Le quai au charbon et l’affaire Jules Durand 3/3
L’affaire Jules Durand, fut considérée comme une « nouvelle affaire Dreyfus ». Elle a donné lieu à une littérature importante, pièces de théâtre, ou films. N’ayant pas la prétention ici de tout évoquer, voici une courte biographie de J. Durand : (1)
Jules Durand avant son incarcération. En médaillon son avocat René Coty (ici lorsqu’il était président de la République). Collection Dan.
Jules Durand est né en 1880 au 73 rue Saint Thibault (aujourd’hui Gustave Flaubert) au Havre.
Le 73 de la rue Gustave Flaubert aujourd'hui. Rue Saint Thibault Autrefois. Photo Dan.
Après son licenciement des docks Entrepôts, il travaille au déchargement du charbon quai Colbert. Il devient le secrétaire du syndicat de cette corporation en 1910.
Le 18 août de la même année débute la grève des charbonniers. Le 9 septembre une bagarre éclate, entre deux grévistes ivres, rixe au cours de laquelle le contremaître Louis Dongé est blessé mortellement. Il décédera le lendemain.
Le 11 septembre 1910, Jules Durand est arrêté à son domicile quai de Saône, et Inculpé de complicité morale d’assassinat. Il est incarcéré à la prison du Havre.
La maison où fut arrêté J. Durand, quai de Saône. Photo Dan.
La plaque apposée sur cette maison quai de Saône. Photo Dan.
L’avocat de Jules Durand est René Coty futur président de la république.
Le 29 septembre 1910 le juge d’instruction Georges Vernis mène une instruction criminelle, malgré le témoignage à décharge du commissaire Henry chef de la sureté du Havre.
Le 25 novembre 1910 Jules Durand est envoyé, avec six autres accusés, devant la Cour d’Assises de Rouen, où il est le seul à être condamné à mort.
Le 22 décembre 1910 son pourvoi en cassation est rejeté
Le 31 décembre 1910, Armand Fallières président de la République, commue la peine de mort en sept ans de réclusion criminelle.
15 février 1911, un pourvoi en révision est déposé devant la Cour de cassation. Jules Durand quitte la prison Bonne Nouvelle de Rouen. De retour au Havre il est acclamé par la foule.
Le 30 mars 1911, il est hospitalisé en urgence au service Pinel de l’hôpital pour malades mentaux du Havre.
Le 4 avril 1911 il est transféré à l’asile des Quatre-mares, à Sotteville-lès-Rouen où il restera interné jusqu’à son décès.
Le 15 juin 1918 la Cour de cassation reconnait l’innocence de Jules Durand condamné sur la base de faux témoignages.
Le 20 février 1926 Jules Durand décède sans avoir quitté l’asile des Quatre-Mares.
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Un des lieux au Havre qui vit passer Jules Durand, le 162 cours de la République où se tenaient les réunions du syndicat des charbonniers.
Quatre photos du même endroit le 158 & 162 du cours de la République :
1 : Au début du siècle, c’est un magasin d’ameublement.
2 : Le magasin d’ameublement est devenu « la maison du Peuple, où l’arrière salle servait aux réunions du syndicat des charbonniers.
3 : à cette adresse après-guerre le cinéma Eden.
4 : Le magasin « Tati ». ex Parunis. Ces deux enseignes ont absorbé les numéros 152 à 162 du cours de la République.
Photos et collection Dan
La grève conduite par Jules Durand, avait mobilisé la troupe, comme en témoigne cet écrit sur une carte postale de l’époque.
Sur la photo elle-même :
"Souvenirs de la grève des charbonniers. Sept 1910".
Au dos de la photo :
"Le Havre le 16/9/10
Chers parents.
Voici l’endroit où j’ai passé 2 nuits à monter la garde. La grève est finie d’hier. Quel sale métier. On viendra prendre la jumelle à la maison 170 fr avec 20% soit196 fr. & 8fr50 à ajouter à mon mois car je suis dans la dèche. J’ai perdu mon porte-monnaie aux grèves dans la paille, il a été trouvé par un fantassin, mais qui s’est soulé avec le contenu, 12 fr50. Il est maintenant en prison, il reste 6 fr, mais je ne peux les toucher comme il nie maintenant. J’ai retrouvé hier le portemonnaie vide derrière une porte. Suis content que vous ayez trouvé une affaire avantageuse pour la maison. Vous récrirais demain. Vous embrasse bien fort ainsi qu’Hélène. Victor".
Plan de situation des lieux où s’est déroulé une partie de la vie de Jules Durand :
1 Lieu de naissance rue Saint Thibault (G. Flaubert aujourd’hui).
2 Le cours de la République avec la maison du peuple où se tenaient les réunions du syndicat des charbonniers.
3 Le quai Colbert où quai au charbon.
4 le quai de Saône et la maison où habitait J. Durand lors de son arrestation.
(1) Les pages de ce blog ne sauraient évoquer tout ce dossier qui mérite davantage que quelques lignes, aussi je vous recommande la lecture du livre écrit sous la direction de John Barzman et Jean-Pierre Castelain. : Jules Durand, Un crime social et judiciaire édité chez l’Harmattan ISBN 978-2-343-07941-7
La couverture du livre.
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Merci de votre visite.