Tous aux abris ! 2-2
L’abri creusé sous le monument de la Victoire n'est qu'une illusion d'optique. En effet le photographe se trouve dans un axe qui peut faire croire que l'abri est sous ce monument. Mais il n'en est rien.
Par contre l'abri-tranchée tout autour pouvait recevoir les civils.
L’illusion d'optique est parfaite avec ce monument aux morts, place Gambetta. © BAMA-bundesarchiv-collection J.P. Dubosq.
Projet d'un abris qui devait être construit place Gambetta, il ne verra jamais le jour © Archives Municipale ; 2Fi54.
Cette place comprenait quatre autres abris pour les civils et comportant quatre entées.
Place Gambetta, l’entrée d’un des abris désignés par la flèche rouge. © Michel Fouquet.
Le terre-plein de la digue nord a eu un abri bétonné. Ce dernier était enterré sous le socle de la statue de la Reconnaissance Belge. Cette dernière ayant été érigée en 1924 à cet emplacement.
Le monument de la Reconnaissance Belge avant-guerre et au cours du creusement de l’abri souterrain. © François Pivert.
L’abri terminé sous le monument de la reconnaissance Belge. © Michel Gouyer.
A noter, cette statue sera enlevée en 1942. Cachée dans un premier temps aux Forges et Chantiers de la Méditerranée, puis au chantier municipal de la Rue Dumé d’Aplemont. Elle ne sera réinstallée qu’en 1955 sur l’esplanade du Docteur Lagarde rue de Sainte-Adresse.
Les tranchées « privées »
Toutes les tranchées et abris publics ne suffisaient pas pour l’ensemble de la population Havraise, ceux qui n'avaient pas de cave mais un jardin, creusaient un abri de fortune dans leur propriété.
Max Bengtsson a laissé un témoignage de ce travail accompli en général à plusieurs, écoutons-le : « C’est avec une motivation partagée que nous nous consacrons à la construction d’un abri dans le jardin de la petite maison rue Bernardin de Saint-Pierre à Sanvic (rue Daubrée). Nous formons une bonne équipe et à trois le rendement est bon. Nous avons l’ambition de faire une tranchée couverte de madriers et d’une mince couche de terre » *
* Un été 44 page 60.
Beaucoup de Havrais en ville haute en feront autant, Raoul Friboulet a photographié la tranchée qu’il avait creusé avec un voisin. On y voit d’ailleurs sa femme et ses fils. Celui portant le casque blanc de la Défense Passive n’est autre que le père d’Alain Friboulet à qui l’on doit cette photo.
La crainte se lit sur les visages de la famille de Raoul Friboulet scrutant le ciel dans leur tranchée. © Raoul Friboulet.
Recenser tous les abris au Havre est chose malaisée, ils sont si nombreux ! Mais le plus solide d’entre tous, construit en 1939, fut sans conteste l’abri situé sous l’usine Mazeline aujourd’hui Dresser. Qu’on en juge : 150 tonnes de rails de chemin de fer entrecroisés et noyé dans le béton, avec des murs de 1,50 mètre d’épaisseur.
L’abri Mazeline en pleine construction. © Dan.
La ville du Havre ne pouvait pas construire de semblables abris. Néanmoins avait-elle pris toutes les dispositions nécessaires pour se prémunir des bombardements ? Pouvait-elle imaginer que ce déluge venu du ciel serait aussi violent, aussi régulier et aussi destructeur pendant quatre années ?
Max Bengtsson témoigne qu’au fond d’eux même les Havrais comprenaient la nécessité qu’avaient les anglais de poursuivre la guerre depuis les airs, mais pourquoi nous avaient-ils considérés comme des ennemis nous les Havrais ?
Le nombre des victimes aurait pu être supérieur si parmi la population Havraise ne se trouvait pas des femmes et des hommes de la Défense Passive, de la croix Rouge, des équipiers Nationaux ou des sapeurs-pompiers.
Havrais-Dire reviendra sur ce sujet mais ne pouvait pas terminer ces articles sur les abris sans les évoquer. Voici pour patienter une photo d’une équipe de la Défense Passive de la collection Michel Fouquet prise sur le marché aux fleurs place Gambetta, avec en arrière-plan les ruines du grand théâtre.
Une équipe de la Défense Passive devant une cabane du marché aux fleurs. © Michel Fouquet.
Sources :
Le Havre 1939-1944 Les abris sanitaires civils et allemands par Jean Claude Dubosq 1992.
Le Havre 1940-1944 par Jean-Paul et Jean-Claude Dubosq. 1998.
Max Bengtsson, les années noires 1997.
François Pivert.
Crédits photos :
Michel Fouquet.
Raoul Friboulet.
François Pivert.
Archives Municipales du Havre.
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