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HAVRAIS-DIRE Le blog de Dan et ses amis.
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6 novembre 2022

L'affaire Troppmann

En 1869 le bassin du commerce est le théâtre d’une scène peu ordinaire. Ce fait divers dont un acte se déroule au Havre, est rapporté dans la presse nationale de l’époque.
Dans l'épisode local de ce fait divers, deux havrais seront mis à l’honneur, un gendarme et un calfat. Les journalistes et les illustrateurs ont relaté cette histoire dans leurs journaux respectifs mettant en scène ce crime odieux. Mais de quoi s’agit-il ?  C’est l’histoire de Jean Baptiste Troppmann né en octobre 1849 à Cernay (Haut Rhin). Il a inscrit son nom en lettres rouge sang dans les archives judiciaires
.

Jean Baptiste Tropmann ALG
Jean Baptiste Troppmann © L’œuvre
.

L’affaire débute dans la matinée du 20 septembre 1869. Ce jour-là un cultivateur de la Villette, Claude Langlois, se rendant à Pantin, remarque des traces de sang dans un champ de luzerne. Intrigué il les suit et abouti dans son champ labouré. Là il aperçoit un morceau d’étoffe dépassant de terre. En tirant dessus il ramène une tête humaine... l’affaire Troppmann commençait.

découverte
Le paysan Langlois découvre les cadavres. © Annales Judiciaires.

Affolé le cultivateur prévient les gendarmes, ceux-ci, sans même creuser la terre, mettent à jour six cadavres encore chauds. Celui d’une femme, d’une fillette et de quatre jeunes garçons. A quelques mètres de là le couteau et la pioche dont s’est servi l’assassin gisent à terre. La police mène une enquête au cours de laquelle un hôtelier reconnait les victimes, la femme Kinck (1) et ses enfants. Le mari absent est soupçonné, mais il est vite innocenté, et pour cause, il a été assassiné et enterré quelques jours plus tôt dans une forêt d’Alsace.
Troppmann avait monté un plan machiavélique pour soutirer de l’argent à cette famille, et après avoir assassiné le père attire le fils ainé dans un guet-apens pour le tuer et faire de même ensuite pour la femme et les enfants Kinck à Pantin

(1) Selon le journal ou la revue, le nom est écrit Kinck ou Klinck.

Le monde illustré 2-10-1869 ALGScène de la découverte des six cadavres de la famille Kinck, dans le champ Langlois © Le Monde Illustré 1869.

La police mène une enquête où le nom de Jean Baptiste Tropmann revient souvent. Sentant les soupçons peser sur lui, Troppmann s’enfuit au Havre. De la cité océane il pense gagner les Etats-Unis avec l’argent et les bijoux qu’il avait soutiré aux Kinck. Il passe deux nuits dans deux hôtels différents sous le nom de « Fisch ». Ayant des allures suspectes et tenant des propos étranges, il est signalé à la gendarmerie.

       En tournée d’inspection, le gendarme Ferrand entre dans l’auberge mal famée de la rue Royale (rue Faidherbe) qui d’ordinaire sert de refuge aux marins déserteurs de tous pays. Il remarque un homme placé dans un coin obscur ayant une allure ne correspondant pas à la « clientèle » ordinaire de cet établissement.

rue Faidherbe ALGLa rue Faidherbe, au début du XXème siècle. Coll Dan.

rue Faidherbe ALG -2-La rue Faidherbe de nos jours. © Dan.

 Le gendarme s’approche de lui et lui demande ses papiers. Devant le trouble que manifeste Troppmann et ses réponses embarrassées à propos d’une blessure à la main, le gendarme décide de le conduire devant le procureur impérial. Pendant le trajet Troppmann échappe à la vigilance du gendarme et réussit à s’enfuir. Poursuivit par la foule prêtant main forte au gendarme, il se précipite sur un radeau amarré dans le bassin du commerce.
            La presse de l’époque a illustré abondamment cet épisode avec des gravures plus ou moins fantaisistes représentant Le Havre. Havrais-dire vous en propose quelques-unes, afin que vous vous fassiez une idée de ce qui les a inspiré.

Commerce bassin 1869 ALGLe monde illustré d’octobre 1869. le repêchage de Tropmann, Sans doute la plus fidèle à la réalité.

Arrestation -2-Gravure extraite de : « Les crimes célèbres » 1870.

ArrestationGravure extraite des « Annales des Tribunaux ».

Dans l’illustration ci-dessous le dessinateur a pris soin de dessiner la tour François 1er, l’hôtel de Beauvoir et l’église Notre-Dame, ce qui signifierait que Troppmann a été repêché dans l’avant-port, alors que l’affaire se déroule bassin du commerce. De plus la tour François 1er et l’hôtel de Beauvoir n’existaient plus en 1869.

Tropmann repêché ALGGravure extraite de la revue "le monde illustré".

Des cartes postales ont été aussi édité à cette occasion, comme celle présentée ci-dessous.

Coll MF ALGCarte postale collection Michel Fouquet.

Une photo du début du XXème siècle nous permet d’avoir une idée plus exacte du lieu où Troppmann a plongé et du quai où travaillaient les calfats.

Calfatage Ba du Commerce ALGLe bassin du commerce avec un navire sur la pigoulière pour calfatage. Coll Dan.

Le héros de cet épisode Havrais, concernant l’affaire Troppmann, outre le gendarme Ferrand, est le calfat Haugel.
Reprenons le récit après l’arrestation par le gendarme Ferrand.

Troppmann, après avoir sauté sur le radeau dans le bassin du commerce, et voyant les marins s’avancer vers lui, plonge dans l’eau pour leur échapper. Le calfat Haugel s’élance derrière lui et le saisit au moment où il refait surface. Troppmann se débat et résiste à son sauveteur, lui prend les jambes pour l’entrainer dans les profondeurs. Haugel se débarrasse vigoureusement de son étreinte et à son tour l’envoie au fond. Épuisé par la lutte Troppmann remonte à la surface ou le calfat le saisit par les cheveux, et nage ainsi jusqu’au quai où il le dépose. La foule applaudit frénétiquement ayant suivi depuis le quai toutes les péripéties de ce « drame ».
Transporté au poste de sureté on trouva sur Troppmann les papiers compromettants et bijoux des Kinck preuves de ses crimes.
Troppmann est reconduit à Paris où son procès se déroule du 28 au 30 décembre 1869. Le verdict est la condamnation à mort. Il sera exécuté le 19 janvier 1870..

Procès de Tropmann ALGLe procès à Paris de Jean Baptiste Troppmann. © Images d'Epinal.

Execution de Tropmann ALGL’exécution de Jean Baptiste Troppmann© Images d'Epinal.

Sources : le monde illustré octobre 1869.
Journal « L’œuvre » de 1937.
Les Annales des tribunaux 1869.
P. Bouchardon « Troppmann Édition Albin Michel 1950.
Jean-Baptiste Troppmann son jugement sa condamnation Édition Le Puy 1870.
Les crimes célèbre Par H-C et J-C Paris 1870.
Crédit photo collection Michel Fouquet. Dan. Images d'Epinal.

Merci de votre visite.

Commentaires
U
mon arrière-arrière-arrière-grand-père était gendarme maritime au Havre, à cette époque-là exactement. Vous écrivez qu'il y avait aussi des photos de cette histoire ? Où puis-je en savoir plus à ce sujet ?
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G
Vous voilà transformé en commissaire de police à la recherche des bandits d'avant.... et c'est super sympa. Vous nous faites découvrir par cette histoire l'ancien havre... <br /> <br /> Les gravures dessinées sont superbes.. et grouillent de vie... ne manque que la fumée du goudron.<br /> <br /> "Grand'père", c'est quand la prochaine histoire ?
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S
Triste histoire DAN .<br /> <br /> Bonne journée.
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E
Il avait laissé son couteau trainer après le meurtre, il n'avait pas peur car les empreintes digitales n'étaient pas, je pense, encore recherchées à l'époque ? On ne sait pas pourquoi on s'est tourné vers Troppmann dès le début pour l'enquête. En tout cas tuer toutes ces personnes c'est déplorable, bien sûr c'était pour de l'argent mais c'est très triste. Merci pour ce fait-divers sordide. Bonne semaine.
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C
Ah, la mise en page du blog a changé !<br /> <br /> Sur le fond de cette histoire, connais-tu l'identité plus précise de ce calfat Haugel, sans doute Hauguel. J'ai en effet plusieurs ancêtres qui correspondent à cette période : 2 frères Eugène Arthur et Louis Eugène Hauguel qui étaient calfats.<br /> <br /> Bonne fin de soirée.<br /> <br /> C&B
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R
toujours tres bien
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T
Quelle histoire !<br /> <br /> Je n'avais jamais entendu parlé de ça, alors merci pour la découverte.<br /> <br /> Bon dimanche.
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E
Bonjour Dan : quelle affaire "Troppmann " !! Ton résumé historique ,complété par ces journaux et ces photos/gravures ,est impressionnant ...Comme dit un de tes lecteurs , on verrait bien un film ,même si ça date de 1869/70 . Très bien fait ,et toutes nos félicitations . Bonne fin de journée toi et M.J. E.C.
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G
Salut,<br /> <br /> <br /> <br /> Pas franc du collier le gaillard et il avait tout juste 20 ans ! <br /> <br /> <br /> <br /> La représentation dans la presse est plus fantaisiste qu'autre chose et fait douter des gravures que l'on trouve dans certains journaux de l'époque.
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A
Bonjour Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà un sujet qui diffère complétement de ce que tu fais habituellement.<br /> <br /> <br /> <br /> Et je dois dire que c'est passionnant avec les différents documents d'époque qui montrent bien l'importance de cette affaire du 19ème siècle<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part je n'avais jamais entendu parler de ces affreux assassinats et le moins que l'on puisse dire, c'est que le meutrier n'a reculé devant rien pour arriver à ses fins... une sale histoire !<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cet intéressant récit avec beaucoup de recherches comme d'habitude.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche (bien pluvieux) à toi et à l'équipe.
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M
superbe histoire ..méconnue pour moi, sauf l'histoire des calfats. bonne journée à vous et à bientôt
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G
Bonjour Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> Moi qui ai de l'intérêt pour les affaires judiciaires, je n'ai jamais entendu parler de celle-ci. Et pourtant, elle ne manque pas de piquant et aurait pu faire, quelque peu romancée, l'objet d'un livre ou d'un film. Néanmoins, avec ton récit et le nombre et la qualité de ta documentation, on a tout ce qu'il faut. <br /> <br /> Bon dimanche
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F
Bonjour Dan et Nicéphore,<br /> <br /> J'allais dire : voici une histoire épatante, bien que pas rigolote dans le fond, mais captivante par ses péripéties, et qui nous montre par la même occasion le métier de calfat.<br /> <br /> Si tu me le permets voici un extrait de l'abbé l’abbé Anthiaume qui a écrit une somme sur la navigation. Il évoque le dur labeur des calfats par cette vieille chanson :<br /> <br /> <br /> <br /> Quand un bateau est en carène<br /> <br /> Comme l’sien, qu’vous voyez là-bas,<br /> <br /> On n’sait pas l’mal et tout’ la peine<br /> <br /> Que s’donn’ ceux qui sont su’ les ras !<br /> <br /> Dans l’étoupe en plein goudronnage,<br /> <br /> Vous voyez bien çu tas d’margats…<br /> <br /> C’est ma bordée, mon équipage !<br /> <br /> C’est tous calfats, c’est tous calfats !<br /> <br /> <br /> <br /> On trouve partout des minisses<br /> <br /> Des sénateurs, des députés,<br /> <br /> Des charpentiers, des ébénisses<br /> <br /> Et même des douaniers retraités.<br /> <br /> On trouve des femmes de ménage,<br /> <br /> Des nourrices puis des soldats…<br /> <br /> Mais on n’trouve pus — ça c’est dommage ! —<br /> <br /> Des tas de calfats…Y a pus d’calfats !<br /> <br /> <br /> <br /> Je le jur’ sur la Pigouillère,<br /> <br /> Nous avions tant de turbin dans l’temps<br /> <br /> Que j’ai vu ma bordée entière,<br /> <br /> Tous les jours, en cracher le sang !<br /> <br /> A présent c’est des fariboles…<br /> <br /> Adieu maillet et pataras !<br /> <br /> Car, avec leur f…… castroles,<br /> <br /> Faut pus de calfats, faut pus de calfats !<br /> <br /> <br /> <br /> A c’t’heur’ que l’fer fait tout l’bordage,<br /> <br /> Y a pus moyen de fair’ ses frais !<br /> <br /> On a supprimé l’calfatage…<br /> <br /> Ah ! c’est du propr’ que leur progrès !<br /> <br /> Qui qu’nos garçons f’ront d’leur carrière ?<br /> <br /> Des ingéneurs, des avocats !<br /> <br /> Autant brûler la Pigouillère !<br /> <br /> Faut pus d’calfats, Faut pus d’calfats.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche à tous<br /> <br /> FAH
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H
Bonjour Félipé<br /> <br /> De rien et comme vous le soulignez c’est une bien étrange affaire avec un homme bien étrange lui aussi.<br /> <br /> Bon dimanche Félipé.
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F
Bonjour, merci pour toutes ces informations de cette étrange affaire .<br /> <br /> Bon dimanche Dan.<br /> <br /> P.Gac
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V
Merci pour ce compte rendu, toujours aussi captivant.
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