Gérard Breton
Gérard Breton nous a quittés, il avait 76 ans. Le Havre perd un brillant scientifique de stature internationale, ses travaux ayant fait l'objet de publications dans le monde entier.
Directeur pendant trente-deux ans de notre Muséum d’Histoire Naturelle, ses spécialités étaient multiples : géologie, paléontologie, plongée sous-marine scientifique ou il explorera les milieux portuaires et des domaines paraliques (milieux côtiers marginaux) De plus, en équipant le musée d'un microscope électronique à balayage il a exploré le monde de l'infiniment petit et en a tiré des milliers d'observations et de clichés extraordinaires.
Gérard Breton à la loupe binoculaire © Musée Histoire Naturelle.
Collégien au Lycée porte-océane, je me souviens de ce très jeune prof en blouse blanche, enseignant les sciences naturelles dans cet établissement, au milieu des années 60. Bien des années plus tard, avec l'ami Dan, nous avons eu le plaisir et l'honneur de le côtoyer au sein de la S.G.N. (Société Géologique de Normandie) lors de réunions au musée, mais aussi à l'occasion d'excursions sur le terrain.
Gérard Breton, en 2001 lors d’une conférence de la SGN au muséum d’histoire Naturelle du Havre. © Nicéphore.
Brillant orateur, ses conférences étaient passionnantes. Excellent pédagogue et vulgarisateur, il savait intéresser le public sur des sujets parfois très pointus et inédits, qu'il teintait souvent d'humour. Adepte talentueux de la photographie sous-marine, il nous a fait découvrir entre autres des images totalement inconnues de la faune et la flore du port du Havre.
Gérard Breton sur le terrain toujours prêt à mettre la main à la pâte. © collection particulière.
"Une première mondiale au muséum d’Histoire Naturelle du Havre".
C’est le titre de l’article du journal Havre-Libre du jeudi 20 février 1997, consacré à la découverte de Gérard Breton.
L’histoire se passe en 1994, monsieur Herman lui rapporte un étrange fossile trouvé sur la plage. Gérard Breton l’examine et découvre que c’est un Rudiste, mollusque bivalve, formé de deux valves accolées, et disparu depuis 70 millions d’années. C’était déjà une découverte importante en soi mais il n’était pas au bout de ses surprises.
Schéma d’un fossile de Rudiste. © Tous droits réservés.
Avec précaution Gérard ouvre le fossile en deux pour nettoyer l’intérieur. L’une des valves était remplie d’une gangue de craie qu’il s’apprête à jeter à la poubelle. Mais avant il l’observe de plus près et découvre une soixantaine de juvéniles.
Les bébés Rudiste découvert par Gérard Breton © Photo muséum du Havre.
C’était la première fois que l’on découvrait des larves de Rudistes. Voulant en savoir plus il poursuit ses recherches qui aboutissent à la conclusion que ces bébés étaient incubés dans une poche parentale et non à l’extérieur de la génitrice. Cette découverte eut l’honneur d'une publication dans le bulletin de l’Académie des Sciences de Paris.
Gérard Breton commentant sa découverte au journaliste du Havre-Libre. © Havre-Libre.
Havrais-dire, s'associe à la peine de la famille et lui présente ses condoléances les plus sincères.
Nicéphore & Dan.
En complément d’information et par l’intermédiaire de Thierry Vincent, la famille de Gérard Breton nous résume sa carrière.
Gérard Breton (avril 1944 - avril 2020)
Né au Havre le 20 avril 1944, il fut élève au Lycée François 1er. Il poursuit ses études scientifiques en sciences de la Terre, au département de géologie de l’Université de Caen. C’est au cercle des étudiants naturalistes qu’il fit la connaissance d’Evelyne, alors futur médecin, qui va dès lors partager sa vie.
Il devient en 1965 professeur certifié de sciences Naturelles au Lycée Porte-Océane, puis agrégé en 1968 (à 24 ans, un des plus jeunes agrégés de France).
Au Havre, il fréquente régulièrement la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, dont il deviendra le secrétaire général (1973-2004).
Après avoir coopéré en Algérie, en tant que VSNA à la faculté des Sciences d’Oran où, en plus de la géologie saharienne, il développe de nouveaux centres d’intérêt pour la faune, la flore et la préhistoire, il se fixe au Havre, professeur en sciences au lycée Porte-océane.
Le Muséum se structurant, dès 1973 Gérard Breton est nommé directeur à temps plein, sur emploi spécifique (sept. 1973), en appui d’André Maury, le conservateur.
En tant que muséologue, son activité se développe dans le cadre de la formation continue et du recyclage et pour la diffusion scientifique et technique (conférences au Havre et à l’extérieur, journées de travail pour le terrain, une trentaine d’expositions temporaires en 20 ans, renouvellement des salles d’expositions permanentes, formation de stagiaires français et étrangers, activités de recherche, création d’un atelier d’imprimerie…). Il structure le secrétariat, dote l’institution d’un laboratoire et d’un technicien en photographie, en 1982 il crée un poste de zoologiste, et développe, trois ans plus tard, la branche de géologie-paléontologie avec un laboratoire, fer de lance de portée nationale pour les moulages, le polissage et les plaques minces.
Une ruche expérimentale vitrée est implantée, sous le contrôle d’un apiculteur. Il dote le Muséum d’un laboratoire de taxidermie. Le personnel de 1973 à 1984 passe de 4 à 22 agents en équivalent temps plein, 19 en 2005.
Le remarquable fonds patrimonial Charles-Alexandre Lesueur est placé sous la responsabilité d’une scientifique qui assure le rayonnement en Europe, Amérique et Australie.
Un poste d’archéologue municipal est créé ; des chantiers de fouilles et de surveillances sont organisés sur de nombreux sites néolithiques normands.
En 1990, après soutenance de sa thèse sur l’évolution des Astérides fossiles, il devient docteur d’état (mention très honorable avec félicitations du jury).
Retraité en 2005, il transmet alors un Muséum au rayonnement scientifique national et international.
A la retraire, en juin 2005, il fonde « Port Vivant » (président Denis Corthésy). Il étudie la faunistique des bassins du Havre avec extension et comparaison d’un port en eau douce : Rouen.
Naturaliste militant, issu de l’école républicaine, il avait encore beaucoup de projets de recherches dans divers domaines (géologie et biologie marine notamment).
Evelyne, Michel et Philippe Breton