Le Havre Les rues Marical et Guillemard
Le vallon naturel partant de Sanvic et descendant vers le Havre accueille les rues Marical et Guillemard. Mais cette cavée si commode soit-elle pouvait aussi représenter un danger comme on le verra plus loin.
La rue Guillemard est baptisée ainsi en 1878 et celle de Clément Marical en 1883. Ces deux artères ont changé plusieurs fois de nom au cours de l’histoire avec les différentes annexions entre Sanvic Ingouville et le Havre, pour cette dernière en 1852 et 1955.
En rouge le tracé des rues Clément Marical et Guillemard . Coll Dan.
Ainsi la rue Marical se nommait rue de la Cavée en 1877 puis rue des Pépinières en 1883.
Quant à la rue Guillemard elle s’appelait rue des Tuileries depuis 1781 en raison des nombreuses fabriques de tuiles sur son parcours. En 1838 on en comptait encore neuf, avec leur four de cuisson.
La rue des Tuileries avec en arrière-plan le clocher de l’église Saint Vincent. Coll Dan.
À l’origine elle ne débouchait pas sur le boulevard Albert 1er, celui-ci n’existant pas encore. Elle s’étendait jusqu’à la rue des Rochers. De nos jours ce prolongement est devenu la rue Champlain.
En rouge la rue Guillemard dans son tracé actuel. En violet la partie supprimée lors de la construction du boulevard Maritime en 1888. En vert le prolongement de la rue des Tuileries, prolongement devenu la rue Champlain de nos jours. © Gallica.
Le bas-Sanvic, c’est-à-dire aujourd’hui le quartier Saint Vincent est annexé au Havre en 1852.
En 1896 afin de desservir le cœur de Sanvic, la municipalité havraise sous la conduite de Louis Brindeau crée une ligne de tramway électrique passant par ces deux rues.
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1897 une tempête comme le Havre en connait de temps à autre, se déchaîne sur la ville. Les rues Marical et Guillemard étant dans une cavité naturelle, les pluies torrentielles s’y précipitent arrachant au passage les pavés et les rails du tramway.
Les dégâts dans la rue Clément Marical en 1897. Coll Dan.
Le même endroit de nos jours. © Dan.
La rue Guillemard connait la même mésaventure, ces deux artères furent interdites à la circulation, et il fallut près de 150 ouvriers pour réparer les dégâts.
Mais une seconde tempête, le 20 septembre, anéantit à peu près complétement les travaux effectués. Il fallut les recommencer, ce qui a couté à la ville la somme de 10 000 francs de l’époque.
La rue Guillemard après la tempête. Coll Dan.
Une autre vue de la rue Guillemard après la tempête. Coll Dan.
Le même point de vue de nos jours © Dan.
L'Ouest Hôtel, 70 rue Guillemard.
Au début des années 1930 et jusqu’en 1939 il est mentionné dans les annuaires du Havre. Cet hôtel reflète le style « Art Déco » avec ses formes cubiques sans aucune courbe. Détruit par une bombe au cours de la guerre c’est aujourd’hui un immeuble d’habitation de quatre étages qui le remplace.
Le 70 de la rue Guillemard avec « l’Ouest Hôtel » Collection Cédric Conseil.
Le point rouge désigne l’emplacement de l’hôtel détruit. La flèche bleue le mur anti-char au bas de la rue Guillemard pendant la guerre. Collection Cédric Conseil.
Le 70 de la rue Guillemard de nos jours. © Dan.
Si l’hôtel a disparu, par contre la maison voisine est toujours bien présente. Située au numéro 68, c’est un des rares exemple d’architecture hybride des années 1920. Son style n’est plus « Art Nouveau » mais pas encore tout à fait « Art Déco », une curiosité à voir. Construite en 1926 cette demeure a échappé de peu à la destruction en raison de la bombe tombée tout à côté sur l’hôtel.
La maison de 1926 désignée par le point rouge. © Dan.
Détail du fronton de l’immeuble © dan.
Pendant la deuxième guerre mondiale la sortie donnant sur le boulevard Albert 1er sera condamnée par un mur antichar comme on l’a vu plus haut. Au carrefour avec la rue Joseph Morlent est installé un affut d’arme automatique pointée vers la mer afin d’arrêter d’éventuels assaillants.
L’affut à demi enterré au carrefour avec la rue Joseph Morlent. Coll Cédric Conseil.
Le même endroit de nos jours © Dan.
Cette rue autrefois très animée est aujourd’hui désertée par les commerçants, elle suit en cela l’urbanisation actuelle où les petites boutiques les unes après les autres disparaissent de nos rues.
Exemple en 2023 de commerce disparu. © Dan.
Almanach Illustré du Courrier du Havre. 1897.
Louis Brindeau Les évènements de 1870 à 1871 au Havre. 1909.
Olivier Pringard : Des omnibus au Tramway Éditions du Havre de Grâce. 2012.
Crédit photos :
Cédric Conseil.
Almanach Illustré du Courrier du Havre. 1897.
Revue l’Illustration.
Dan.
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