L'immeuble Sénéchal
Bâti au début du XIXème siècle, cet immeuble fait partie des rares propriétés de caractères à avoir échappé aux bombardements dans le quartier Saint François.
Cerclée en rouge, la maison Sénéchal en 1949. © I.G.N.
Voulu et dessiné par Sénéchal, cet immeuble fut édifié avec des pierres provenant de la démolition du couvent des Capucins d’Harfleur. Sénéchal était directeur d’une entreprise de construction maritime. Il décédera au Havre le 9 septembre 1814.
L’immeuble Sénéchal désigné par la flèche rouge. Coll F. Vaudour.
Nombreux seront les locataires et propriétaires qui occuperont cet immeuble. Citons-en deux en particulier, Jacques Larue et son associé Palmer. C’est ici qu’ils auront leur société jusqu’en 1838. Transférés par la suite quai d’Orléans (quai George V), les affaires de ces deux négociants seront reprises par Édouard Larue le fils de Jacques. Cependant Édouard Larue continuera d’habiter dans l’immeuble Sénéchal. C’est à lui que l’on doit d’avoir le boulevard François 1er, attendu qu’il sera nommé Maire à deux reprises par l’Empereur Napoléon III.
Le 27 quai Casimir Delavigne au début du XXème siècle. Coll Michel Fouquet.
Le quai Casimir Delavigne, sur lequel est bâti l’immeuble Sénéchal, servit aussi au déchargement du bois de campêche, visible sur la carte postale ci-dessus. Avec cet arbre, une fois broyé, on obtenait un puissant colorant rouge utilisé dans l’usine Havraise de la Compagnie Française des Extraits Tinctoriaux.
Quant à l’immeuble Sénéchal lui-même, il est construit sur l’emplacement de la maison où naquit Casimir Delavigne (1793-1843), c’est pourquoi le quai porte son nom depuis 1844.
La plaque commémorative de Casimir Delavigne toujours visible de nos jours à l’encoignure de l’immeuble avec la rue Dauphine. © Dan.
Au début des années 1930 le rez-de-chaussée est occupé à la fois par « le foyer Transatlantique », cercle de jeunes gens de la Cie Gale Transatlantique, mais également par les bureaux des liaisons maritimes entre Le Havre, Cherbourg, Granville, Saint-Malo, Saint-Brieuc et Morlaix.
L’immeuble Sénéchal en 1935. Coll Dan.
Racheté en 1989 par un promoteur privé, l’immeuble est restructuré et embelli. La façade étant classée, les Monuments Historiques suivent cette restauration sous la surveillance de Dominique Moufle architecte en chef. Il travaille en bonne entente avec l’architecte chargé du projet Marc Lechevalier du cabinet Acaum. Tout l’intérieur sera démoli afin de le mettre aux normes actuelles. Mais on ne modifiera en rien son aspect extérieur.
L’apparence de l’immeuble Sénéchal pendant sa restauration. © G. Betton.
La façade est ravalée à l’eau claire cette technique permet de la préserver au maximum tout en lui redonnant l’éclat original. De la pierre de Saint Maximin teintée au badigeon est utilisée pour remplacer les pierres brisées. Les grandes vitrines en bois ainsi que les portes et fenêtres, sont remplacées par de larges baies vitrées enchâssées dans des profilés en acier.
L’ancienne entrée avec son enseigne en mosaïque a disparu dans cette restauration. © G. Betton.
L’intérieur quant à lui est complètement dépouillé à l’exception de quelques éléments tel que l’escalier en fer forgé avec ses niches pour les statues. Des matériaux modernes sont utilisés pour le revêtement et l’isolation des murs. Un ascenseur est installé. Certains planchers sont sacrifiés pour les couvrir d’une dalle en béton allégé.
Quant à la tour de vigie située sur le toit, elle fait partie d’un appartement du quatrième étage. Elle comporte deux niveaux, dont le supérieur à une vue « imprenable » sur la ville.
La vigie vue du quatrième niveau. Photo Le Havre Libre.
Dernière « concession » à la modernité, afin d’aménager les combles en studios, l’ajout de mansardes sur les toits. Elles étaient 5 en façade à l’origine, elles sont au nombre de 7 aujourd’hui.
Commencés en février 1997, les travaux se termineront en octobre de la même année.
L’immeuble Sénéchal tel qu’il se présente de nos jours. © Dan.
Sources :
Charles Vesque, histoire des rues du Havre.
Annuaire Micaux de différentes années.
Clémence Chabreuil : Havre-Libre octobre 1997.
Généanet.
Photos :
Gilbert Betton.
Michel Fouquet.
François Vaudour.
Havre-Libre.
Dan.
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