L'entrée du tunnel Sainte-Marie aujourd'hui, à la jonction de la rue Pasteur et impasse Berlioz. Photo DAN.
Durant la guerre, avec les bombardements répétitifs des anglais, les havrais avaient des difficultés à trouver un abri approprié pour se protéger des bombes. Les caves servaient le plus souvent de refuge mais n’offraient pas toute la sécurité souhaitée. Aussi le soir venu la plupart des habitants montaient chez des amis ou en famille en ville haute moins touchée, ou dans les communes proches du Havre.
Les bombardements perturbaient aussi le travail des journaux et imprimeries, aussi c’est parfois dans une cave que les journaux étaient imprimés.
Toutefois il y avait un abri offrant un peu plus de «quiétude», (en ces temps difficiles c’était très relatif), pouvant accueillir les havrais voulant passer la nuit un peu plus au calme, c’était le tunnel Sainte-Marie.*
Intérieur du tunnel Sainte-Marie lors d'une nuit d'alerte. Un soldat allemand veille. Collection François Vaudour.
Le jour le tramway de la ligne 8 l'utilisait pour franchir la côte jusqu’au terminus du bois des Hallates. La nuit il servait d’abri pour de nombreux havrais. Fred Pailhès, (1902-1991) peintre et dessinateur bien connu au Havre, a dessiné, à sa manière très humoristique, les angoisses et autres inquiétudes des havrais venant s’abriter dans ce tunnel.
Témoignage d’un lecteur (Geo) au sujet de cette photo :
Dans les archives de CGFT, actuel réseau LiA, entreprise toujours la même depuis 1874 j'ai lu plusieurs documents et note de services très précises qui expliquaient que les motrices et remorques de tramways pouvaient être entreposées en ligne à différents endroits sur le réseau, notamment dans le tunnel, après le dernier service du soir.
Cela permettait de préserver au maximum le matériel roulant au cas où une bombe tomberait sur un des 4 dépôts.
Sur la photo prise dans le tunnel, il semblerait que ce soit le dernier service de la ligne 8, le soir, vers 22h00. Dans une autre note de service on conseillait aux wattman de cette ligne d'être extrêmement vigilants car les havrais n'atendaient pas la fin d'exploitation des trams pour pénétrer dans le tunnel.
Photo collection François Vaudour
Le dessin de Fred Pailhès illustrant, avec son humour coutumier, la détresse des havrais venant se réfugier dans le tunnel Sainte-Marie.
La légende de ce dessin indique :
Fred Pailhès aussi, a vu le tunnel à sa manière. «Nous pouvons rire de notre misère, nous a-t-il dit, en nous remettant son dessin. Ne sommes-nous pas tous logés à peu près à la même enseigne ?»
Collection François Vaudour.
Un autre extrait de presse havraise de cette époque, il s’agit d’un article du journal « Le Petit Havre » du 31 janvier 1943.
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Voici deux photos de l'intérieur du tunnel Sainte marie aujourd'hui. Merci à Clément Goyer de la ville du Havre, qui nous a permis de visiter ce tunnel.
L'entrée du Tunnel côté rue Pasteur et impasse Berlioz.
La sortie du tunnel complètement condamné aujourd'hui avec des portes blindées. Photo DAN.
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Voici un témoignage de lecteur (Mr Perrault), au sujet de ce tunnel pendant l'occupation :
Le dimanche 10 septembre 1944, l'après-midi nous avons fui la maison car
les bombardiers revenaient avec lâché de fusées éclairantes pas loin de la mare au
clerc ou nous habitions, et depuis le 5 septembre tous les jours ils venaient bombarder
Aussi avec simplement une petite mallette contenant le livret de famille, et quelques
argent nous sommes partis en courant vers le cimetière Ste Marie, puis avons dévalé
les escaliers Pasteur, en arrivant en bas les soldats Allemands nous ont fait rentrer
dans le tunnel Ste Marie ou il y avait beaucoup de monde, et à la fin de l'alerte nous
voulions retourner voir si la maison était encore debout, mais le couvre-feu était déjà
sonné, et les Allemands nous ont conduit (à pied) bien sur jusqu'au "frigorifiques de
l'union" dans le quartier de l'Eure, et avons été obligé d'y rester jusqu'au mardi matin 12
Septembre (matin de la libération) après avoir couché sur des madriers deux nuits sans couvertures et sans pouvoir se laver.
Pour moi quand je passe devant l'entrée du tunnel, je ne peux m'empêcher de
regarder cette porte, et j'ai appris à beaucoup de jeunes l'origine de ce tunnel.
J'ai apprécié également de revoir la photo du tramway 8 de l'époque qui allait aux Hallates ; ou le terminus était devant le tabac "l'orée du bois" juste avant l'entrée de
la forêt.
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* Il y avait aussi le futur tunnel jenner encore en construction à cette époque, cela fera l'objet d'un autre article. DAN.
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Merci de votre visite.