Le Havre Boulevard Clemenceau 1-2
En 1888 on inaugure le boulevard maritime rebaptisé Albert 1er en 1914. Depuis cette époque la nécessité de ceinturer la ville par une grande artère s'est imposée.
Une première étape est réalisée en 1913 avec la prolongation de la rue du Perrey établissant ainsi la liaison entre le port et le boulevard Maritime.
La configuration du bord de mer en 1887. En médaillon le prolongement de la rue du Perrey vers le boulevard Maritime en 1913. Photo collection M. Fouquet.
Mais les Havrais souhaitaient se déplacer du sémaphore jusqu’au boulevard Maritime sans quitter le bord de mer.
Ce sera chose faite avec le boulevard Clemenceau mais 15 ans plus tard.
Créer ce boulevard n’a pas été une mince affaire, le projet déjà étudié en 1913, ne sera mis en chantier qu’en 1928 sous le mandat de Léon Meyer. Le but était ambitieux, jugez plutôt, le boulevard commençait au sémaphore proche de l’hôtel Frascati pour rejoindre le boulevard Albert 1er. Ce parcours présageait déjà des complications en traversant le quartier très dense du Perrey, mais aussi avec la présence des chantiers Augustin Normand.
Mais le plus étonnant est qu’on voulait le prolonger depuis le bas de la rue Maupassant, en longeant la mer jusqu’à l’Hôtellerie de Sainte-Adresse. Pour autant cet itinéraire singulier ne s'arrêtait pas là.
L’Hôtellerie à Sainte-Adresse, devant laquelle le boulevard Clemenceau devait passer. Collection Dan.
A partir de l’Hôtellerie il devait remonter par une voie en corniche le long de la falaise, passer devant les phares, et rejoindre la route d’Etretat. Puis, devant l’aérodrome de Bléville (l’actuel stade Youri Gagarine), il devait se diriger vers Rouelles et la Brèque à Harfleur en contournant la ville par le nord.
Seule la partie que nous connaissons aujourd’hui a été réalisée. Il n’empêche, hormis la partie jusqu’au cap et plateau de la Hève, le contournement du Havre par le nord est aujourd’hui chose faite.
L’hôtel Frascati au début du XXème siècle où doit débuter le futur boulevard Clemenceau. Collection Michel Fouquet.
Revenu à des ambitions plus modestes le projet connait néanmoins des contretemps. La nouvelle artère doit passer dans le quartier du Perrey mais ses habitants s’y opposent. On a recours aux expropriations afin de poursuivre le programme. Le secteur appelé « la ville en bois », était composé en majorité de maisons en bois et colombages.
La « ville en bois » en 1913. Collection Michel Fouquet.
Un autre exemple de la « ville en bois ». © AMH 7Fi0172 Fonds Jean Legoy.
Autre difficulté et non des moindres, les chantiers Augustin Normand avec ses trois cales de lancement qui donnaient directement sur l’avant-port. On envisagea de déplacer les chantiers à Graville, mais le coût de l’opération s’avérait trop coûteux.
L'aspect du bord de mer avec ces chantiers était bien différent de celui que nous connaissons aujourd'hui.
La solution trouvée fut la construction de trois ponts mobiles, bien que leur faible largeur rendît difficile le croisement de deux véhicules.
Le boulevard est inauguré le 12 avril 1931 offrant aux Havrais un nouveau lieu de promenade.
A gauche le boulevard Clemenceau quelques jours avant son inauguration, le macadam n’est pas encore posé. La position du photographe d'aujourd'hui ne pouvait pas être exactement la même en raison de la présence des immeubles. Collection M Fouquet & photo Dan.
Le boulevard Clemenceau fournit un remarquable point de vue sur la sortie des paquebots, ici le Washington. Collection Michel Fouquet.
Et puis ce sera la guerre et l’occupation. Les chantiers Augustin Normand reçurent la « visite » d’officiers de la Kriegsmarine. Ils s’arrêtèrent boulevard Clemenceau sur un des ponts des chantiers comme en témoigne cette photo de la collection F. Pivert.
Boulevard Clemenceau sur un des ponts devant les chantiers A. Normand. Photo collection François Pivert.
Canons installés boulevard Clemenceau devant les ponts des cales de lancement des chantiers Augustin Normand. Collection François Pivert.
Suite la semaine prochaine.
Sources :
Plan Gallica.
Jean Legoy pour la presse Havraise.
Journal "Le Petit Havre" année 1913.
Max Bengtsson "Le Perrey au gré du temps et des hommes". Edition de l'Estuaire 2000.
Crédit photos Collection Michel Fouquet. François Pivert. AMH Fonds Jean Legoy.
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