La caserne des douanes 2-2
C’est en 1844 que l’architecte de la ville Charles-Fortuné-Brunet-Debaisnes conçoit les plans de la caserne des douanes. Le terrain prévu pour la bâtir n’est alors qu’une prairie marécageuse utilisée pour les manœuvres militaires.
Afin d’assainir le périmètre à construire, Brunet-Debaisnes fait procéder à son assèchement puis entreprend de le rehausser de 2 mètres avec de la terre provenant de la ville haute.
Cette technique avait déjà été utilisée avec succès pour la voie du chemin de fer au Havre.
C’est en 1847 qu’elle accueille ses premiers hôtes au nombre de 470 agents. La caserne se compose d’un vaste bâtiment de 170 mètres de long pour 33 mètres de large avec une grande cour centrale.
La façade sud de la caserne avec son campanile et son horloge. Collection Dan.
La rue Tourville avec la caserne en 1900 et aujourd’hui . Photo et collection Dan.
Mais très vite elle se révèle trop petite. En 1856 on construit deux nouveaux bâtiments sur le terrain donnant sur la rue Casimir Delavigne. Ils seront disponibles en 1859 et comprenaient l’écoles des filles à l’ouest et celle des garçons à l’Est plus les postes de gardes à l’entrée.
En haut à gauche derrière le poste de garde un des bâtiments construit en 1856. A droite en haut la cour et ses deux postes de garde le long de la rue Casimir Delavigne. En bas à gauche et à droite l’entrée côté rue Delavigne. Collection Dan.
A la fin du XIXe siècle la caserne abrite 2500 personnes avec 900 douaniers et leur famille qui logent dans des appartements de deux à trois pièces éclairées au gaz. Les célibataires dormaient dans les dortoirs de 30 à 40 lits. La discipline au sein de la douane est toute militaire, le réveil, les repas et l’extinction des feux se font au son du clairon.
La caserne fonctionnait comme une petite ville avec ses commerces, ses écoles (Armand Salacrou y a usé ses fonds de pantalons), et même sa musique qui sera célèbre dans tout Le Havre jusqu’en 1907.
On pouvait y cultiver ses légumes sur le terrain aménagé en jardin le long de la rue Dumé d’Aplemont.
Les jardins potagers le long de la rue Dumé d’Aplemont. Collection privée.
De nos jours le jardin a disparu, il est remplacé par cet immeuble construit en 1954 et inauguré l'année suivante. Photo dan.
Cependant les douaniers ne bénéficiaient pas d’un grand confort, ils habitaient le plus souvent dans des appartements de deux pièces, les « commodités » étant placés au fond des couloirs.
Bien qu’épargnée par les bombardements, la caserne connaitra bien des changements après la guerre.
Ainsi en 1976 on détruit les bâtiments intermédiaires donnant plus de lumière aux logements les plus proches.
La démolition en 1976 des ailes intermédiaires de la caserne des douanes. Photo Havre-Libre.
Puis ce furent les incendies de 1975 et 1977, mais surtout celui de 1979. Ce dernier prend naissance dans les greniers et s'étend sur une large partie de la façade. C’est au cours de cet incendie que le campanile disparaît. La physionomie de la caserne en sera complètement modifiée.
1983 – 2019 Les changements intervenus sur la façade. © Jean-Paul Dubosq & Dan.
1983 – 2019 Les changements intervenus dans la cour intérieure. © Jean-Paul Dubosq & Dan.
Les vues aériennes nous permettent de mieux comprendre les changements survenus au sein de cette caserne.
Comparaison entre 1947 et 2019. Notez les nombreux baraquements provisoires en 1949. © IGN et Google Earth.
L’avenir de la caserne.
Il est bien certain que les bâtiments de la douane ne seront plus ce qu’ils étaient, petit à petit ils sont cédés aux bailleurs locaux tel Alcéane. Les immeubles Est et Ouest ont été vendus à l’Education Nationale pour en faire une école d’un côté et une cité universitaire de l’autre. Aujourd’hui on ne dit plus « caserne des douanes », mais « cité des douanes ».
Dernier vestige de la caserne, le poste de garde côté rue Casimir Delavigne. Cet édicule a le notable honneur de garder le drapeau de la douane du Havre.
Le poste de garde près de la rue Casimir Delavigne Son vis-à-vis a été démoli. Photo dan.
Sources :
Gilbert Betton, « De Danton aux ormeaux » Editions Bertout.
CH. Lallemant « Les cités ouvrières ». Imprimerie Carpentier 1858 Le Havre.
Joseph Morlent : Guide du voyageur au Havre.
Havre-Libre septembre 1976.
Remerciements :
Jean-Paul Dubosq pour ses photos après l’incendie de 1979.
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Quant à Goé, se serait-il "Dédouané" ?
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