La Compagnie des Messageries Automobiles (Le Havre)
Voyager ou transporter des marchandises se faisaient avec différents véhicules hippomobiles jusqu’au XXème siècle. Les temps de parcours étaient longs, pour s’en donner une idée, il fallait 3 à 4 jours pour aller à Rouen, 10 pour Paris, 12 à 13 pour Orléans, 15 à 16 pour Lille, etc.
Deux diligences d’agrément ici à Caudebec en Caux. © F. Vaudour.
Ce n’est qu’avec l’apparition des véhicules motorisés que ces temps de parcours diminueront. Dès lors se déplacer en dehors du Havre devient plus simple. C’est pourquoi en 1904 est créée la « Compagnie des Messageries Automobiles » utilisant à ses débuts des omnibus à vapeur tel celui-ci :
A gauche l’omnibus à vapeur de Dion Bouton. A droite le même endroit de nos jours © Dan.
Mais les moteurs à vapeur ont des performances très limitées, de plus les trépidations gênent les voyageurs. Les multiples pannes désespèrent les exploitants en raison du coût des réparations et des journées perdues.
Le moteur à explosion remplace avantageusement le moteur à vapeur. Mais le voyage des passagers n’est pas de tout repos pour autant avec des véhicules équipés de roues à pneus pleins. N’oublions-pas qu’à cette époque les rues sont recouvertes de pavés et la plupart des routes ne sont encore que des pistes.
Les Messageries Automobiles au départ du Havre pour Etretat. © Dan & Michel Fouquet.
Le point de départ se situait devant la Grande Brasserie du Printemps, c’est-à-dire à l’angle de la rue Jules Lecesne et de la place de l’Hôtel de Ville. La première ligne desservie est celle du Havre à Etretat, l’abondance des voyageurs pour cette destination témoigne d’un engouement certain pour ce nouveau moyen de transport.
Le carrefour de la rue Jules Lecesne avec la place de l’Hôtel de Ville. © Dan.
Devant ce succès prometteur la compagnie créée de nouvelles lignes comme Le Havre-Lillebonne par Saint Romain et Tancarville. Cette ligne est prolongée de Lillebonne à Pont-Audemer en passant par le bac de Quillebeuf.
Le passage du bac de Quillebeuf. En médaillon un véhicule de la Compagnies des Messageries Automobiles sur le bac. © François Vaudour & Dan.
La prolongation du réseau jusqu’à Pont-Audemer permet de créer trois nouvelles destinations partant de cette ville, à savoir : Lisieux, Elbeuf et Honfleur avec retour sur Tancarville.
Deux représentations de la ligne vers Pont-Audemer. © Dan.
Ci-dessous, le réseau de la Compagnie des Messageries Automobiles en 1908, avec le premier trajet Le Havre-Etretat en rouge. Avec le succès le nombre de véhicules passera de 35 couvrant 350 km de circuit pour aboutir à 50 véhicules pour un réseau de 500 Km.
© Revue « le De Dion Bouton" numéro 128. Collection Dan.
La première guerre mondiale viendra stopper cet élan. En 1919 la ligne Le Havre-Etretat est reprise par le garage Fontaine rue du Docteur Gibert. En 1921 le journal "HAVRE-ECLAIR" en faisait la promotion en indiquant les horaires de départ :
Annonce du journal "Havre-Eclair" du 20 mars 1921. Collection Dan.
D'autres concurrents viendront compléter les services de transport de passagers, citons les principales dans l’ordre chronologique :
1929 : la Société de l’Ouest et du Sud-Ouest (S.A.T.O.S.) place de l’Hôtel de Ville.
1931 : les transports Oscar Arcangioli qui prendra le nom de « Autocars Gris » en 1932.
1932 : année prolifique puisque sont créés la C.N.A. Compagnie Normande d’Autobus, les Autocars Bredaz et Ténart. Les Cars Philippe qui prendront le nom d’Autocars Verts. Quant aux Cars Alcover ils choisiront le nom d’Autocars Bleus.
La Compagnie Normande d’Autobus en 1935, ici lors d’une excursion au Havre pour les officiers du train. © Michel fouquet.
En 1939 hormis les cars Fontaine, (qui se contentent de faire l’aller-retour jusqu’à Tancarville), deux compagnies détiennent le monopole des services d’autocars pour le pays de Caux et la rive sud de l’estuaire : les Autocars Gris et La C.N.A.
Un autocar Bredaz et Tenart pour les colonies de vacances. © michel Fouquet.
Sources :
Revue « Le De Dion-Bouton » journal industriel hebdomadaire du 4 janvier 1908.
Jean Legoy : Le peuple du Havre et son Histoire 1914-1940.
Journal « Le Petit Havre » 1932.
Crédit photos :
Collection Michel Fouquet.
Collection François Vaudour.
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