Les Ursulines au Havre 3/3
Ce dernier volet est consacré à ce qu’est devenu le domaine des Ursulines avec le couvent, l’école et le pensionnat. La propriété non construite est vendue aux enchères en 1905. C’est la Société civile Havraise de Terrain et de Construction qui l’acquiert.
L’entête du plan cadastral du lotissement des Ormeaux. Coll privée.
En achetant ce patrimoine la société hérite également des anciennes servitudes spécifiant qu’elle ne pourra jamais y établir d’usines telles que raffineries, forges, ateliers de chaudronnerie, fonderie de suif ou tout édifice d’un voisinage incommode ou insalubre.
Il en est de même pour les auberges, cafés, maisons de tolérance. Seules des maisons d’habitation pourront y être élevées.
C’est donc avec cette obligation que l’on construira le lotissement des Ormeaux.
Le couvent et les structures scolaires sont vendus aux Dominicaines avec lesquels elles créent le pensionnat Jeanne-d ’Arc.
Le parc du pensionnat Jeanne d’Arc. avant la construction du lotissement des Ormeaux. Coll Dan.
Le lotissement des Ormeaux.
Pour desservir ce nouveau quartier huit nouvelles rues sont créées. Le chemin d’accès de l’ancienne propriété Decherny, laissé en l’état par les Ursulines, est élargi en
déracinant les arbres plantés tout du long.
Les sculptures de lions édifiés par les Decherny, sont laissés en place, elles sont
réalisées dans une pierre calcaire tendre résistent mal aux intempéries.
L’avenue Victoria ainsi créée deviendra une voie privée en 1923.
Ce sont trois architectes sous la conduite de Georges Noêl avec la collaboration de Florent Gaillard et Lucien Pinchon, qu’est créé le lotissement avec ses rues et son entrée flanquée de deux lions tout à fait dans le style de l’époque.
Quant à William Cargill c’est en dehors du lotissement qu’il édifiera une maison rue des Ormeaux en 1903-1904 en collaboration avec le sculpteur E. Lenprerière, est-ce lui l’auteur des sculptures des lions ?
Le 10 rue des Ormeaux, (1904) de l’architecte William Cargill. En médaillon la signature du sculpteur E. Lenprerière, gravée à l'entrée de la maison. © Dan.
Les nouvelles rues sont les suivantes :
- L'avenue Victoria, reine d'Angleterre de 1837 à 1901.
- L’avenue Nicolas II dernier Empereur de Russie, cette avenue reprend le tracé.
d’un ancien chemin du temps des Ursulines.
- Rue Ferdinand de Brunetière critique littéraire.
- L’avenue Alphonse XIII qui deviendra l’avenue Henri Woollett, professeur de piano et compositeur Havrais, après sa disparition en 1936.
Henri Woollett en médaillon et la maison où il demeura jusqu'à sa mort en 1936, maison conçue par Georges Noël, au 11 de l'avenue Alphonse XIII. © Dan,
Viendront s’y ajouter par la suite.
- Rue de l’Aviation.
- Rue du beau site.
- Rue Jean Philippe Rameau musicien.
- Rue Gustave Doré, illustrateur, peintre, lithographe, sculpteur et caricaturiste.
Georges Noël conçoit 15 maisons sur la quarantaine que compte le secteur. Leur conception reflète le style à la charnière des 19 et 20ème Siècle.
Mais si les architectes ont eu à cœur de construire dans le style de cette période, leur créativité les conduit bien au-delà des critères esthétiques en cours à cette époque.
Les matériaux utilisés sont très variés allant de la brique de différentes teintes en passant par la pierre meulière, le silex et le bois avec les pignons, les colombages etc.
Par la suite d’autres architectes viendront travailler dans ce quartier, ils suivront l’exemple de leurs prédécesseurs en construisant dans le style de leur temps, notamment l’Art Déco.
Quelques exemples de maisons reflétant cette architecture variée.
La « rafale » avenue Victoria. © Dan.
Toujours dans l’avenue Victoria cet immeuble en briques blanches et rouges esthétiquement assemblées. A noter, le dernier étage sur la terrasse a été ajouté après-guerre. © Dan.
Pavillon construit en 1910 à l’entrée du lotissement par l’architecte Georges Noël rue Frédéric Risson. En médaillon la plaque (désignée par la flèche rouge) apposée sur la maison. © Dan.
L’avenue Nicolas II Reprenant une allée existante déjà en 1847. Dans cette artère tous les styles se côtoient. © Dan.
L’avenue Henri Woollett avec en toile de fond la chapelle des Ormeaux construite par William Cargill. © Dan.
Rue Jean-Philippe Rameau où ici les architectes ont laissé là aussi libre cours à leur imagination. © Dan.
Le collège des Ormeaux Saint Dominique.
Le couvent des Ursulines comprenait des locaux pour l’éducation et l’hébergement des jeunes filles en pensionnat. Au fil des ans de 1847 à 1904 ces bâtiments deviennent de plus en plus importants. Aussi lorsque le sœurs Dominicaines s’y installent en 1906, elles trouvent un établissement prêt à recevoir des élèves. Un nom est donné à cette école le P.J.A., le Pensionnat Jeanne d’Arc.
La cour d’honneur au début du XXème siècle. Coll Dan.
Le même endroit de nos jours. © Dan.
Durant la première guerre mondiale une partie des locaux sert d’hôpital suivant l’exemple de bon nombre d’écoles et d’édifices publics au Havre à cette époque.
La salle de récréation et des fêtes ayant probablement servi de chambre d’hôpital pendant la première guerre mondiale. Coll Dan.
En 1968 en raison des nouvelles dispositions concernant l’enseignement, les élèves sont répartis en divers établissement, ceux du second cycle rejoignent l’Institut Saint Joseph.
L’établissement Saint Roch accueille les élèves du primaire.
Par contre l’école de l’Assomption envoie ses collégiens et certains de ses professeurs vers le P.J.A. de ce fait le pensionnat change d’appellation et devient le Collège des Ormeaux.
Une salle de classe au début du XXème siècle. Col Dan.
L’entrée administrative du collège des Ormeaux rue Ferdinand Brunetière. © Dan.
L’internat est fermé en1969 ce qui permet de créer une nouvelle salle d’étude. Au début du XXème siècle un dortoir était mis à la disposition des élèves résidant en dehors du Havre.
Le dortoir du pensionnat Jeanne d’Arc début XXème siècle. Coll Dan.
La chapelle.
Construite en brique jaune au même emplacement que la précédente, cette chapelle conçue par William Cargill en 1897, n’a pas connu d’altération majeure au cours du temps, sauf lors des bombardements qui ont fragilisé ses deux clochers aujourd’hui disparus.
La façade ouest de la chapelle avec son clocher. Coll Dan.
La façade côté ouest de nos jours, la flèche indique où était un des deux clochers. © Wikipédia.
Les deux clochers encore en place. Coll Dan.
Cette chapelle a été achetée par Georges Noël l’architecte du lotissement des Ormeaux. Il la donne à l’abbé Franque. Ce dernier la rétrocède aux Dominicaines qui viennent d’acheter les bâtiments du couvent pour en faire le pensionnat Jeanne d’Arc.
L’intérieur de cette chapelle subira quelques changements de mobiliers et de décoration, sans en changer l’esprit. La photo du début du XXème siècle et celle d’aujourd’hui permettent d’apprécier ces petites différences.
La chapelle au début du XXème siècle. Coll Dan.
La chapelle de nos jours. © Dan.
Ainsi se termine l’histoire des Ursulines. Bien des choses seraient encore à dire à leur sujet ainsi qu’au lotissement lui ayant succédé. J’espère que cette approche rapide vous incitera à visiter ce quartier du Havre qui n’a pas d’équivalent par sa diversité architecturale, et au Havre c’est plutôt rare.
Dan.
Sources :
Les Ursulines du Havre par T. Duval curé de Notre-Dame supérieur des Ursulines 1890.
Répertoire du patrimoine de la ville du Havre N° 12 juin 2003.
Histoire des rues du Havre tome 1er. Charles Théodore Vesque.
A-E Borely. Histoire de la ville du Havre.
Archives privées.
Annuaires Micaux.
Site internet du collège des Ormeaux :
https://collegeormeaux.wordpress.com/category/le-college/
Sources iconographiques :
Archives Municipales du Havre.
Archives privées.
Archives Départementales de la Seine Maritime.
Gallica.
Wikipédia.
Dan. Collection et photos.
Merci de votre visite.