Le Havre. Points de vue autour de Frascati 4/4
Dernier point de vue :
Comme bien souvent dans l’histoire du Havre vient le moment de l’évocation de la seconde guerre mondiale avec son cortège de désolations. Le quartier du Perrey comprenant l'hôtel Frascati en sortit meurtri.
À partir de 1942 le littoral devient zone interdite pour y construire le mur de l’Atlantique avec blockhaus, canons, barbelés chevaux de frise etc, afin d’empêcher toute invasion ennemie.
Un groupe de soldats allemands sur la digue nord. Coll François Pivert.
Pourtant les allemands avaient bien l‘intention d’envahir l’Angleterre avec l’opération « Seelöwe » depuis les ports de Boulogne-sur-Mer, Cherbourg et Le Havre. Des navires de tous types, y compris des bateaux de pêche et des péniches, avaient été réquisitionnés pour cette opération.
Au Havre l’occupant avait également préparé des ponts flottants en vue de cette expédition.
Le pont flottant au cours de ses essais. La flèche rouge indique la villa Salacrou. Collection François Pivert.
Manœuvres sur la plage avec des péniches en vue de l’invasion de l’Angleterre. Coll Dan
Le Havre devient une place forte, l’hôtel Frascati est fermé, ses portes et fenêtres sont murées, plus rien de ce qui faisait sa splendeur ne résiste à l’envahisseur.
L’hôtel Frascati (flèche rouge) avec ses baies vitrées entièrement murées. La flèche bleue indique l’immeuble avec le monument Durécu-Lecroisey et la flèche verte le sémaphore. Collection François Pivert.
Durant tout le conflit les bombes occasionneront d’importantes destructions de l’hôtel, mais sans jamais l’anéantir complètement. Á la fin des hostilités il ne restait qu’une carcasse démembrée avec, malgré tout, quelques logements secondaires suffisamment intacts pour abriter la Croix Rouge américaine jusqu’en 1946.
La carcasse encore fumante de l’hôtel Frascati. Coll dan.
L’hôtel Frascati avec sa cheminée miraculeusement intacte. Coll Dan.
Tout ce qu’il y avait à proximité connaîtra le même sort, ce n’était que ruines ou presque. Certains édifices ont bien résisté aux bombes avant septembre 1944, à l’exemple de l’immeuble du pilotage de la Seine avec sa vigie encore intacte pendant le conflit.
Frascati désigné par la flèche rouge. La flèche bleue désigne l’immeuble du pilotage de la Seine avec sa vigie. Devant le quai des épaves de navires. Coll Cédric Conseil
En 1944 le conflit n’est pas terminé, Le Havre devient un port où le matériel militaire en provenance des États-Unis est débarqué. Mais en attendant le dégagement des quais, les américains utilisent des navires LST (Landing Ship Tank, navires de débarquement) aptes à s’échouer sur les plages non aménagées. Néanmoins si les premiers LST purent s’échouer sans difficulté à marée haute, à marée basse la difficulté était toute autre. Pour faciliter le transbordement ils ont aménagé devant les LST, des rampes d’accès faites de galets amoncelés.
Bulldozer poussant les galets pour aménager une rampe à la sortie d’un LST. Coll François Pivert.
Un LST et sa « rampe » de déchargement faite en galets figurée par la flèche rouge. Coll Vincent Senault.
Un débarquement de camions GMC (Général Motors Company) devant Frascati. En arrière-plan la digue sud. Coll Vincent Senault.
Les engins débarqués par les américains leur permettront de récolter les galets de la plage. Ces derniers serviront d’assises pour créer les routes des camps cigarettes comme celui de Gonfreville l’Orcher nommé "Philip Morris". Pour les ramasser ils utilisent un « scraper » un engin capable, grâce à une benne basculante, d'en récolter plusieurs tonnes rapidement.
Un « scraper » en action sur la plage. En arrière-plan le casino Marie-Christine (flèche rouge) Coll Vincent Senault.
On ne peut terminer ces articles consacrés aux abords de Frascati, sans présenter la photo ci-dessous. Elle représente les LST échoués devant Frascati débarquant du matériel lourd, manœuvre facilitée par la marée haute. Le boulevard Clemenceau quant à lui a été dégagé en partie par les engins de déblaiement.
Le débarquement du matériel devant l’hôtel Frascati. Coll Dan.
Fin de cette série. Merci de votre visite.
Sources :
Philippe Valetoux : Frascati vie et mort d’un mythe balnéaire havrais.
Charles Vesque : Histoire des rues du Havre.
Crédit photos :
François Pivert.
Vincent Senault
Cédric Conseil.
Dan.