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HAVRAIS-DIRE Le blog de Dan et ses amis.
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24 décembre 2023

La base américaine au Havre pendant la première guerre mondiale. 2/2

L’organisation portuaire de la base américaine.

- La base américaine dispose de 250 mètres au quai de Saïgon, (1) bassin Bellot, pour l’amarrage des grands transports.
- De 220 mètres au quai de l’Escaut (2) où s’amarrent les bateaux d’un tonnage moyen.
- Autant au quai de la Seine et de la Meuse (2) servant au chargement des péniches.
- Un quai de 500 mètres au nouveau bassin de marée (Théophile Ducrocq) (3).
- Enfin de l'ensemble du quai d’Escale (4) où accostent chaque jour convois et transports de troupes.
Quand on sait l’encombrement du port du Havre à cette époque on peut comprendre qu’il ait fallu une organisation rigoureuse pour disposer de ces quais.

LH 1912 ALG -3-Le port du Havre avec les quais de déchargement pour les américains. plan Micaux.

Pendant cette période le port est si encombré qu’on ne sait plus où stocker les marchandises. Ainsi le coton est déposé à l’air libre devant le palais de la Bourse.

Bourse, échantillonnage coton ALGLes balles de coton devant la Bourse. Coll dan.

Le port étant surchargé et les dockers partis au front, le 57ème génie américain et sa logistique, apporte son aide pour tous déchargements de cargaisons. Ce travail est accompli en plus du service à leur armée.
Les marchandises sont dans un premier temps, entreposées dans les hangars en attendant leur expédition.

111-SC-45387 ALGLe quai de Saïgon (1 sur plan) bassin Bellot. © Archives Nationales US.

Elles vont ensuite prendre deux chemins différents. Les unes partiront par wagons directement à partir du quai comme on l'observe sur la photo ci-dessous :

111-SC-51390 ALGLe chargement des wagons directement sur le quai (1 sur plan). © Archives Nationales US.

Les autres caisses sont expédiées par voie fluviale afin de ne pas surcharger les trains en nombre insuffisant. Mais les cargaisons ne pouvant pas être transbordées directement du cargo aux péniches, elles transitent par camions jusqu’au quai de la Meuse ou de la Seine. (2 sur plan).

111-SC-51391 ALGLe quai de la Meuse avec en arrière-plan la tour des dockers et la cheminée de la machinerie du quartier de l’Eure. © Archives Nationales US.

Une autre « marchandise » ne fait que transiter par le Havre, ce sont les avions en pièces détachées. Construits en Angleterre, ils sont expédiés dans des wagons sans boggie. Arrivés au Havre ces wagons sont mis sur camions, pour ensuite être expédiés par voie ferrée.

 

111-SC-46141 ALGUn wagon sans boggie installé sur une plate-forme de camion dans le port du Havre. © Archives Nationales US.

Par contre il est une marchandise qui restera provisoirement sur les quais et dans le Havre. Ce sont les fameux « Liberty-Trucs » autrement dit les camions de la liberté comme il y a eu les "Liberty-Ship" lors de la seconde guerre mondiale.
Pour ne pas perdre de temps en usine, les américains expédient ces camions pré-montés, c’est à dire où seul le châssis, les ponts et la cabine sont assemblés. Cela permet de les mettre dans des caisses standardisées sans perdre de place. Les accessoires roues pneumatiques etc suivent dans d’autres caisses.
Le port du Havre devient alors un vaste atelier de montage, ci-dessous au quai de Saïgon.

111-SC-45386 ALGLe Taylorisme mis en pratique sur le quai de Saïgon. © Archives Nationales US.

 

Montage camions américains -2-Ou sur le terre-plein nord du bassin de la Citadelle. Coll Dan.

Mais une fois montés il fallait les parquer avant leur expédition. Ce fut aussi un véritable casse-tête du fait qu’il y en avait beaucoup, alors on trouva de la place sur le port bien sûr comme sur la photo ci-dessous.

111-SC-46474 ALGAbondance de camions sur le port. © Archives Nationales US.

Mais aussi en ville où ils sont regroupés avant d’être acheminés en convois vers leur destination. Sur la photo ci-dessous, prise sur la place Massillon, les convois et leurs conducteurs sont prêts à partir vers les théâtres d’opérations.

111-SC-46507 ALGLa place Massillon avec en arrière-plan, l’école du même nom. © Archives Nationales US.

L’origine et l’aspect technique de ces camions.

C’est dans l’urgence que le gouvernement américain réunit une commission afin de réaliser au plus vite une grande quantité de camions à destination de l’Europe. Les ingénieurs et industriels conçoivent un véhicule lourd de 3 à 5 tonnes avec transmission à 4 vitesses. La standardisation est poussée au maximum pour éviter les problèmes de pièces détachées. Le résultat est la mise à disposition pour l’armée d’un camion peu performant avec une consommation d’essence de 71 litres au 100 kilomètres.
Mais qu’importe cette consommation excessive, il faut du solide de l’efficace et du vite construit.

Le camion est surnommé « Liberty Truck » une appellation non officielle mais qui devient commune à toute l’armée américaine pendant la première guerre mondiale.
Jean Biette, toujours lui, est non seulement un témoin de cet arrivage massif de camions, mais il résumera par son talent cette page de l’histoire Havraise.

LT Jean BietteLes « Liberty Trucks », tableau de Jean Biette. © Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire.

Sur cette aquarelle le peintre a condensé en une seule scène, tous les aspects concernant ces camions au Havre, depuis le déchargement des caisses, jusqu’à la mise en route du moteur. S’y ajoute une femme ramassant le bois dans ces temps de pénurie où le gaz et le charbon manquaient.

 11 novembre 1918.

La déclaration de la fin des hostilités est un immense soulagement pour tout le monde, soldats comme civils. Afin de répandre la bonne nouvelle rapidement et avant la distribution des journaux, l’annonce est faite par voie d’affiches manuscrites sur la voie publique.

111-SC-46130 ALGLa bonne nouvelle annoncée aux Havrais comme aux alliés par voie d’affiches. © Archives Nationales US.

Ces affiches indiquent bien sûr la fin des hostilités sur tous les fronts à partir de 11 heures du matin mais aussi que toutes les armées ne dépasseront pas la ligne atteinte par celles-ci à cette date.
Autre information, mais locale celle-ci, le Contre-Amiral Didelot, gouverneur du Havre, décide de rétablir l’éclairage public dans les rues du Havre. Cet éclairage avait été supprimé afin d’éviter toutes tentatives d’incursion d’aéronefs ennemis.

Bilan pour la base américaine au Havre.

La base américaine a enregistré près de 300 navires dans le port du Havre, représentant 710 000 tonnes de matériel militaire, et 700 000 hommes y ont débarqué. (ces chiffres varient selon les sources)

 

111-SC-51392 ALGChargement de matériel sur une péniche surveillé par le capitaine S.L. Thomsen (sur le quai à droite) © Archives Nationales US.

Après l’armistice du matériel restera sur place. Bien qu’il soit officiellement vendu, il fera l’objet d’un intense marché noir. Quant aux camions « Liberty Trucks » ils auront une longue vie et certains serviront encore pendant la seconde guerre mondiale.

FIN

Un merci particulier à Philippe Valetoux et Laurent LB sans lesquels mes articles n’auraient pas eu la même teneur.
Sources :
La base navale du Havre de Albert Chatelle 1949.
Philippe Valetoux : Jean Biette Le Havre en aquarelle 1914-1918. Édition de la SHED.
Crédit photos :
Archives Nationals US.
Collection PR.
Aquarelles de Jean Biette : Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire.

Havrais-Dire et ses amis vous souhaitent un joyeux Noël.

Merci de votre visite.

Commentaires
N
Le port et la ville devait être une vraie fourmilière avec toutes ces arrivées de matériels.<br /> Des marchandises et des camions stockés dans tous les coins, même place Massillon ... incroyable.<br /> Les vieilles photos sont formidables et rendent bien compte de la situation.<br /> Pas sûr qu'à l'époque,la sécurité au travail soit très réelle, en témoigne la photo où l'on voit un groupe d'hommes chargeant un wagon sur le camion.<br /> Merci pour ce super reportage très instructif
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H
Bonsoir Niavlys, <br /> Moi qui ai travaillé dans l’industrie automobile, il n’aurait pas fallu que l’on travaille ainsi pour monter les R-16. Quant au stockage du matériel dans la ville j’aurai bien voulu voir tous ces véhicules rouler en ville, ce devait être assez spectaculaire. Et je ne suis pas certain que tous les parcs où étaient ces engins aient été photographiés, alors t’imagines…<br /> Bonne soirée Niavlys.<br />
G
Belle iconographie que je ne connaissais pas ! Et dire que la base américaine du Havre était une petite par rapport aux autres bases américaines. On y voit le sens pratique américain à l'oeuvre encore amplifié à la seconde guerre. Concernant les camions, 71 l au cent c'était le contenu du réservoir de mon espace.
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E
Je reviens commenter : c'était une gigantesque fourmilière dans le port à l'époque ! Cette note est bien documentée et j'ai appris beaucoup car je n'avais jamais vu de reportage là-dessus. Merci pour les voeux du réveillon, en fait on a fait le repas hier dimanche, avec ma fille, ma petite fille et mon arrière petite fille qui a 2 ans et demi, mon fils et moi. Car ma fille travaille dans une association d'handicapés comme auxiliaire de vie et les handicapés ont besoin de présence et d'aide même les jours de fêtes. Donc ma fille a travaillé ce jour de NOEL. Bonne pause pour vous. Après les fêtes c'est bienvenu de faire relâche un peu.
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E
Je suis bien en retard ,Dan :l'ensemble de ces photos de la base Américaine ,pour la 1ère guerre mondiale est vraiment superbe ,comme le 1er article que tu as fait . Encore un grand merci ,et un bon Noël ce jour pour toi ,Marie Jo , et toute la famille
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E
Bonsoir, je repasserai demain lire ce long article. Bon réveillon, bon Noël !
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A
Bonsoir Dan,<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne pensais pas que tu ferais quelque chose aujourd'hui, j'ai regardé "par hasard" et tu es fidèle au poste même en ce jour de fête !<br /> <br /> <br /> <br /> Article très fouillé avec de surprenantes photos avec pour finir "l'armistice est signé" !<br /> <br /> <br /> <br /> Passe un bon réveillon et un joyeux Noël cher Dan !
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A
Bonjour Dan,<br /> <br /> Un grand bravo pour ce travail d'inventaire. Les Américains ont particulièrement brillé avec la logistique mise en place et leur organisation pour relier les différents ports de débarquement sur les côtes, depuis les dépôts jusqu'aux terrains d'opération où les "Sammies" on été déployés dans l'est de la France.<br /> <br /> Mais je veux apporter une précision quant aux avions débarqués au Havre. Il s'agit d'avions britanniques (DH4 De Havilland ) car les USA n'ont fabriqué eux-mêmes AUCUN avion avant la fin de la guerre (hormis des hydravions légers de surveillance maritime). <br /> <br /> En fait l'armée US était embryonnaire. Leur Air Service, insignifiant avant 1917, est monté en puissance progressivement, les 1500 pilotes disponibles à fin 1918 ont tous été formés chez les Britanniques et chez les Français et les avions qu'ils ont utilisés sont les britanniques DH4 et Sopwith , les français Bréguet, Salmson, SPAD, Neuport. A noter que même le moteur d'aviation ''Liberty'' de conception US n'avait pas fini ses essais lors de l'Armistice.<br /> <br /> En réalité il y avait eu un quiproquo lors de l'entrée en guerre des USA: les Français attendaient le renfort de la puissance industrielle des USA (alors même que les USA ne produisaient pas d'armement avant 1917) quand les Américains espéraient un transfert de technologie venant des usines françaises pour rattraper le niveau. <br /> <br /> Quand est arrivé l'Armistice ce retard était en bonne partie comblé. Et la montée en puissance ne s'est plus démentie.
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C
Bel article richement illustré !<br /> <br /> Bravo et merci pour ce partage.<br /> <br /> Bonnes fêtes de fin d'année.<br /> <br /> C&B
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J
Bravo pour ce travail de recherche, tout un pan de notre histoire locale que je ne connaissais pas!
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G
Bonjour Dan,<br /> <br /> Des photos extraordinaires tant par leur qualité que par leur rareté.<br /> <br /> Mais dis-moi, ce marché noir de revente de véhicules, n'est-ce pas le départ de l'affaire Seznec ?<br /> <br /> Je te souhaite un joyeux Noël, à toi et Marie Jo
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P
Grand merci pour ce pan d'histoire havraise de la 1ère guerre mondiale. <br /> <br /> <br /> <br /> Meme si je ne laisse quasiment jamais de comm, je lis cependantles articled , et j'en profite pour te souhaiter de belles fêtes de fin d'année .<br /> <br /> Paco
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F
Désolé pour le doublon, vu qu'il y a eu un plantage je pensais que le 1er message n'était pas publié...
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F
Bonjour Dan,<br /> <br /> Quelles images formidables et ce montage des camions (tu imagines bien comme ça me plait ça !) dehors dans la boue, c'était toujours moins pire que le front mais quelles conditions !<br /> <br /> Et que sont ils devenus ces camions et les trafic et marché noir qu'ils ont générés, que d'histoires passionnantes à découvrir. Sais-tu si il y a des écrits à ce sujet ?<br /> <br /> Merci encore et joyeux noël.<br /> <br /> "FF"
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L
Que de pépites dans tes archives, mon cher Dan ! Massillon et son parking improvisé pour véhicules en partance, j'avoue....il fallait la dégoter celle-là! <br /> <br /> Je te souhaite ainsi qu'à tes fidèles lecteurs, un excellent Noël.
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F
Bonjour Dan,<br /> <br /> Formidables ces images, et le montage des ces camions dehors dans la boue. (tu imagines bien comme ça me plait ça ! ) J'aimerai bien en savoir plus sur ce qu'ils sont devenus, le marché noir et les trafics générés après qui ont du générer de sacrés histoires.<br /> <br /> Très bon noël.<br /> <br /> "FF"
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L
Bravo je ne dirai jamais assez combien vos articles sont super et si bien documentés que l'on croirait que c'était hier bravo aux artistes de la photo et à vous pour tout. Joyeux Noël Joyeuses fêtes à tous <br /> <br /> Mireille
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F
Bonjour Dan et Nicéphore,<br /> <br /> Des photos exceptionnelles ! On a l'impression d'y être.<br /> <br /> Je souhaite à chacun un joyeux Noël , une excellente nouvelle année et surtout une bonne santé.<br /> <br /> FAH
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M
Bonjour Daniel,<br /> <br /> Un article très copieux et une belle source iconographique (US). Bravo !<br /> <br /> J'ai remarqué une chose dans les photos (sans forcément en tirer de conclusions, car je ne peux me replacer dans le contexte du début du XXe siècle) : Les manutentionnaires qui déchargent les marchandises sont majoritairement des Afro-Américains. Ceux qui remontent les Trucks sont des Blancs...<br /> <br /> Cependant, tu devrais te plaindre à ton patron : te faire travailler, à ton âge, un dimanche, et la veille de Noël de surcroît, ca ressemble bigrement à de l'esclavage !<br /> <br /> Bonnes fêtes, mon ami et à bientôt pour la suite de nos aventures !
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