Il était une fois, la rue de Paris au Havre. 2
Avec le plan Lamandé, la rue de Paris s’embellit d’une place qui devient le centre-ville de la cité, avec ses lieux de détente et de culture comme le grand théâtre.
La place Gambetta dans les années 1930, avec le monument de la Victoire, les jardins, le marché aux fleurs et le grand théâtre. Collection Dan.
Un autre théâtre antérieur à celui-ci connut une existence peu banale. Il est créé en 1740 par la famille Chauvel passionnée de comédie. David Chauvel aménage une salle de spectacle dans les dépendances de sa vaste propriété au 22 rue de Paris où se joueront comédies, tragédies ou opéras. On pouvait y accéder par l’allée Duval débouchant sur le Grand Quai.
La juxtaposition ci-dessous avec le Cadastre Napoléonien permet de situer ce théâtre par rapport à notre époque.
Sur le cadastre Napoléonien, la propriété des Chauvel avec ses dépendances est colorée en rouge. L’allée Duval est figurée en vert. © Geo LH et Google earth.
Par la suite la propriété est transformée. La façade donnant rue de Paris est modifiée. Des chambres sont aménagées à l’étage, et le rez-de-chaussée devient un restaurant-brasserie café-concert où tous les soirs un orchestre joue pour le plaisir des consommateurs.Un menu appétissant, un personnel dévoué, une musique de bon aloi, tout ici est fait pour satisfaire la clientèle. Collection Dan.
En 1908, en plus de la musique, le gérant A. Rouche projette les premiers films muets dans la salle du café-concert.
En 1912, intéressé par cette technique, le propriétaire de l’immeuble transforme le rez-de-chaussée en cinéma. C’est l’architecte Auguste Boeswillwald qui conçoit les plans de ce qui allait devenir le Kursaal. Il pouvait contenir 800 spectateurs.
Pendant la première guerre mondiale, le Kursaal représentera un moment de détente pour tous les soldats transitant par Le Havre.
Des soldats britanniques et Américains se mêlent à la foule venue pour une séance de cinéma muet à l’époque. Collection Dan.
Le Kursaal dans les années 1920, où l’on voit bien la faible largeur de la rue de Paris. Collection Dan.
Le Kursaal en 1939. © Musée d’Art et d’Histoire.
En 1940, le couple Cartier-Rossi, propriétaires du cinéma depuis 1924, voient arriver les soldats allemands devant leur établissement comme en témoigne la photo ci-dessous :
L’auto blindée allemande garée devant le Kursaal. Collection Dan.
Détruit en 1944 et en attendant sa reconstruction, son directeur prit en charge le cinéma « Le Montgeon » dans la forêt du même nom.
1944, l'emplacement du Kursaal est désigné par le X. © Florent Haté.
Au début des années 1960 le public est accueilli dans le nouveau Kursaal.
En 1977 la salle est divisée en trois afin d’en faire un complexe multisalle. Malheureusement n’étant pas affilié à un grand circuit de distribution, la programmation ne suit pas les goûts du public. Résultat un an après, en 1978, il fermera définitivement ses portes.
Le Kursaal dans les années 1960 et son emplacement aujourd’hui. Sur la gauche la cathédrale Notre Dame en pleine restauration. Collection privée et photo dan.
Le bâtiment est transformé par la suite en commerce d'alimentation. Le dernier en date le « Marché Bio » bénéficiait de la surface de l'ancien cinéma pour installer ses rayonnages. La vue du dessus donne une bonne idée de sa taille.
Vue depuis le N-42 Le toit de l’ancien cinéma le Kursaal. Photo Dan.
Sources :
L’habitat disparu du Havre. Aline Lemonnier-Mercier. Editions PURH 2018.
Dictionnaire des rues du Havre Editions des Falaises.
Richard Recher et Pierre Chassain « La fantastique histoire des cinémas du Havre ». (Non édité).
Crédits photos et plan :
Musée Art et Histoire Le Havre.
Collection privée.
BNF Gallica.
Google Earth.
Quant à Goé on est sûr avec lui d’avoir une traversée de haut vol…
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Merci de votre visite.