Le Havre. Les émigrants 3-3
La situation de 1919 à 1939.
La première guerre mondiale interrompt l’émigration vers les Etats-Unis. Puis reprend de plus belle après le conflit pour atteindre son apogée en 1922-1923. Mais la crise économique de 1929 aux USA met un sérieux coup de frein à cette migration. Les Etats-Unis ne pouvant plus accueillir autant de nouveaux migrants.
Emigrants embarquant quai d’escale. Collection Dan.
Néanmoins le désir de partir demeure tenace, c’est pourquoi, même avec des papiers en règles, les autorités américaines instaurent des « quotas » dont les clauses spécifient que chaque émigrant devait parler anglais, qu’il ne devait pas avoir eu de maladie contagieuse, et d’avoir au moins 25 $ en poche pour les hommes et 15 $ pour les femmes.
Emigrants dans les années 1920. Collection privée.
Certes, ces contraintes sont censées décourager les candidats à l’émigration, mais ces derniers détournent ces clauses et deviennent des « Stowaway », des passagers clandestins dans le jargon des passeurs.
La situation au Havre jusqu’en 1939.
Solitaire ou en groupe, avec passeur ou non, et après un voyage semé d’embuches, les clandestins arrivaient au Havre où le plus épineux restait à faire, monter à bord d’un bateau. De par sa taille le paquebot Normandie les attirait immanquablement.
Naïves ou ingénieuses les « combines » ne manquaient pas. L’une d’elles consistait à visiter le navire en tant que touriste et de s’y cacher avec la complicité d’un membre de l’équipage en attendant le départ. Les compagnies maritimes, notamment la Transat, mettront fin à ces visites afin d’éviter les clandestins.
Une autre astuce était de se mélanger aux dockers et de pénétrer à bord, le chargement du courrier était une occasion qui pouvait les tenter.
Le chargement du courrier sous haute surveillance sur le Normandie . Tableau Dan.
Autre mesure, devant la recrudescence des passagers « indésirables » la Compagnie Générale Transatlantique instaure une surveillance plus rigoureuse des personnes montant à bord, complétée par un autre contrôle une fois celles-ci sur le navire.
Certains clandestins arrivaient quand même à s’infiltrer, mais n’avaient pas toujours la chance d’arriver à destination. C’est ainsi que six d’entre eux croyant être arrivés après cinq jours à bord, sortirent de leur cachette. Mais mal leur en pris car le navire n’avait pas quitté Le Havre à cause d’une grève des marins…
Ou cet autre solitaire qui, caché dans une manche à air, fut retrouvé asphyxié et décomposé par la chaleur dégagée par les machines.
Les vigiles devant la passerelle d’un paquebot. © Revue Détective 1939.
Dès lors qu’il vaut mieux prévenir que guérir, un contrôle intraitable est établi sur le port par une brigade de police chargée de surveiller les entrées, les hangars et toutes les installations portuaires.
La couverture de la revue « Détective du jeudi 8 août 1939. © Revue Détective.
Contrôle à la sortie des quais. Collection Dan.
Leur travail quotidien consistait à contrôler et veiller à ce qu’aucun clandestin ne franchisse les accès au port ou ne s’y cache. Certaines interventions pouvaient être « musclées » d’où le port du casque pour se protéger des mauvais coups.
En médaillon le casque Adrien de la brigade portuaire. Les agents de la sécurité surveillant l’entrée du port. © revue Détective.
De nos jours la « chasse aux clandestins » a pris une toute autre tournure, à l’exemple du terminal de Grande Bretagne entouré de barbelés afin de sécuriser son périmètre. Mais peut-on empêcher complètement quelqu’un de partir chercher fortune ailleurs ? L’histoire de l’humanité n’est faite que de déplacements.
Le quai de Guinée de nos jours photo Dan.
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Quant à Goé j'ai bien peur qu'il ne se soit égaré en croyant embaucher un docker...
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