Il était une fois, la rue de Paris au Havre. 1
Evoquer la rue de Paris, c’est être au seuil de l’histoire du Havre. Cette artère est l'une des plus anciennes de la cité océane qu’elle partageait en deux. Son histoire a été racontée dans bien des ouvrages, c’est pourquoi ne seront abordés ici que certains aspects moins connus de sa longue existence.
Alphonse Martin a dressé un plan du Havre de 1524 où la rue se nomme « Saint Michel » du fait qu’elle aboutissait à Ingouville où se trouvait l’église du même nom. Elle ne prendra le nom de « rue de Paris » qu’en 1793.
Le plan d’Alphonse Martin ci-dessous, recense toutes les familles autour de cette rue en 1524.
Le plan d’Alphonse Martin représentant Le Havre de 1524. En rouge l’église Notre-Dame. En bas à gauche la tour François 1er. Collection Dan.
Clôturant l’entrée nord, la porte d’Ingouville construite peu avant 1550 est rebâtie en 1632 sous Richelieu, (dont elle porte le nom) alors gouverneur du Havre.
La porte Richelieu. Collection Dan.
Le promeneur d’aujourd’hui peut localiser son emplacement grâce aux pavés rouges que Georges Priem a fait placer sur la voie elle-même.La flèche ne désigne qu'une faible partie des pavés rouges matérialisant la porte Richelieu rue de Paris. Photo Dan.
En 1782 sous le règne de Louis XVI, on décide d’agrandir Le Havre. C’est François Laurent Lamandé qui est chargé d’en établir les plans. Les travaux commencés en 1788 ne se termineront qu’en 1830. Ils impliquent la destruction de la porte Richelieu, au bénéfice de l’allongement de la rue de Paris. Cette dernière est clôturée au nord par la nouvelle porte d’Ingouville, mais assurément moins prestigieuse que la précédente.
La démolition des derniers remparts de 1854 à 1865 ne changera rien pour la rue de Paris.
Deux époques sont représentées sur le plan ci-dessous. En 1550 la rue de Paris en bleu, et la porte Richelieu en rouge.
Le projet de 1787 : la rue de Paris en vert avec sa taille définitive, fermée par la nouvelle porte d’Ingouville encadrée en vert. Le tout comparé avec notre époque actuelle.
1550-1787 -2020 La rue de Paris sur trois époques. © BNF et Googl Earth.
La nouvelle porte d’Ingouville en 1850 et le même point de vue de nos jours. Collection et photo Dan.
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De la fin du XIXème siècle jusqu’en 1939, la rue de Paris c’est le bouillonnement de la vie havraise mêlant touristes et badauds. Les devantures regorgent de marchandises offertes aux regards du chaland. On peut avoir une idée de cette agitation quand on sait que Joseph Morlent avait compté 32 000 personnes en circulation de 6 heures du matin à 18h. Les gravures ou cartes postales ont représenté en abondance cette animation.
Deux affiches publicitaires de 1892 pour les magasins Météore au 89 rue de Paris et Robert Beauvais au 133. © BNF Gallica.
Ville de transit entre l’ancien et le nouveau monde, Le Havre et la rue de Paris, représentent l’image que le voyageur emporte avec lui au-delà des mers. A l’inverse c’est une vitrine de la France quand il foule le sol Français pour la première fois.
Aux 100 000 Bijoux 60 rue de Paris, un magasin incontournable pour les touristes désireux d’acheter des cartes postales. Collection Dan.
Un autre magasin très fréquenté lui aussi par les visiteurs : "Aux Touristes" 84 rue de Paris. Collection Dan.
Journaux, cartes postales, coquillages, coiffes Normandes, souvenirs divers, mais que ne trouvait-on pas dans cette rue ? Collection Dan.
La rue de Paris est desservie par le tramway de 1894 à 1944. Il ne reviendra jamais sur cette artère après la seconde guerre mondiale, mais sera remplacé par les bus à moteur diesel.
Le tramway à deux époques, à l'entrée nord au début du XX siècle (à gauche) et à la sortie sud entre les deux guerres mondiales (à droite). Collection Dan.
La circulation dans cette artère, malgré tout assez étroite, était intense. Les accidents étaient assez rares mais cela pouvait se produire comme en témoigne la photo de P. Alinand ci-dessous.
Accident entre un camion et un tramway durant la seconde guerre mondiale. En arrière-plan le magasin des Galeries sinistré. © P. Alinand.
Suite la semaine prochaine.
Sources :
Ville Françoise de grâce. Alphonse Martin. Editions le Portulan 1970. Dictionnaire des rues du Havre Editions des Falaises . Charles Vesque, le dictionnaire des rues du Havre.
Crédits photos : Pascal Alinand. Googl Earth
Gravures et plans : BNF Gallica.
Quant à Goé il a mélangé goulument moulins du Perrey et moulin Rouge...
Merci de votre visite.