L'Arsenal du Havre (1)

1 novembre 2020

Le bassin du Roy aménagé en 1635 par Richelieu comprenait la construction de quais maçonnés. En 1664 Colbert ordonne sa remise en état voulant faire du Havre un véritable port militaire avec un arsenal et tout ce que cela implique : construction, réparation de navire, corderies, forges, pigoulières⁽¹⁾ etc, et bien sûr un magasin général. Dans ce but le domaine royal acquière la forme sèche placée sur la partie nord du bassin. Elle était utilisée pour bâtir ou réparer les navires de la famille Chevalier ou Le Chevalier constructeurs et capitaines de navires.
Juste à côté de cette cour Chevalier, le terrain occupé par l’hôpital jusqu’en 1669, est acheté le 20 mars de la même année pour y construire le magasin général de la marine plus connu sous le nom d’Arsenal.

A gauche 1637, et à droite 1673. En rouge, l’hôpital Hôtel Dieu qui laissera place au magasin de l’arsenal. En bleu, la « cour Le Chevalier » et la forme sèche aux deux époques. © Dan et G. Saillard.

Le bassin du Roy en 1749. A droite une « pigoulière » pour le calfatage des coques de navires. © Michel Fouquet.

Ce premier magasin n’avait pas l’apparence que nous lui connaîtrons plus tard. Jusqu’en 1776 il avait l’aspect que nous pouvons voir sur les gravures ci-dessous :

Le premier magasin de l’arsenal dans son aspect d’origine. © Dan et Michel Fouquet.

Les différents services et ateliers de l’arsenal étaient répartis dans tout le Havre. On pouvait trouver dans le quartier Saint François une grange royale pour le fourrage des chevaux par exemple, ou une corderie le long des remparts ouest, ou encore une autre pigoulière dans le canal de la barre qui deviendra bassin en 1787, etc. En dehors du bassin du Roi, un bâtiment en bois renfermait les grandes forges où l’on fabriquait les ancres de marine. Celui-ci était situé devant le bastion Saint Michel, nos actuelles places Charles De Gaulle et Oscar Niemeyer. Après la démolition des fortifications, la place longtemps encombrée par cet atelier ne fut libérée qu’à la vente des biens de la marine.
Ci-dessous, les emplacements des divers bureaux, magasins et ateliers de l’arsenal au Havre et une gravure des ateliers des grandes forges.

A gauche Le Havre au 16^ème siècle avec les différents lieux attribués à l’arsenal, et les grandes forges (cercle bleu). A droite ces mêmes forges au 17^ème siècle devant la Porte Richelieu. © SHD Service Historique de la Défense.

Replaçons ces éléments dans le Havre d’aujourd’hui :

La porte Richelieu, le magasin de l’arsenal (encadré bleu) et l’emplacement des forges : cercle bleu. © Google Earth et Dan.

En 1680 afin d’éviter les vols, M. Arnoul, 1^er intendant de la marine au Havre, fait construire une enceinte autour du bassin et le place sous juridiction militaire. Cet isolement causa du tort aux riverains, le quai Videcoq n’étant plus desservi côté nord, que par une ruelle de 80 centimètres de large.
Du côté de Saint François le mal fut plus grand encore. Le bassin du Roi était inaccessible à partir des rues Dauphine, du Grand et Petit Croissant murées dans leur partie ouest. Cela eut pour conséquence l’abandon partiel des maisons bâties sur le quai.

Les murailles entourant le bassin du Roy ne furent détruites qu’en 1829. © Dan.

Le même bassin de nos jours. © Dan.

Le Bassin du Roi dans Le Havre d'aujourd'hui, avec la position du magasin de l’arsenal (encadré en rouge).

Suite la semaine prochaine

(1) barge flottante portant les chaudrons à brai (goudron) utilisés pour le calfatage des carènes du temps de la marine en bois.

Remerciements :
Madame Aline Lemonnier-Mercier pour sa contribution aux articles consacrés à l'arsenal.

Sources :
Aline Lemonnier-Mercier. Docteur en histoire de l'art.
Georges Priem : Notes sur l’ancien arsenal de marine et le bassin du Roi. (Recueil de l’Association des amis du Vieux havre 1933).
Service Historique de la Défense.
Pierre Frissard : histoire du port du Havre 1837.

La page Goé ou la libre expression d’un caricaturiste sur les sujets traités ici.

* * *

Merci de votre visite et commentaire.

Posté par havrais-dire à 00:02 - Commentaires […] - Permalien [#]

Les « Fourneaux économiques »

L'Arsenal du Havre (2)

Commentaires

broutilleb

19/01/2021 07:15

mon père était un passionné, il a fait 30 ans de mer tous les jours ou presque avec son voilier. j'aime bien ces mots comme pigoulière; je trouve cela poétique.