La base américaine au Havre pendant la première guerre mondiale. 1/2
L’arrivée des forces américaines au Havre pendant la première guerre mondiale a été très discrète, si discrète que les autorités municipales ne sont pas au courant de leur venue le 31 mai 1917. C’est par les journaux parisiens qu’ils l’apprennent. Pourquoi cette « discrétion » ? Pour une raison bien simple, les autorités Françaises comme américaines ne voulaient pas que cela se sache en raison des patrouilles de sous-marins allemands dans la rade du Havre. Les journaux du Havre avaient reçu l’ordre formel de la part de la censure, de ne pas faire la moindre allusion de leur arrivée au Havre.
Le « Petit Havre » du 31 juillet 1917 sans aucune évocation de l’arrivée des américains au Havre. Les jours suivants le journal sera tout aussi muet à ce sujet. © Gallica.
Ce sont d’abord des infirmières de la croix rouge qui débarquent en mai 1917, suivis en juin d’un groupe important de médecins militaires et de nurses (1). C’est enfin le 31 juillet suivant qu’arrive un important contingent de soldats. Avec cet afflux de militaires la discrétion n’était plus possible et bientôt toute la population havraise est au courant de leur venue.
(1) Auxiliaires médicales.
C'est entre autres au quai d'escale que les soldats américains débarqueront. © Archives Nationales US.
Les américains vont établir leur base dans la cité océane, mais en attendant que celle-ci soit aménagée ce sont les anglais qui hébergent les nouveaux venus dans leurs camps. Les nurses et infirmières quant à elles, sont accueillies au lycée Jeanne d’Arc.
Le camp anglais de Rouelles. Coll Dan.
Ce n’est qu’au début de mai 1918 que Le Havre devient une base américaine de grande importance, avec à sa tête le général Coulter, son quartier général est situé rue Lord Kitchener. Les bureaux de la croix rouge américaine et d'autres services trouvent asile rue Victor Hugo.
Le quartier général des américains rue Lord Kitchener © Archives Nationales US.
La même adresse et la même maison aujourd’hui, avec toutefois quelques modifications. © Dan.
Du fait de la concentration de militaires au Havre, les autorités américaines ont des difficultés pour trouver un garage pour leur service automobile. Leur choix se porte sur celui de Daniel Maillard au 199 boulevard de Strasbourg, en raison de sa grande dimension. Notons que l’architecte ayant conçu ce garage n’est autre que William Cargill.
Le Garage Daniel Maillard, d'où sort un véhicule militaire américain. © Archives Nationales US.
Le même endroit aujourd'hui boulevard de Strasbourg en lieu et place du garage Maillard. L’immeuble sur la droite est toujours le même que sur la photo ancienne. © Dan.
L’intérieur du Garage Daniel Maillard atteste de sa grande capacité pour accueillir le parc automobile américain. © Archives Nationales US.
Dans le Havre les soldats de toutes les nations sont astreints à une règle stricte, les cafés et restaurants ne leur sont autorisés que de 12 à 14 h, et le soir de 18 à 20 h. Ceci pour éviter toutes complications avec la population locale.
Mais dans l’ensemble la cohabitation entre soldats et Havrais est plutôt détendue. La musique militaire et les défilés font la joie de la population Havraise. Ainsi le 4 Juillet 1917, jour de la fête nationale américaine, les troupes de l'oncle Sam défilent dans le Havre sous les acclamations de la foule.
Les américains acclamés par les Havrais. Tableau de Jean Biette. © Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire.
Si la population manifeste son enthousiasme vis-à-vis des alliés, les autorités civiles et militaires françaises ne sont pas en reste. Tous les édifices publics, Hôtel de Ville compris, de même que les navires dans le Port, sont pavoisés aux couleurs des nations coalisées, et leur état-major sont reçus à la mairie.
A cette occasion la société de Secours aux blessés, en accord avec la Société des femmes de France et du comité des Dames Françaises, offre un étendard au général Coulter commandant la base américaine. Toutes ces cérémonies se déroulent pendant qu’un dirigeable survole l’Hôtel de Ville, donnant à cette manifestation un éclat particulier.
Le ballon dirigeable survolant l’Hôtel de Ville. Photo prise depuis la rue Jules Ancel à l’ouest de la mairie. Photo collection PR.
La semaine prochaine, l’organisation portuaire de la base américaine.
Un merci particulier à Philippe Valetoux et Laurent LB sans lesquels mes articles n’auraient pas eu la même teneur.
Sources :
La base navale du Havre de Albert Chatelle 1949.
Philippe Valetoux : Jean Biette Le Havre en aquarelle 1914-1918. Édition de la SHED.
Crédit photos :
Archives Nationals US.
Collection PR.
Aquarelles de Jean Biette : Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire.
Dan.
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