Le franchissement de la Seine. Troisième partie

Nous avons évoqué dans le premier volet, les installations d’accostage du bac de la rive sud à Berville. Aujourd’hui nous allons traiter de celles de la rive nord au Hode et voir ce qu’elles sont
devenues.

Pour bien comprendre l’évolution des lieux nous allons utiliser une photo aérienne des années 1950, elle nous servira de fil conducteur.
Cette photo sera mise en parallèle avec les installations au sol telles qu’elles sont aujourd’hui. Ce sera aussi une manière d’examiner la situation actuelle au sujet de la canalisation et endiguement de la Seine.

Le numéro sur la photo indique l’emplacement du photographe de nos jours. Tout d’abord le petit bâtiment où était vendu les billets.

 Ci-dessous, le bâtiment actuellement !

Ensuite il y a l’estacade toujours en place mais la nature reprenant le dessus elle disparait petit à petit sous la végétation. Et toujours le numéro pour désigner l’emplacement du photographe de nos jours.

Le même point de vue au sol actuellement : 

Souvenons-nous de la photo de l’estacade prise au même endroit lors de sa construction.

Sur la rive nord les supports des glissières de la passerelle amovible et du ponton flottant, ont été construits en béton et sont toujours visibles. Le numéro 3 indique la position du photographe de nos jours.

La photo ci-dessous est prise au même endroit que le point 3, avec l’objectif dirigé au nord, vers les falaises du pays de Caux.

Ces structures autrefois dans l’eau indiquent clairement que la Seine a changé de lit suite aux
travaux de canalisation dont elle a fait l’objet.

Le fleuve a un nouveau lit plus étroit et plus profond. Cela permet une meilleure navigation vers Rouen.

Le plan ci-dessous illustre la différence du lit de la Seine entre 1959 et celui d’aujourd’hui.

Une digue semi-submersible ( chiffre 1 sur le plan), recouverte à marée haute permet de maintenir les alluvions de la seine à marée basse, sinon elles seraient emportées vers la mer.

La digue semi-submersible vue au Hode, à l’aplomb de l’estacade...

… et vu du pont de Normandie :

Les installations du bac disparaissent peu à peu, sous la végétation ou rongé par la rouille, comme les supports des glissières du ponton ci-dessous :

Par contre une installation n’a pas disparu, elle existe encore et continue à servir. Il s’agit de la
passerelle mobile qui permettait d’accéder au ponton flottant.

Laissons monsieur Patrick Bertrand, spécialiste de l’histoire portuaire, nous raconter l’histoire de cette passerelle après avoir quitté le Hode :
 

La passerelle du Hode a repris du service au quai de l'Atlantique en 1969 pour permettre aux voitures et remorques d'être manutentionnées sur des navires mixtes (conteneur, roulier) de la compagnie ACL. En 1974, la compagnie part vers le quai de l'Europe.

 Puis, en 1978, quand un deuxième poste pour car-ferry est construit au Môle central on reprend la
passerelle qui n'est plus utilisée au quai de l'Atlantique.

Cet équipement est utilisé jusqu'en 1994, année du départ de la compagnie vers le quai de Southampton. La
passerelle et son ponton sont conservés et depuis, permettent l'accès aux pontons d'amarrage des remorqueurs de la compagnie Boluda.

La passerelle de nos jours

Sur la photo ci-dessous, la passerelle repose sur un axe fixé sur le quai.

La photo ci-dessous permet de bien voir la passerelle reposant sur le ponton flottant muni de
glissières.

Le bac du Hode sera remplacé par le pont de Tancarville en 1959, mais cela ne s‘est pas fait en un jour et n’importe où. On verra la semaine prochaine comment tout s’est mis en place.

Sources :
GIP Seine aval
Patrick Bertrand.
Crédit photos :
Gérard Deshayes.
HAROPA port.
Collection Havrais-Dire.
Relecture :
Catherine Dubois

Merci de votre visite

Comments

[niavlys]

Bonsoir Dan, voila une troisième partie très intéressante ,qui montre les travaux importants pour aménager les accès au Bac. Le dernier vestige encore en service étant la passerelle des remorqueurs. J'ai aimé cette lecture qui fait mieux comprendre la traversée de la Seine.

[havrais-dire]

Bonsoir Sylvain,
J’ai un peu hésité à faire cette série d’articles, car je m’éloigne du Havre et il n’est pas évident pour le piéton que je suis d’aller faire des photos sur place. Mais je ne pouvais pas ne pas en parler, puisque ces traversées ont concerné les Havrais à toutes époques. Évidemment la plus tragique étant celle de la Seconde Guerre mondiale. Avec ma série d’articles, je pense que ces traversées sont plus explicites pour tout à chacun.
Bonne soirée Sylvain.

[Geo]

Bonjour cher Daniel,

Alors là j’apprends quelque chose !

Je savais que la passerelle des abeilles proche de la forme 7 était utilisée dans le passé par les ferries, mais je ne savais pas que celle-ci provenait du bac du Hode, et donc datait d’avant la guerre.

Merci beaucoup pour cette série très intéressante.

J’espère que dans les prochains numéros tu évoqueras le projet de la ligne ferroviaire du Sud avec les nombreux projets avortés de franchissement de l’estuaire.

Amicalement

Geoffrey

[havrais-dire]

Bonsoir Geoffrey,
Eh oui parfois, on découvre des choses étonnantes quand on fouille un peu, je savais que cette passerelle provenait du bac du Hode, mais je ne savais pas qu’elle avait été utilisée auparavant dans le port.
Non hélas, je suis désolé de ne pas évoquer ce projet de ligne ferroviaire, pourtant à la SHED, nous avons reçu pour sa conférence celui qui en avait fait l’historique. Mais faute de temps, je n’ai pas fait de recherches à ce sujet. Si je retrouve son texte et ses illustrations, là, je pourrais faire un article complet. Mais il faudra que je le contacte pour avoir son autorisation.
Ce qui m’a aussi un peu freiné, c’est que ce projet n’a jamais vu le jour, au contraire de tout ce que j’évoque et qui se sont concrétisés. Mais je ne désespère pas, quand tout viendra à point, c'est avec plaisir que j’évoquerai ces projets.
Bonne continuation Geo !

[jean michel L]

Bonjour Dan
Merci pour ce troisième volet plein de surprises. L'ancien site du bac est un très bon but de promenade à vélo. La piste cyclable qui y mène est des plus agréables. Interessant de voir que les vestiges de ce bac ne semblent pas vouloir disparaitre.
Bonne continuation mon ami
JM

[havrais-dire]

Bonsoir Jean-Michel,
C’est tout à fait exact, le plaisir de cette promenade est multiplié du fait qu’on découvre petit à petit ce que sont devenus les restes des installations du bac. Auparavant, il faut avoir eu connaissance de ce qu’elles étaient pour prendre toute la mesure du changement. J’y retournerai bien si j’en avais la possibilité pour examiner certains points que je n’ai pas assez observés la première fois.
Bonne continuation à toi aussi Jean-Michel.

[Goe LH]

Il faudra que j'y aille pour croquer ce qui reste !!!

[havrais-dire]

Si l'envie te prend d'y aller pendant que je suis libre, je t'accompagnerai volontiers ! 😉

[GERARD DESHAYES]

Bonjour Dan,
Ce fût une excellente promenade, pleine de nostalgie. Et je recommande à quiconque de notre génération et qui ont emprunté autrefois le bac du Hode de faire cette promenade jusqu'à la berge de la Seine. C'est forcément un plongeon dans notre jeunesse.

[havrais-dire]

Bonsoir Gérard,
C’est vrai que cela a été pour moi aussi une très bonne journée, j’ai pu avec toi sur place « sentir » l’atmosphère du lieu ce qui est toujours préférable à ce que l’on peut en lire dans les bouquins. C’est à renouveler si jamais j’évoque un autre endroit loin du Havre. Mais je ne vais pas trop m’éloigner maintenant faut pas abuser des bonnes choses.
Bonne soirée Gérard ainsi qu’à Michèle.

[LAINE]

Bravo pour cette superbe enquête complète et accessible à tous.
Merci Daniel

[havrais-dire]

Bonjour Didier,
Comparer deux points de vue à différentes époques, permet de mieux comprendre la métamorphose d’un lieu, d’un bâtiment, etc. Et là avec les photos aériennes et celle par satellites, ça permet de bien analyser ce qui s’est passé. Ne reste qu’à présenter tout ça le plus simplement possible, mais parfois faire simple, c'est compliqué (rire).
Bon dimanche à toi et Michèle.

[elisabeth]

Merci pour les photos et les explications, je comprends très bien. La nature reprend toujours ses droits partout, quand on la laisse faire. Les constructions anciennes ne résistent pas toujours aux années. Bon dimanche et à la semaine prochaine pour la suite.

[havrais-dire]

Bonjour Élisabeth,
Je pense qu’en effet que la nature finira par effacer dupaysage ces structures en béton qui sont aujourd’hui attaqués par la rouille. Lefer suivra le même chemin, résultat, sans doute que dans un siècle tout auratotalement disparu.
Bon dimanche Élisabeth.

[Agnes Coursault]

Re-bonjour Dan,

Comme c'est bien d'avoir des passeurs d' Histoire comme toi !

Tu as une trace de cette estacade qui disparait peu à peu sous le végération

Cela fait bien longtemps que ne suis allée dans cet endroit et cela fera la raison d'une balade pour aller voir les leiux

Encore de supers documents, merci à ceux qui illustrent ton propos car les photos nous permettent de bien comprendre.

Je te souhaite un bon dimanche Dan.

[havrais-dire]

Bonjour Agnès,
Comme je l’ai dit à Valery, j'essaie de faire le mieux que jepuisse faire, car si les générations futures me lisent, il faut que je sois leplus clair possible pour eux et bien sûr pour le lectorat actuel.Tu devrais retourner là-bas et si tu as besoin d’un guide, pas de problème, je peux assurer cet « emploi ».
Bon dimanche Agnès.

[Valery]

Merci encore fois, Dan, pour la qualité de ces articles !

[havrais-dire]

Bonjour Valéry,
Merci beaucoup, je m’efforce de faire des articles à la portée de tout public en particulier pour les jeunes qui représentent le futur. Alors autant faire du mieux que je peux. Merci de vos visites et bon dimanche Valery.

[E.C.]

Encore merci, cher Dan , pour cette 3ème partie , dont le "Franchissement de la Seine " , qui est toujours spectaculaire, avec ces 17 photos , sans oublier , par exemple , " l'estacade menant au bac "... et le suite importante .C'est spectaculaire . BRAVO ,Merci et bisous à toi ,ton épouse et ta famille . E.C.

[havrais-dire]

Bonjour Étienne,
Les changements que « dame nature » a effectués ici sont en effet spectaculaires avec ce recul du rivage plus au sud et la végétation ayant poussé. Résultat, on a l’impression de se promener dans un bosquet aujourd’hui, alors qu’autrefois, nous ne voyons que les marais et ses roseaux.
Merci pour tes visites Étienne et bon dimanche à toi et Odile.

[Villeu]

J ai bien connu le bac du Hofe que nous prenions avec mes parents pour aller le dimanche a Honfleur il nous debarquait a Berville et de là nous faisions encore quelqyes kilometres pour y arriver ....en 1959 apres l 'inauguration, nous empruntions desormais le Pont de Tancarville qui nous menait a La Riviere st Sauveur puis Honfleur ...sue de souvenirs puisque quelques plus j ' epousais un pecheur Honfleurais. J ai 82 ans et je suis veuve et j habite Ke Havre .

[havrais-dire]

Bonjour madame Villeu,
Je n’ai que trois ans de moins que vous, mais j’ai connu moiaussi ce bac que nous prenions à vélo, mes parents n’ayant pas d’automobile. Honfleur, Deauville ou Cabourg étaient pour nous un but plus facilement joignable grâceau bac, mais il fallait faire attention à l’heure de la dernière traversée qui,heureusement en été, était assez tardive, car à vélo pas question d’aller jusqu’Rouen pour traverser la Seine.Quant au pont de Tancarville, pour vous comme pour moi, il achangé bien des choses.
Bon dimanche madame Villeu. 

[LEFORT FRANCOISE]

Bonjour cher Dan
J'ai découvert ce lieu il n'y a que 2 ou 3 ans. Pourquoi si tardivement? Je me le demande encore !! Je l'avais trouvé malgré le temps clair....assez sinistre . A la lecture de tes explications, je comprends meux mon ressenti, ce sentiment d'abandon mais aussi le poids de l'Histoire qui a fait passer là tant de gens dans la peur et la détresse. Malgré les efforts de Dame Nature pour y reprendre ses droits, certains endroits portent en eux une charge émotionnelle indélébile.
Merci pour ton travail. Bon dimanche

[havrais-dire]

Bonjour Françoise,
C’est vrai que cet endroit est un peu sinistre en raison des traces qu’a laissées l’exploitation du bac du Hode. C’est toujours un sentiment qui émerge quand on va dans un endroit où vécurent des personnes, surtout ici quand on sait ce qui s’est passé en 1940, ça devient presque palpable. Et même si l’on n’a pas connu cette période, savoir qu’ici autrefois le passage pouvait représenter une perspective de découverte et de plaisir de « l’autre côté de l’eau » ne laisse pas indifférent le visiteur.
Si un jour, on en a l’occasion, on pourra y aller ensemble, d’ici là, bonne journée Françoise.

[FAH]

Bonjour Dan,
J'ai fait cette visite, avec le Port Center je pense. Effectivement la personne précédente a raison quant aux visiteurs bruyants, ou ignorants : l'un d'eux a pris le craquètement des cigognes pour une débrousailleuse !
L'une de tes photos m'a remis en mémoire le site - je ne sais plus où sont les miennes ...
Merci pour ce reportage si exhaustif.
Bon dimanche à chacun.
FAH

[havrais-dire]

Bonjour Françoise,
Il faut en effet rester discret quand on va dans ce genre de lieu, que ce soit ici où dans tout autre endroit où les animaux vivent paisiblement. Personnellement, la dernière fois que je suis allé au Hode remonte à ma dernière traversée avec le bac, ce qui ne me rajeunit pas. Aussi, quelle ne fut ma surprise en voyant les lieux ainsi transformés, j’étais à la fois ravi, car la nature sait remettre les choses en place, et étonné de voir des « collines » boisées qui sont en fait l’accumulation des ordures ménagères du Havre recouvert par un manteau végétal, la nature me surprendra toujours.
Bon dimanche Françoise.

[CetB]

L'endroit a beaucoup changé effectivement.
De nombreux arbres entourés de végétation bordent désormais l'ancienne route d'accès à l'estacade qui sert aujourd'hui d'accès aux gabions qui n'existaient pas à l'époque.
Cette partie de la réserve de l'estuaire de la Seine est désormais un peu trop fréquentée à notre goût et surtout à celui des oiseaux qui sont dérangés à la fois par les chasseurs et par des promeneurs assez souvent trop bruyants !
Bon dimanche.
C&B

[havrais-dire]

Bonjour Christine et Bernard,
Le chemin est pourtant bien balisé avec des abris pour photographier les oiseaux et si les promeneurs se contentent de ce chemin les oiseaux ne sont pas dérangés, mais s’ils vont en dehors du sentier balisé là effectivement les oiseaux risque d’être dérangés. On ne peut pas placer un gendarme derrière chaque visiteur, donc c’est à chacun de respecter la nature et d’être le plus discret possible en restant sur le chemin délimité.
Bonne journée les amis.