Le quai Auguste Broström 1/3
Le quai de Broström n’est pas le plus connu des quais du port, il a pourtant une grande importance comme nous allons le constater.
Son nom nous vient d’un négociant armateur et directeur des paquebots du Finistère. Son père était Suédois et sa mère Française. Il fut également adjoint du Maire de 1871 à 1884.
C’est en 1891 que le quai de la Citadelle est baptisé de son nom.
Au 18ème siècle au pied du quai aux bois, (lequel deviendra le quai de la Citadelle puis Broström), on trempait les troncs d’arbres dans l’eau de mer pour les durcir et les protéger des champignons lignivores. L'endroit où se pratiquait l'enclavement, se nommait « fosse de pieux », « fosse de madriers », « fosse aux mâts » ou encore « mare aux poutres », « travée », « parquet ».
Le Havre en 1728. 1 = l’emplacement du futur quai de Broström, 2 = La fosse aux mâts. 3 = Le Grand quai avec au-dessus la tour de l’église Notre-Dame. Plans Frissard. collection S.H.E.D.
Le Corsica.
Le naufrage du Corsica, de la compagnie des "Chargeurs Réunis" eut lieu le 14 novembre 1894, à la sortie du bassin de l'Eure devant ce qui deviendra le quai Broström.
Manœuvrant pour passer l'écluse des transatlantiques et aller dans l'avant-port, aidé du remorqueur "Tourville", le Corsica fut emporté par son élan, et poussé par un vent fort, heurta le musoir Est de la porte de l'écluse. Il s'ensuivit une déchirure de la coque sur 13,50 mètres. Grâce au sang-froid du capitaine Le Valois et aidé du remorqueur, il eut le temps de franchir la passe avant d’aller s'échouer dans l'avant-port. Il n’y eu aucune victime.
Le Corsica échoué devant ce qui deviendra le quai Broström. En arrière-plan, la machinerie avec sa grande cheminée. © Arcives Départementales.
La machinerie.
Au XIXème siècle les ponts et écluses de la partie ouest du port étaient actionnés par une énergie hydraulique sous forme d'eau comprimée à 54 kg/cm². La production de cette eau sous pression se fait dans deux machineries centrales. L'une alimentant les écluses et ponts de l'avant port, l'autre desservant les bassins intérieurs. Une canalisation de jonction entre les deux machineries permet d'assurer le service en cas d'arrêt de l'une d'elles.
Chaque machinerie possède 3 pompes à commande électrique, pouvant débiter chacune 27 mètres cubes d'eau sous pression par heure.
La machinerie de l'avant port est de plus munie d'une pompe de secours de même puissance, actionnée par un moteur à essence permettant, en cas de panne de courant , d'assurer les manœuvres les plus urgentes.
La machinerie du quai de Broström vue vers le nord. La flèche indique la maison de l'armateur quai de l'Ile. Au premier plan, l'annexe de la gare maritime de la Compagnie Générale Transatlantique. Coll Dan.
Fonctionnant à la vapeur les machines seront démontées en 1927 et remplacées par des pompes électriques. Cela aura pour conséquence la disparition de la cheminée. La partie sud sera démolie et sur l’emplacement seront construits quatre logements de fonction.
La machinerie du quai de Broström au début du XXème siècle. Coll Dan.
La situation en 1926. La flèche rouge désigne la partie qui sera démolie l’année suivante. La flèche bleue la cheminée encore en place. © IGN.
La situation en 1932 : La flèche rouge désigne les logements de fonction. La flèche bleue : le vide laissé par la disparition de la cheminée. © IGN 1932.
La guerre et l'après-guerre.
Le 21 décembre 1940, une bombe tombe sur la machinerie. Afin de la protéger, l’occupant l'enfermera dans un blockhaus construit en 1941-42.
La photo ci-dessous, est de l’après-guerre, le blockhaus protégeant la machinerie est encadré en rouge. La nouvelle capitainerie du port, construite dès le conflit terminé, est encadré en bleu. Elle sera démolie en avril 1964 et remplacée par l’actuelle capitainerie à l’entrée du port. (1)
Vue aérienne du secteur. Coll JM Herouard.
Sur l’emplacement de cette ancienne capitainerie on exposera l’étrave du France en 2018.
L’étrave du paquebot France, sur l’emplacement exact de l’ancienne capitainerie. En médaillon la nouvelle capitainerie. Photos Dan.
Quant au blockhaus, les Havrais pourront le voir jusqu’en 1992, année de sa démolition.
Le blockhaus, désigné par la flèche, encore en place en 1992. Photo JJ. Rosconval.
Le même endroit actuellement avec l’emplacement du blockhaus désigné par la flèche. Photo Dan.
(1) Précisions concernant cette capitainerie par Patrick Bertrand :
Au lendemain de la guerre, le service de la Capitainerie (commandant du port, adjoints, secrétaires, officiers de placement ...) intègre cet 'édifice du quai Broström, dans le même temps, les guetteurs s'installent dans un bâtiment construit sur la jetée. C'est dans ces murs que l'on installe le premier radar portuaire français dont l'antenne est hissée au sommet d'une tour en treillis métallique.
Puis, en 1964, le service de la capitainerie s'installe au 4ème étage du nouveau centre administratif du PAH nouvellement construit. Enfin, en 1972, tout le service intègre le nouveau "sémaphore" et les "guetteurs" s'installent dans la nouvelle tour.
La semaine prochaine : l’annexe de la gare maritime de la Compagnie Générale Transatlantique du quai de Broström.
Sources :
Recueils de l’association des Cadres Supérieurs du port Autonome du Havre.
Le Havre un port. Cinq siècles d’évolution. Serge Aubourg – Patrick Bertrand- Paul Scherrer.
Rapport manuscrit au sujet du Corsica, de l’ingénieur en chef Port, au sous-préfet de la Seine Inférieure.
Des hommes, un port, une renaissance. Patrick Bertrand.
Revues Escale sur plusieurs années.
Havre-Libre du mardi 18 et 31 août 1992.
Crédit iconographie :
Frissard : La ville Françoise de Grâce Bibliothèque de la S.H.E.D.
IGN.
Jean-Marc Herouard.
Jean-Jacques et Pierre Rosconval.
Collection F.A.H.
Collection Dan.
Remerciements :
Jean-Michel Lecordier.
Françoise Amiel-Hebert.
Patrick Bertrand.
Merci de votre visite.