Il était une fois, la rue de Paris au Havre. 4
Le "Bout rond"
On ne peut évoquer la rue de Paris sans y associer le « Bout Rond ». C’est le surnom que les havrais ont donné au bâtiment avec sa façade arrondie, situé à l’extrémité des rues d’Estimauville et de Paris.
En 1818 ce n’était encore qu’une maison en bois propriété de l’abbé Cordier. Une gravure la représente sur la place d’armes non loin du Logis du Roi.
Le premier « bout rond » (flèche rouge) à côté du Logis du Roi (point bleu). AMH 7Fi0063.
En 1821 c’est la propriété de l’horloger Bernard. Mais la maison est si vétuste qu’il envisage de la reconstruire. Cependant une obligation lui est imposée, faire la façade en pierre de taille. Le maire André Begouen-Demeaux comprenant le surcroit de dépense pour l’horloger, lui accorde gratuitement une portion de terrain supplémentaire pour construire ce qui deviendra « Le bout rond ».
En 1852 il devient le magasin de confection « Au Bon Pasteur ».
Le bout rond « Au bon Pasteur » à la fin du XIXème siècle Collection Particulière. Extrait du dessin de Jean-Marin Lemarcis montrant le terrain cédé (en rose) à l’horloger Bernard. La couleur rouge indique le réalignement sur les immeubles attenants. AMH FCO1.
Puis en 1864, le magasin est remplacé par un bureau de Poste, celui du service maritime.
Le « Bout Rond » au début du XXème siècle © Michel Fouquet.
La guerre
En 1940 les allemands arrivent au Havre provoquant « la débâcle ». Les havrais fuient la ville en laissant sur place leur automobile. Le « bout rond » en est le témoin. Les photos de la collection François Pivert expriment bien cette déroute.
Deux photos résumant le sauve-qui-peut de 1940. Collection François Pivert.
Curieusement autant les deux photos précédentes expriment l’affolement, autant celle-ci-dessous, pourtant prise le même jour, exprime la vie reprenant ses droits.
Malgré la détresse la vie continue. © François Pivert.
Les voies dégagées, l’occupant pourra se promener sans contrainte dans Le Havre et notamment dans la rue de Paris.Les allemands devant le monument de la Victoire, appellation quelque peu ambiguë dans ces circonstances. © Michel Fouquet.
Certains soldats se laisseront photographier par les Havrais comme celui-ci rue de Paris devant les ruines du magasin « Les nouvelles Galeries ». Photo collection Pascal Alinand.
Rue de Paris, un soldat allemand (désigné par la flèche rouge) prend la pose pour le photographe et se met au garde à vous. © Pascal Alinand.
La rue de Paris subit des bombardements quasi journaliers de 1941 à 1944. Les photographies sont nombreuses présentant cette artère touchée par les bombes tombées « au hasard », sans objectif militaire précis.
Malgré tout, là aussi la vie continue, c’est ce que l’on peut constater avec la photo ci-dessous prise dans la rue de Paris avec le magasin « Les nouvelles Galeries » détruit entouré de palissades.
Les badauds regardant une vitrine où les marchandises se faisaient de plus en plus rares. © François Pivert.
Suite la semaine prochaine.
Sources : L’habitat disparu du Havre. Aline Lemonnier-Mercier. Edition PURH 2018.
Le Havre 1940-1944. Jean Paul & Jean-Claude DUBOSQ. Imprimerie de la petite presse 2006.
Crédits photos et plan :
François Pivert.
Collection Michel Fouquet.
Archives Municipales du Havre.
D’un côté un berger allemand et son pastis, de l’autre un bulldog anglais qui fume le cigare entre deux un Goé toujours aussi impertinent !
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