Le garage de Léon Molon 1-3
On associe habituellement le nom de L. Molon aux ateliers de fabrication de guêtres rue Montmirail. Mais pour son fils Léon ce sera une tout autre affaire. Ce fils avait bien des cordes à son arc, c’est ce que nous allons développer ici.
Un des ateliers L Molon rue Montmirail. Coll Dan.
Les affaires de la famille Molon comprenaient également la Tannerie, Corroierie et Vernisserie comme l’atteste cet entête de lettre :
Un entête de lettre au dessin quelque peu disproportionné par rapport à la réalité. Coll Dan.
Léon Molon est né le 12 janvier 1881 à Arras dans le Pas-de-Calais. Sportif accompli, il s’adonne dès son plus jeune âge au cyclisme. Il gagne, à seulement huit ans, sa première course à Douai. Cette victoire sera suivie de beaucoup d’autres dans cette discipline.
Du vélo il passe à l’auto, où, là aussi, ses succès sont nombreux. Il participe en 1913 à une course au Mans que deviendra plus tard les fameuses 24 heures et qui subsiste toujours, mais à l'époque elle n'avait pas cette dénomination.
Léon Molon au volant (et en médaillon) de son automobile, une "Vinot-Deguingand", lors d’une course à Dieppe. © Gallica.
Passionné d’automobile il le sera également par l’aviation naissante. Blériot venait de traverser la Manche en juillet 1909. Molon désirant lui aussi s’adonner à ce nouveau « sport » lui achète un aéroplane. Il sera un des premiers clients à lui commander un avion.
Il obtient son brevet de pilote le 6 janvier 1910, (le numéro 25), et participe à la quinzaine de l’aviation au Havre la même année. Il mènera en parallèle ces deux activités sportives, automobile et aviation, où il décroche de nombreuses récompenses.
Léon Molon à bord de son Blériot. Coll Dan.
La vie sportive de Léon Molon a été racontée sur tous les supports, films, livres etc. Havrais-dire va s’attacher à la partie peut-être la moins connue de sa vie, celle du garagiste rue de Bapaume au Havre. Cette artère étant particulière, elle mérite que l’on s’y arrête un instant.
La rue de Bapaume. (1)
Située entre le bassin du commerce et le boulevard de Strasbourg la rue de Bapaume reprend le nom d’une bataille qui eut lieu en 1871 dans cette ville du Pas-de-Calais. Elle est en diagonale par rapport à ses voisines en raison de son origine. C’était une promenade sur les fortifications pour les havrais de l’époque. Sur les plans anciens elle a comme patronyme : « Rue des boulevards d’Ingouville », dont elle a gardé l’alignement.
La future rue de Bapaume figurée par le trait rouge. (Extrait du plan Frissard 1838. Coll S.H.E.D.)
De nos jours, la rue de Bapaume n’a conservé qu’une infime partie de son ancien tracé, néanmoins elle a gardé sa position en diagonale, ce qui permet de connaitre les limites du Havre en 1838.
En surbrillance bleue l’actuelle rue de Bapaume. © Google Earth.
C’est donc dans cette artère aux 4-6-8, que Léon Molon ouvre son garage en 1889..
Le garage Léon Molon aux 4-6-8- rue de Bapaume. Notez l’immeuble avec le point rouge, il existe toujours. Coll Patrice Hardy.
L’immeuble encore existant devant lequel passait la rue de Bapaume. Le point jaune représente la rue Heuillard, et le point bleu la rue Jules Siegfried vers l’ouest. Photo Dan.
La semaine prochaine nous verrons que Léon Molon ne se contenta pas de ce seul garage mais qu’il ouvrira une agence Renault non loin de celui-ci.
(1) La rue Faidherbe dans le quartier Saint François a porté un temps ce nom, avant le décès du Général Faidherbe.
Sources :
Programme officiel du journal Havre-Éclair et Le Petit Havre.
Annuaires Micaux.
Recueil de l’Association des Amis du Vieux Havre N° 49 1990.
Aviation Magasine du 7 juin 1956 et Raymond Saladin.
Journal « l’Aero » année 1912.
Crédit photos :
Un remerciement particulier à monsieur Patrice Hardy, pour les photos de sa collection et à Sébastien Bocé.
Gallica.
Google Earth.
Collection et photos Dan.
Merci de votre visite. Suite la semaine prochaine.