L'escalier roulant (1-2) : "Un chef d'œuvre de l'histoire " (Édouard Herriot 1929)
Avant publication d’un nouvel article concernant l’aspect technique de l’escalier roulant, voici un rappel de son histoire traitée sur l'ancien blog, toutefois agrémentée de nouvelles informations et photos.
Des années 30 aux années 80, l’escalier roulant a marqué la mémoire des Havrais. Fermé en 1964 pour cause de non rentabilité et rouvert en 1965 après sa reprise par la ville, son exploitation est définitivement stoppée en 1984, année où il est classé monument historique.
La station basse rue de Montmorency. © Dan.
L'origine du projet
L’étude conduite en 1922, par la Société des Chemins de fer de la Côte, aboutit au projet d'un escalier mobile devant faciliter les déplacements entre la ville haute, (Frileuse - Aplemont), et basse, (Graville - l'Eure). Auparavant les ouvriers devaient monter à pied la côte Pasteur ou l’escalier de Montmorency pour se rendre au travail ou regagner leur domicile.
L’escalier Montmorency avant la construction de l’escalier roulant. © Dan.
Sa conception
L’escalier est conçu dans les établissements Grosselin à Sedan spécialisés dans ce type de fabrication. Son administrateur technique, l’ingénieur Hugoniot, a dans son service Edouard Hocquart. Ce dernier avait perfectionné le principe de l’escalier mécanique inventé en 1891 par Jesse Wilford. Reno.
La municipalité du Havre passe commande de ce modèle d’escalier mécanique, mais souhaite qu’il puisse être utilisé dans les deux sens, aussi bien en montée qu’en descente. Il doit aussi pouvoir transporter landaus et bicyclettes facilement et sans danger. Hocquart avec Hennequin, un autre ingénieur de cet établissement, mettent au point un escalier répondant à ces besoins. Le résultat de leurs travaux fait de l’escalier roulant un monument unique en France, seul un autre exemplaire existe en Belgique.
Dessin technique montrant la disposition d’une personne avec un landau sur les marches. © Archives LiA.
Les bâtiments sont construits par l'entreprise Thireau Morel et la mécanique par les ateliers du Havre de la Compagnie Electro-Mécanique. Les travaux débutent le 2 février 1926 et s'achèvent le 10 octobre 1927. Après essais l’inauguration a lieu le 27 mai 1928.
Unique au monde à l'époque, il est mis en exploitation par une société indépendante constituée à cet effet, la « Société Havraise de Transports en Commun », dont Emile Evers est un des initiateurs.
L’escalier roulant lors des essais. A gauche le brin montant, à droite le brin descendant avec des tonneaux rempli d’eau pour essai de charge. © Dan.
Son exploitation
A gauche les premiers temps de l’exploitation, notez sur la photo l’absence de construction à la sortie. Le même point de vue au début des années 1960 avec la construction servant de vestiaire pour les employés. © Dan.
La S.H.T.C. (Société Havraise de Transports en Commun) gère cet établissement jusqu'en 1964.
Mais année après année, les passagers sont de moins en moins nombreux, l'exploitation étant déficitaire la S.H.T.C. revend la concession.
En 1965, la C.G.F.T. (Cie Générale Française de Tramways) en prend la gestion. Devant le déficit d’exploitation il n’y avait que deux solutions : soit fermer définitivement, soit augmenter le prix de la montée, la seule payante.
C'est donc avec une augmentation du tarif que l'escalier reprend du service.
Ticket de l’escalier roulant © Archives LiA.
Mais le 14 septembre 1984, une panne importante du système bloque l'ensemble du mécanisme. L’exploitation étant toujours déficitaire et la réparation trop coûteuse, son utilisation s’arrête là pour ne plus jamais reprendre.
L’entrée de la station basse en 2010 © Dan.
Quelques chiffres
S’étendant sur 178 m en totalité avec la galerie de 126 mètres et une différence de niveau de 48,80m, l’escalier a donc une pente d’environ 38 %. Il est compsé de 356 marches d’une largeur de 1,06 m et d’une profondeur de 0.96 m ; cette profondeur importante permet le transport des voitures d’enfants, et des bicyclettes. Les deux entrées sont dotées de guichets de perception..
La sortie de la station haute servait aussi de support publicitaire. © Collection privée.
En 1976 est installée une nouvelle machinerie qui consomme deux fois moins d'énergie.
830 921 c'est le nombre de voyageurs à la montée entre le 27 mai 1928 et le 15 mars 1929.
360 327 c'est le nombre voyageurs à la descente pour la même période.
312 127 c'est le nombres de bicyclettes et voitures d'enfants toujours pour cette même année.
210 000 voyageurs en 1972.
79 000 en 1983.
La semaine prochaine nous verrons en détail ce qui fait la spécificité de cet escalier mécanique.
Sources :
Le Génie Civil du 30 mars 1929.
Journal Sedan Républicain du samedi 21 février 1925.
Remerciements :
Sébastien HAGUETTE. Président de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Sedanais.
Marc Haspot et Christian Beuzit.
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