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HAVRAIS-DIRE Le blog de Dan et ses amis.
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28 mai 2023

Le Havre : La Compagnie Française des Extraits Tinctoriaux et Tannants.

    Cette étrange appellation cache une des plus importantes usines du Havre d’autrefois.
Démolie en 1989 elle laisse une immense friche de 52 000 m2 sur laquelle viendront s’implanter, entres autres, des concessionnaires automobiles.
Mais que fabriquait-on dans cette usine ?
Il s’agissait principalement de teintures destinées à l’industrie textile et des tannants pour le travail du cuir.
     Tout commence en 1862 quand Ernest Dubosc né le 4 juillet 1834 à Trouville-sur-Mer, fonde son entreprise « E. Dubosc et Cie » rue Prince Jérôme (G. Péri). C’est à partir de bois exotiques tel le Campêche importé d’Amérique du sud dont les teintures sont extraites. En 1867 un incendie détruit la fabrique composée de quatre corps de bâtiments.

Casimir Delavigne quai MF ALGLe déchargement du bois de Campêche quai Casimir Delavigne. Coll C. Conseil.

   À la même époque, Dubosc fait construire une usine au 20 de la rue de la Briqueterie (rue Pressensé). Cet emplacement permet de puiser l’eau douce du canal Vauban proche.
Sa principale production concernait les colorants et les tannants, mais elle fabriquait également des tuiles et carreaux destinés aux entreprises du bâtiment.
    Les tannants sont utilisés pour conserver les peaux en leur donnant de la souplesse et de la fermeté.

Ernest Dubosc meurt en 1902, ses fils, Georges et Albert, continuent l’œuvre de leur père sous le nom de « Dubosc Frères ».
    En 1905, leur société fusionne avec des entreprises similaires à la leur, à savoir : Oesinger, Langlois, Jules Siegfried. Ensemble ils créent La « Compagnie Française des Extraits Tinctoriaux & Tannants ».
L’entreprise est ainsi représentée dans les revues de l’époque :

Réclame Extrait ALGL’usine en 1905. Coll Dan.

Une vue plus réaliste de l’usine en 1925 :

IGN 1925 ALGL'usine en 1925. © IGN.

Extrait 2023Le même point de vue de nos jours. © Google Earth.

    La guerre apportera son lot de désolations, ainsi en septembre 1940 l’explosion d’un train de munitions stationné non loin des Extraits Tinctoriaux, occasionne d’importants dégâts à l’usine. Les bombes ont aussi leur part de destructions. En avril 1942, les bâtiments sont frappés durement déclenchant de graves incendies que les pompiers maîtrisent avec difficultés.

Septembre Octobre 1940 -FP- ALGL’entonnoir dû à l’explosion du train de munitions. Collection François Pivert.

    Malgré la guerre et la concurrence des pays producteurs, un nouveau défi attend les dirigeants des « Extraits Tinctoriaux ». L’industrie chimique de synthèse fabriquait les mêmes produits à des prix très inférieurs. Néanmoins l’entreprise se maintient jusqu’en 1962. L'usine est alors vendue à la société Westphalen Lemaître. Mais en 1980 elle décide de cesser toute activité avec encore 120 personnes à son effectif. 

AMH ALGVue aérienne de l’usine avant destruction. © AMH.

    L’usine sera beaucoup photographiée avant sa destruction en 1989, ce qui permet aujourd’hui de nous faire une idée de ce qu’elle fut. Pour l’intérieur les photos sont de monsieur Pierre Rosconval :

Cie Fr Extraits Tinctoriaux Tanants1980 ALG -4-Une vue de la cour intérieure. © Pierre Rosconval.

 

Cie Fr Extraits Tinctoriaux Tanants1980 ALG -2-Une seconde vue de la cour intérieure. © Pierre Rosconval.

 

Pressensé rue 2023-05-24 -4-Le même endroit de nos jours © Dan.


 

Cie Fr Extraits Tinctoriaux Tanants1980 ALG -3-Détail des petits bâtiments à l’intérieur du périmètre de l’usine. © Pierre Rosconval.

 

    En 1989 les bâtiments de l’usine sont démolis. Grâce aux photos de monsieur Jean-Paul Étienne, nous avons un bel aperçu de ce que cette usine représentait.

JPE ALG -1-La façade nord de l’usine et l’entrée rue de Pressensé. © Jean-Paul Étienne.

    Dans la mesure du possible le même endroit aujourd’hui  :

Pressensé rue 2023-05-24 ALG -3-Le début de la rue de Pressensé de nos jours... © Dan.

 

Pressensé rue 2023-05-24 ALG -4-…et si l’usine reprenait sa place. Dan.

 

JPE ALG -4-Depuis le boulevard de Graville vers l’Est © Jean-Paul Étienne.

 

2023-05-24 Bld Graville ALG -2-Le même endroit de nos jours. © Dan.

    Comme dans bien d’entreprises à cette époque, le contremaître avait son logement de fonction à l'intérieur même du périmètre de l'usine.

JPE ALG -3-
La maison du contremaître. © Jean-Paul Étienne.

    Aujourd’hui plus rien ne subsiste de cette usine. La partie nord du terrain est occupée par des concessionnaires automobiles. Quant à la partie sud, après la démolition des immeubles dénommés « Chicago » c’est un terrain vierge sur lequel un projet est en cours de réalisation.

Deux époques ALGComparaison d’un même lieu à deux époques différentes. Le 1 représente la rue de la Vallée, le 2 le boulevard de Graville à la jonction avec la rue Marcel Paul. © IGN et Google Earth.

Sur le terrain laissé libre par les immeubles « Chicago » sera bientôt construit un parc sportif paysager comprenant 3 terrains de football dont 2 en gazon naturel et 1 synthétique, 1 piste de course à pied, un lieu d’accueil avec des vestiaires, une salle de réception, des bureaux pour associations sportives, une tribune de 300 places assises. Mais également des zones de pratique sportif libre et des zones de détente végétalisées.

2023-05-24 Bld Graville ALGUne vue d’ensemble du projet. © VDH.

Ainsi évolue Le Havre, où chaque époque ajoute ou retire sa pierre selon ses besoins ou ses nécessités.

Sources bibliographiques :
Claire Étienne : Inventaire Général du Patrimoine Culturel.
Jean-Pierre Houllemare : Les sapeurs-pompiers de la ville du Havre 2005.
Almanach du commerce 1891.
Annuaire Micaux de différentes années.

Crédit photos :
Cédric Conseil.
Jean-Paul Étienne.
Jean-Jacques et Pierre Rosconval.
Ville du Havre

Archives Municipales du Havre.
IGN.

Google Earth.
Dan.

Merci de votre visite et n’oubliez pas, je donnerai dans la cadre de la S.H.E.D, une conférence ayant pour sujet « l’Escalier roulant » son histoire, sa technique. Cette conférence aura lieu le jeudi 14 septembre à 18 h 00 au Fort de Tourneville 55 rue du 329ème RI, salle Gaston Legoy. Entrée libre.

Commentaires
B
Dans la maison dite du contremaître elle fut d'abord construite pour M. DUBOSC qui ensuite fit construire la Roseraie. Inhabitée pendant quelques années elle fut ensuite louée à deux membres employés de cette usine. Mes parents y ont vécu de 1958 à 1975. Je peux vous dire que nous avions un grand terrain de jeux puisque nous étions 3 familles à habiter dans cette usine (BELIN, BRASSE et PINGEON) nous étions à l'époque une dizaine d'enfants et que de choses à découvrir dans ce grand terrain qui allait du Bd Léningrad, Bd de Graville, rue de la Vallée et rue de la verrerie. Quel terrain de jeux et de découvertes pour nous autres les enfants ! Les terrains ont été vendus petit à petit. J'y ai même travaillé durant les vacances d'été mais c'était déjà la Maison Westphalen.
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H
...ah oui je connais pour avoir assisté à l’excellente conférence d'Aline Lemonnier Mercier sur ce sujet, j'aurais dû m'en souvenir puisqu'on y évoquait aussi William Cargill ;-)
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G
Salut Dan, je n'ose imaginer l'état du sous sol ! Je me souviens de l'existence d'un réservoir au début de ma carrière chez Dresser mais c'est tout ! Mais les Duboscs ont laissé bien d'autres choses mais c'est plutôt en ville donc hors de ton champ d'action :D
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H
Bonjour Jean-Michel,<br /> <br /> Je ne saurai trop remercier madame Claire Étienne de m’avoir autorisée à publier les photos de son mari. Quant à Pierre Rosconval décédé, c’est son frère Jean-Jacques à qui je dois de me les avoir transmis. Que toutes ces personnes soient remerciées ici.<br /> <br /> L’histoire du Havre comporte bien des compartiments, le principal bien évidemment celui du port, la ville en a une grosse part, mais les industries ne sont pas en reste, car notre ville a hébergé bien des industries parmi les plus performantes et à la pointe du progrès technique à leur époque.<br /> <br /> En parallèle, la vie des ouvriers travaillant dans ces industries est aussi à souligner. Mais de ce côté-là je sais qu’il y a d’éminents historiens qui se sont penchés sur cette question, tel monsieur John Barzman.<br /> <br /> Pour les appellations des entreprises il est certain qu’elles auraient aujourd’hui un autre nom, et celui-ci serait à consonance anglaise puisqu’à notre époque on ne sait plus employer le Français, comme si on en avait honte. Mais je sors de mon sujet-là.<br /> <br /> La chambre de commerce aurait surtout les moyens d’éditer un livre collectif où chaque auteur spécialisé dans une branche industrielle aurait la possibilité de s’exprimer. De nos jours, sortir un livre relève du défi impossible à relever tant les prix d’éditions sont hors d’atteinte.<br /> <br /> Mais qui sait, peut-être qu’un parrain pourrait prendre l’affaire à son compte, on peut rêver.<br /> <br /> Bonne fin de journée Jean-Michel.
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J
Bonjour <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cet article avec des photos extraordinaires de Messieurs Étienne et Rosconval. Notre " vieux Havre c'était les colombages de Saint-Francois mais aussi ces vieilles usines en briques devenues pittoresques au fil du temps. On n'oubliera évidemment pas que des vies de labeur et des accidents de travail ont eu lieu dans ces endroits.<br /> <br /> <br /> <br /> Aujourd'hui on donnerait un autre nom, totalement incompréhensible à cette entreprise : Tinctana,Exta,Tan... <br /> <br /> <br /> <br /> La Chambre de Commerce ferait bien de retracer la vie de l'ensemble des anciennes sociétés havraises. Il y a un énorme travail à effectuer mais c'est possible. Cela valorisera l'histoire économique de notre grande ville normande : Le Havre.<br /> <br /> Jean-Michel Harel
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F
Bonjour Dan et Nicéphore,<br /> <br /> Tes connaissances et tes photos sur les Extraits m'auraient bien aidés en 2017 pour illustrer le bas relief de l'avenue Foch dédié aux industries.<br /> <br /> C'est la première fois que je vois à quoi ressemblait vraiment "Chicago". J'ai assisté, et filmé sa presque démolition.<br /> <br /> Merci et bon lundi à chacun<br /> <br /> FAH
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P
Bonsoir Dan<br /> <br /> Encore un article bien ficelé, richement illustré sur cette Compagnie. Cela me fait penser à l'usine de tannage et de teinturerie qui existait dans ma ville, au début du XXe siècle, qui fut rachetée en 1936 par un particulier qui y produira et produit encore des courroies et des bandes transporteuses. Encore un pan industriel qui a disparu de notre paysage. Et Le Havre n'est pas en reste de ces grandes mutations. Je te souhaite une belle soirée et une excellente semaine. Bises à MJ. Amicalement: papy Scham
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E
Vous avez bien conclu en disant que chaque époque ajoute ou retire sa pierre selon ses besoins ou ses nécessités.<br /> <br /> Le monde évolue sans cesse, les modes changent. Je me souviens que dans les années 50-60 mes parents chauffaient la maison avec du charbon. Ensuite ils ont fait mettre le chauffage central au fioul. Maintenant, c'est la vogue des pompes à chaleur. <br /> <br /> Pour en revenir à l'usine dont vous parlez, elle a fait travailler des hommes, des femmes et fait vivre des personnes, des ménages, des enfants. Il a fallu tourner la page. Merci beaucoup pour ce reportage clair ! bonne fin de week end.
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S
Bonjour DAN,pour moi une nouvelle découverte que l'usine les extraits tinctoriaux, encore un travail de titan DAN.<br /> <br /> Bonne soirée.
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E
Bonjour Dan , on voit encore de belles photos, (dont celles aussi de Jean Paul Etienne )sur cette grande usine de 1905, les "Extraits Tinctoriaux " , avant ,et ce que l'on voit de nos jours - Le Boulevard de Graville a bien changé aussi apparemment - Encore merci ,et belle journée ++Dan et MJ EC
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A
Bonjour Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> Sacrée grande usine que tu me fais découvrir ici !<br /> <br /> <br /> <br /> Je suppose que l'eau qu'elle pompait dans le canal devait y revenir mais bien polluée... On ne parlait pas d'écologie à l'époque et cela faisait vivre un bon nombre de personnes.<br /> <br /> <br /> <br /> Personnellement, ce que je trouve bien, c'est que tout ce coin va passser "au vert" avec les terrains d'activités qui y sont prévus, mais, bien sur, cela ne donne pas de travail...<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ton reportage instructif (comme d'habitude)<br /> <br /> <br /> <br /> Je te souhaite une bonne suite de week-end prolongé de la Pentecôte<br /> <br /> <br /> <br /> RV en juin !
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G
Bonjour Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> Un gros chapitre avec des superbes documents. Ceux qui ne viennent pas sur ton blog ne savent pas ce qu'ils perdent.<br /> <br /> J'ai déjà entendu parler des extrais tinctoriaux mais je n'avais aucune idée du lieu où ils étaient. Aujourd'hui, je sais ce qu'il y a avait avant quand je vais déposer ma voiture au garage.<br /> <br /> Bon dimanche
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C
Intéressant et richement illustré. Comme d'habitude !<br /> <br /> Environ 130 ans de survol de ce quartier du Havre-sud, et le bonus avec la perspective à venir...<br /> <br /> Havrais-Dire va peut-être bénéficier de la pub pour Ford et Volvo ?<br /> <br /> Bon dimanche. C&B
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F
Bonjour Dan,<br /> <br /> Depuis le temps que j'entends parler de cette usine, grâce à toi je sais enfin ou la situer précisément. Et je découvre qu'elle occupait une partie de ce qui deviendra "chicago" !<br /> <br /> Un grand merci pour ce billet richement illustré, et très bon dimanche.<br /> <br /> François R. (FF)
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L
Bonjour Dan<br /> <br /> L'usine des Extraits Tinctoriaux est très présente dans les recensements et en particulier ceux de Gonfreville, Harfleur et Rouelles fin 19e début 20e siècle. On y trouve nombre d'ouvriers qui venaient donc de la proche banlieue havraise. Encore un bel article, Daniel. ;)
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