Le LIBERTE au Havre 2-2
Amarré au môle central le Liberté fait l’objet de travaux de finition occasionnés par ses nombreux mois d'inactivité. Mais le 8 décembre 1946, une tempête d'une rare violence souffle sur le Havre, le Liberté rompt ses amarres et part à la dérive dans le bassin Théophile Ducrocq. L’étrave s’immobilise sur les ruines du quai Joannès Couvert. Le vent tourne et le fait reculer sur l’épave du PARIS couché sur le flanc. Ce choc provoque une déchirure de 7 mètres par laquelle l’eau s’engouffre.
Schéma de la dérive du Liberté après avoir rompu ses amarres. © Dan.
Sous le poids de l’eau le paquebot prend de la gîte. Impossible de faire intervenir les remorqueurs à cause du mauvais temps, le paquebot touche le fond et déséquilibré par l'eau embarquée prend une gîte inquiétante.
Une bien fâcheuse posture pour le Liberté. © Dan.
Le soir du 8 décembre 1946 le paquebot repose sur bâbord avec une gîte de 47°. Il est sur le point de chavirer quand la marée montante se déverse dans toute la surface du navire. Sous l’effet du poids il se redresse au bout de 20 minutes et s’échoue dans une position presque verticale.
Le Liberté stabilisé repose sur le fond du bassin. En arrière-plan le Paris couché. © Michel Fouquet.
En février 1947 les opérations de renflouement commencent. Elles consistent à placer quatre flotteurs de 600 tonnes fixés sur une charpente métallique soudée à la coque. Ces opérations sont réalisées par une vingtaine de scaphandriers et 300 ouvriers. Le 29 mars le pompage commence. Ce sont 70 000 mètres-cubes d’eau qui sont ainsi évacués ce qui permet au Liberté de flotter de nouveau.
Le 18 avril douze remorqueurs l’aident à s’amarrer au quai Johannes Couvert. Le 2 juin il entre dans la forme 7 pour une inspection et réparation de sa coque.
Le Liberté en cale sèche. AHM 71Fi508
Le 9 novembre il part pour Saint Nazaire où il doit faire une remise en état complet.
Pendant trois ans le paquebot est remanié de fond en comble, aussi bien du point de vue technique que du point de vue hôtellerie.
Le Liberté au cours de ses réparations dans la forme Joubert à Saint Nazaire. © Dan.
On conçoit une décoration « à la Française », et pour donner le ton, on remet une tapisserie d’Aubusson récupérée sur le Normandie. Bref le Liberté doit être le porte-drapeau de la France et pour cela rien n’est trop beau pour lui.
Le cinéma et la bibliothèque 1ère classe du Liberté © Dan.
A sa rentrée au Havre la foule venue quatre ans plus tôt revient l’accueillir. Il fera son voyage inaugural vers les Etats-Unis en août 1950.
L’arrivée au Havre du Liberté prêt à affronter l’atlantique Nord sous les couleurs de la Compagnie Générale Transatlantique. © Dan.
Le Liberté aura trois formes de cheminées, tout d’abord celles héritées de l’Europa » (1). Puis après son passage à Saint Nazaire des cheminées avec ailettes pour éviter la retombée de la suie sur les passagers (2). Enfin en 1954 à la faveur d’un arrêt technique, les cheminées sont réhaussées avec deux grandes grilles d’aération. (3)
Les trois formes de cheminées du Liberté : 1 = en 1946. 2 = en 1949. 3 = en 1954 avec ses grilles d’aération (flèches). © G. Cantin & Dan.
La mise en place des nouvelles cheminée aux chantiers de Normandie, près de Rouen, à l'aide d'une grue flottante de 200 tonnes. Une cheminée pèse 45.000 kg. Photo Le Havre reproduction magasine ESCALE 1954.
Le Liberté effectuera 200 traversées de l’Atlantique parcourant 1 316 000 milles* sous le pavillon de la Compagnie Générale Transatlantique dont il était le porte-drapeau.
Aux escales à New-York il accoste au célèbre « pier 88 » (quai 88) de la French Line.
* (2 437 322 Km)
Le Liberté en 1957 accosté au « pier 88 » dans le port de New-York. Photo de Robert Bonneau prise depuis le paquebot "Ile de France". © R. Bonneau.
Le 16 novembre 1961 le Liberté rentre de son dernier voyage. L’année suivante il appareille pour La Spezia (Italie) où il sera démantelé.
Une des conséquences de la tempête de 1946, dont le Liberté a souffert, aura pour effet la construction du « mur-écran » au môle central. C'est ce que nous verrons la semaine prochaine.
Sources :
Patrick Bertand.
Allain Vaussard.
Pierre et René Gosset : LIBERTE » 1949.
Laurent Leboutilly.
Crédit photos :
Michel Fouquet.
Robert Bonneau.
Quant à Goé : à quoi ça sert que Théophile y se décarcasse ? S'il voyait ça il en ferait toute une salade !
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Merci de votre visite et bon confinement à toutes et à tous.