Tous aux abris ! 1-2
La vie des Havrais au cours de la deuxième guerre mondiale a été racontée par les historiens et témoins de l’époque. Aussi ces articles n’évoqueront qu’un aspect de cette vie Havraise, à savoir : où et comment s’abritaient-ils lors des bombardements ?
Mais quel que soit l’abri utilisé ils ne représentaient pas une protection efficace à 100%
Le choix se porte tout naturellement sur les caves, mais Le Havre en ville basse en possède peu.
Entouré en rouge et désigné par la flèche l'une des caves "abri" au Havre. On se rend compte ici de la fragilité de tels refuges. © François Pivert.
On cherche alors d’autres possibilités. On utilise les grottes ou cavités creusées à même la falaise comme celle du prieuré de Graville. Les habitants du quartier y trouvent refuge, mais c’est un asile bien précaire au regard de la violence des bombardements.
L’entrée de la grotte après les bombardements et de nos jours à l’Abbaye de Graville © Denis Shild et Dan.
Le fond de cet abri et son aspect intérieur, examiné par l’ami Phyll. © Dan.
On profite de tous les souterrains pouvant accueillr des personnes. Ainsi on utilise celui creusé dans la propriété Hauser au fond duquel jaillit une souce d’eau potable.
La propriété Hauser avec l’entrée de la cavité désignée par la flèche rouge. © Dan.
Le réservoir qui devait recueillir les eaux de Graville (mais jamais utilisé comme tel), a servi aussi d’abri pour les habitants du quartier. Mais le 6 septembre 1944 une bombe détruit la partie nord de l'ouvrage faisant de nombreuses victimes.
L’intérieur de la rotonde de Graville © BMH.
Les bombardements ayant lieu principalement la nuit, les Havrais proches du tunnel Sainte Marie s’y réfugient dès le soir venu après la fin du service des tramways. Certains y passent une partie de la nuit, d'autres la nuit entière selon l’intensité et la durée des bombardements.
Le tunnel Sainte-Marie la nuit. © AMH 8Fi52.
L’entrée sud et l'intérieur du tunnel Sainte Marie de nos jours. Ce tunnel est situé non loin de la rue Pasteur. © Dan. & F.A.H.
Le tunnel Jenner, de même que les ouvrages faisant offices d’asiles et d’hôpitaux feront l’objet d’articles ultérieurement.
Un bombardement pouvait surprendre quiconque sans qu’il y ait d’abri proche et accessible. La municipalité avait anticipé cette éventualité dès 1939 en faisant creuser des tranchées abris dans tout le Havre.
Ces boyaux étroits étaient loin d’assurer une protection efficace contre les effets dévastateurs des bombes, mais ils permettaient de se protéger dans l’urgence et d’échapper aux souffles et éclats de bombes.
Ce ne sont pas moins de 200 tranchées que Le Havre comptera à la fin de la guerre. Elles sont de trois types : maçonnées (TM)- découvertes (TD)- en bois – (TB) Les plus courantes et les plus nombreuses étant les maçonnées, exemple Place Danton ci-dessous.
Exemple type de tranchée maçonnée. Le nombre de personnes qu’elles pouvaient accueillir était toujours indiqué à l’entrée sur une pancarte, ici 160 personnes. © Michel Fouquet.
Viennent ensuite les tranchées étayées avec du bois (TB) au nombre de 37 comme celles de l’Hôtel de Ville.
Deux tranchées en bois dans le jardin de l’Hôtel de Ville. © AMH31Fi2380 & 31Fi2378.
Puis viennent les tranchées découvertes (TD) comme celle du quai George V, qui sera vite hors d’usage à cause des dégâts alentour.
La tranchée quai George V. © Raoul Friboulet.
Les tranchées découvertes ou non, sont au ras du sol, signalées et entourées par une barrière en bois. Sur la place Thiers trois d'entre-elles sont ainsi disposées, une à l’Est la seconde à l’ouest et la dernière au sud.
Place Thiers, à gauche la tranchée ouest, à droite la tranchée Est © François Pivert.
Un autre point de vue sur la tranchée nord de la place Thiers. © Raoul Friboulet.
On creuse ce type de tranchée partout dans Le Havre. La plage accessible jusqu’en octobre 1943 en comptait de nombreuses. Rappelons que le bord de mer et ses artères deviennent zones interdites lorsque Le Havre est transformé en forteresse (Festung) à cette date.
A gauche, creusement en cours le long du boulevard Albert 1er. A droite la même tranchée terminée (flèche rouge) entourée d’une barrière en bois. © AMH 31Fi2389 & Michel Fouquet.
D'autres lieux en seront pourvus, ainsi près de l’église Saint Michel, entre la rue Thiers et la rue André Caplet exactement.
La tranchée désignée par la flèche rouge. © Raoul Friboulet.
Mais aussi près du port comme ici non loin du bassin de la Barre.
Une tranchée en cours de réalisation AMH 31Fi2399.
Les autres abris tels ceux des allemands ou les abris tranchées privées seront évoqués la semaine prochaine.
Sources :
Le Havre 1939-1944 Les abris sanitaires civils et allemands par Jean Claude Dubosq 1992.
Le Havre 1940-1944 par Jean-Paul et Jean-Claude Dubosq. 1998.
Max Bengtsson, les années noires 1997.
Crédits photos :
Michel Fouquet.
Raoul Friboulet.
François Pivert.
Denis Schild.
Archives Municipales du Havre.
Bibliothèque Municipale du Havre.
...mais oui Goé, les Havrais en verront le bout !
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Merci de votre visite.