En 1875, l’hôpital du Havre abandonne les traversées et vend ses parts à celui de Honfleur. Ce
dernier fera de même en vendant les siennes à la compagnie Leprince en 1889. En conséquence, l'hospice d’Honfleur cessera à son tour les traversées de la Seine.
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À partir de cette époque, ce sera une multitude de bateaux qui effectueront ces traversées. Pour connaître une petite partie de cette flottille voir ici et là
Avec ces bateaux les traversées étaient plus faciles et rapides pour les piétons, mais ils ne
pouvaient pas transporter d’automobiles quand celles-ci devinrent plus fréquentes.
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Les autos pouvaient passer d’une rive à l’autre, mais les bacs de l’époque n’avaient pas la capacité d'en transporter en grand nombre.
Les bacs sur la Seine au fil du temps
Les traversées du fleuve étaient effectuées par des bateliers sous la tutelle de la noblesse ou des puissantes abbayes de la vallée. Ces passeurs utilisaient de petites barques à fond plat pouvant transporter hommes et animaux.
Au fil du temps vingt-huit passages seront créés entre Rouen et Quillebeuf. Mais toujours avec des embarcations rudimentaires comme ci-dessus au val-de-La-Haye.
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Avec ce genre de bac il était malaisé de traverser la Seine. Les passeurs devaient avoir une bonne connaissance des lieux et manier leur esquif avec prudence et habilité en tenant compte des
courants qui variaient selon les marées. De plus ils devaient faire attention de ne pas s’échouer sur les bancs de sable très fluctuants et qui changeaient continuellement de place avant les travaux
d’endiguement de la Seine.
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Le premier bac propulsé par un moteur à vapeur est celui de Caudebec en 1868 *. Les traversées deviennent moins difficiles et le nombre de passagers plus nombreux.
Ce que nous pouvons constater avec le bac de Duclair ci-dessous inauguré, lui, en 1872.
* en 1950 ce sera le premier bac à moteur diesel.
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Pour les Havrais, avec le développement de l’automobile dans l’entre-deux guerre, se posera le
problème de la traversée de la Seine. Le bac le plus proche était celui de Port Jérôme * distant d’une cinquantaine de kilomètres. Le bac faisait la liaison avec Quillebeuf, mais il ne pouvait pas
transporter un grand nombre de véhicules, tout du moins dans ses débuts.
* Aujourd’hui Port Jérôme sur Seine.
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Le bac du Hode-Berville
Tout continue ainsi jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Ensuite avec le
développement de l'automobile, un passage plus près du Havre s’impose. Une étude est menée par Barillon ingénieur des Ponts et chaussées pour déterminer le meilleur
endroit pour franchir la Seine par bateau.
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Dans son étude il tient compte des travaux d’endiguement de la Seine toujours en cours à cette époque et qui devaient se poursuivre. Son rapport conclut que le meilleur endroit pour la traversée de la Seine est entre le Hode et Berville. Cette dernière localité a été contesté par les communes avoisinantes non desservies, mais finalement elle sera maintenue.
Un devis est établi pour les travaux d’un montant de 15 millions de francs.
En 1928, suite à cette étude, la municipalité du Havre dirigée par Léon Meyer s’engage dans les dépenses pour le bac du Hode-Berville. Un syndicat est même créé avec l’Automobile Club de France qui fournira à la ville une somme de 500.00 francs d’aide financière pour la construction du bac et ses accostages.
La construction
1er octobre 1929, côté Seine Inférieure, le premier coup de pioche est donné pour la construction de l’estacade du bac. Côté département de l’Eure à Berville exactement, le premier pieu est enfoncé en octobre de cette année-là.
En 1930 un dépassement budgétaire de 2.387.751 frs est atteint en raison de l’inflation sur les
matériaux de base. Les difficultés financières n’empêcheront pas la poursuite des travaux.
Le Conseil Général apportera finalement son aide financière à ce moment-là.
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Les travaux se poursuivront avec les fondations réalisées par les chantiers Roche-Maurice de Nantes. Les chantiers Worms du Trait construiront les pontons et le bac lui-même en 1931. Les
établissements Seibert construiront les passerelles amovibles.
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La traversée de la Seine représente 600 mètres. La liaison entre la terre ferme et les pontons
flottants sont assurés par des passerelles métalliques articulées. Pontons et passerelles sont soutenus par une charpente en bois rive gauche, et en béton rive droite. Sur la rive gauche, la
passerelle étant directement articulée sur la berge comme on peut le voir sur la photo ci-dessous :
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Sur cette même photo la charpente fixe est colorée en rouge, le ponton flottant en vert, et la
passerelle articulée en bleu. Cet aménagement permettait de s’adapter aux variations des marées. Le même dispositif était installé rive droite.
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Sur la rive droite, côté du Hode, la configuration du terrain a nécessité la construction d’une
estacade en béton longue de 490 mètres.
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Une nouvelle route de 6 kilomètres est créée à travers les prairies alluvionnaires de la Seine pour accéder au bac. Depuis le Havre Il fallait prendre la RN 182 (aujourd’hui route des Falaises) menant vers Tancarville. Au Hode on bifurquait à droite en empruntant la nouvelle route qui enjambait le
canal de Tancarville ce que l’on voit sur la photo ci-dessous :
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La RN 182 en direction de Lillebonne, se scinde en deux au carrefour du Hode avec une direction vers le bac, l’autre vers Tancarville. Ce carrefour a fait l’objet de cartes postales, en voici une
montrant la route allant vers le bac.
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De nos jours au Hode, la route menant au bac n’existe plus.
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La première traversée
C’est le mercredi 20 juillet 1932 qu’a lieu la première traversée. Le bac avait la particularité d’avoir le chargement des véhicules sur les côtés tribord et bâbord, et non comme pour ses homologues à la proue ou à la poupe. C’est pourquoi les pontons d’accès au bac étaient flottants afin de se
positionner au même niveau que le pont du bac.
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Le bac du Hode a permis de relier les villes suivantes depuis Le Havre en moins de temps et de
kilomètres comme l’indique la tableau ci-dessous :
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Dès sa mise en service, le bac s’avère insuffisant pour les traversées de la Seine. On verra dans le prochain article qui paraitra le 12 octobre, les solutions proposées pour y remédier.
Sources :
Le bateau du Havre à Trouville Jean Moisy. Catalogue Karl Laurent. 2012 ISBN 978-235507-044-0
Journal « Le Petit Havre » Via Gallica.
Valéry Lebigot : Le Triton premier vapeur entre le Havre et Honfleur.
Edmond Spalikowski : Promenades et causeries 1934. L’ancienne navigation et le Bac de Berville.
Le Havre d’Autrefois texte Charles Roessler 1883 Alexis-Guislain Lemale.
Georges Priem Recueil de l’Association des Amis du Vieux Havre N°30 1973.
GIP Groupement Intérêt Public Seine-Aval. Coordinatrice Valérie Foussard.
Relecture Catherine Dubois.
MERCI DE VOTRE VISITE
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